Air France-KLM étudie le report du projet d'acquisition d'Alitalia

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  498  mots
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Le groupe français qui possède 25% de la compagnie transalpine discute avec les actionnaires italiens qui détiennent le reste du capital pour pouvoir décaler à 2014, voire 2015, l'opération de prise de contrôle autorisée en 2013 dans le pacte d'actionnaires. En cause la faiblesse de l'action d'Air France-KLM qui veut procéder par un échange de titres.

Nouveau rebondissement dans l'histoire agitée du rapprochement d'Air France-KLM et Alitalia. Selon nos informations, Air France-KLM, actionnaire à hauteur de 25% de la compagnie transalpine, discute avec les industriels italiens, qui détiennent le reste du capital, pour reporter l'opération de prise de contrôle d'Alitalia par le groupe français, autorisée en 2013 dans le pacte d'actionnaires. Le groupe, dirigé par Jean-Cyril Spinetta, qui souhaite racheter Alitalia par le bais d'un échange d'actions, veut décaler l'opération à 2014, voire à 2015.

L'action Air France-KLM flirte avec les 3,5 euros

Outre la situation d'Alitalia qui n'a toujours pas atteint l'équilibre économique, le principal problème réside dans la faiblesse de la valeur de l'action d'Air France-KLM, qui flirte depuis des mois avec les 3,5 euros. Du coup, le groupe vaut en Bourse à peine plus d'un milliard d'euros. Avec un tel niveau et alors qu'Alitalia (non coté) possédait encore 700 millions d'euros de capital en début d'année, un échange de titres aurait pour conséquence de donner un poids exorbitant aux industriels italiens dans le capital d'Air France-KLM, alors que la compagnie transalpine et ses 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires pèse 7 fois moins que le groupe français (plus de 24,36 milliards d'euros de chiffre d'affaires).

Le rebond de l'action est lié au redressement d'Air France

Or, de l'avis des spécialistes, pour qu'Air France-KLM puisse lancer l'opération, il faudrait que son cours grimpe au moins jusqu'à 10 euros pour qu'il y ait une dilution raisonnable des actionnaires actuels dans son capital. Une perspective directement liée à la réussite du plan de restructuration d'Air France. Même si la direction parvenait à arracher d'ici à fin juin un accord des syndicats sur le plan de baisse de coûts, tout décollage de l'action n'est pas
attendu avant fin 2012, au mieux. Un peu tard pour lancer dans la foulée une opération aussi stratégique.

Or, si les grands industriels ont la capacité d'attendre avant de vendre leurs titres, certains des plus petits seraient plus impatients. Aussi, les parts de ces minoritaires pourraient, elles, être rachetées par Air France-KLM ou par d'autres investisseurs.

Dans le pacte, la fenêtre de tir va de janvier à fin octobre 2008

Signé en janvier 2009, le pacte d'actionnaires rend possible la prise de contrôle d'Alitalia par Air France entre le 13 janvier 2013 et le 28 octobre 2013. Durant cette période, en effet, tous les actionnaires d'Alitalia peuvent se céder des actions. Au-delà, la vente à des tiers est possible. Un schéma concocté en 2009 par Silvio Berlusconi, qui avait poussé une quinzaine d'industriels italiens (Riva, IMSII, Banca Intesa, Benetton, ...) à investir dans la nouvelle Alitalia pour en conserver le pavillon italien. Ces derniers, qui n'ont aucune vocation à rester dans le transport aérien, voulaient avoir la possibilité de céder en 2013 leurs participations à un coactionnaire. Sans l'écrire ouvertement dans le pacte, l'idée était de permettre à Air France-KLM, qui avait échoué en 2008 à acheter 100% du capital d'Alitalia, d'en prendre le contrôle cinq ans plus tard.