Air France promet des licenciements secs si les syndicats ne signent pas le plan d'économies

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  800  mots
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Après avoir annoncé ce jeudi son intention de réduire ses effectifs de 5.122 personnes sans licenciements, la direction présentera jeudi prochain le contenu des accords collectifs qui vise à augmenter l'efficacité économique de 20% de l'entreprise. En cas de non signature des syndicats, Air France annonce d'ores et déjà qu'elle ne pourra éviter les départs non volontaires.

Le plus dur commence pour Air France. En présentant ce jeudi au Comité central d'entreprise (CCE) son intention de réduire ses effectifs de 5.122 personnes d'ici à fin 2013 sans licenciements, la direction a fait le plus facile. Commence une semaine de négociations avec les syndicats pour trouver un terrain d'entente sur la révision des accords collectifs, lesquels visent à augmenter l'efficacité économique de l'entreprise de 20%. Ceci par le biais d'une hausse de productivité et d'un recours accru à la flexibilité du personnel. Jeudi prochain en effet, se tiendra un nouveau CCE, où sera présenté aux délégués syndicaux, le contenu des accords. Ces derniers seront soumis à signature courant juillet.

Vont-ils signer ? Quelles sont les conséquences si tous les syndicats, ou certains d'entre eux, refusent ? Comment vont réagir les salariés quand ils vont découvrir l'ampleur des efforts individuels à fournir pour redresser la compagnie ? Ce sont tous les enjeux pour la compagnie pour les jours et semaines à venir.

Le référendum risqué du SNPL

Chez les pilotes, les travaux entre la direction et le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), se terminent. Pour la direction, la négociation est plus facile, car avec le SNPL, elle est confrontée à un seul syndicat ultra majoritaire (+70% des voix). Pour rappel, pour qu'un accord soit valide, il doit être signé par un ou plusieurs syndicats représentant 30% des suffrages. « Si la direction propose un avenir clair, nous signerons », explique t-on au SNPL. Encore faut-il que la base suive. Le syndicat demandera aux pilotes de se prononcer sur le texte par référendum. Ce n'est pas non plus gagné. C'est même très risqué. L'an dernier, le vote des pilotes sur les bases provinces était passé de justesse. Ce jeudi, le SNPL a déploré les annonces de la direction de ce matin. Le syndicat demande à ce que les pilotes bénéficient eux aussi du dispositif d'aides au départ.

La direction veut faire le point au deuxième semestre 2013

Au sein du personnel au sol, la prudence est certes de mise, mais pour l'heure les quatre syndicats qui avaient signé fin mars le protocole d'accord sur la méthodologie avec la direction (CFDT, FO, CFE-CGC, Unsa) penchent plutôt pour une signature. « Même si ce n'est pas gagné, il ne faudrait pas que les mains tremblent au moment de signer », explique un bon connaisseur de la question syndicale à Air France. Pour l'heure, en réaction aux annonces de ce matin, la CFDT et la CFE-CGC demandent la garantie de l'emploi, non pas jusqu'en 2013, mais jusqu'en 2015. En effet, le PDG d'Air France, Alexandre de Juniac entend faire un point au deuxième semestre 2013 pour voir quelles mesures prendre pour l'année 2014. C'est ce qu'il aurait dit aux cadres, réunis cet après-midi, selon l'un d'entre eux.

Le cas très compliqué des PNC

Reste le cas épineux des personnels navigants commerciaux (PNC). C'est le cas le plus complexe et la direction craint d'ailleurs un échec. Pour obtenir les 30% des voix nécessaires à un accord, il faut que deux des trois syndicats représentatifs signent le texte. L'Unac est plutôt favorable, l'Unsa est contre, et le SNPNC est partagé. Ce dernier, qui se déchire en interne, fera donc pencher la balance. 

Le cas du personnel de cabine est en effet un peu particulier dans la mesure où leur accord collectif actuel court jusqu'à mars 2013. Mais en ne signant pas fin juin, ils risquent de devoir négocier des conditions plus dures ultérieurement. Voire se les faire imposer de manière unilatérale s'ils ne parvenaient pas à signer un accord avant mars 2013.« Si tous les syndicats de toutes les catégories professionnelles ne signent pas, c'est foutu », explique un syndicaliste.

Le "plan B" qui inclut des licenciements

Pour signer, les syndicats ont-ils bien en tête le plan alternatif en cas de non signature ? Si ce n'était pas le cas jusqu'ici, la direction leur a rappelé :  Le périmètre de l'entreprise et de l'emploi ne seront plus garantis. « Compte tenu de l'impact des nécessaires réductions d'activité et de fermetures de lignes, les départs non volontaires ne pourraient alors être évités », a écrit noir sur blanc Air France dans son communiqué. Autrement dit, la direction serait contrainte de dénoncer les accords et d'attendre 15 mois comme l'impose la loi pour en renégocier d'autres. Ce calendrier ne ferait que dégrader la situation financière de la compagnie, qui ne pourrait que durcir ses mesures d'économies : . fermetures des lignes déficitaires (elles le sont quasiment toutes), licenciements...

Dans l'hypothèse de ce plan B, il y a un paramètre important pour les navigants: le financement de leur caisse de retraites (la CRPN) serait menacé.