L'Unsa demande au PDG d'Air France d'organiser un référendum sur la restructuration

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  465  mots
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Divisé sur la question de la signature d'un accord avec la direction, le syndicat renvoie la patate chaude à la direction en lui demandant de lancer une consultation générale auprès de l'ensemble des salariés de la compagnie. C'est le monde à l'envers avec le référendum de Christian Blanc en 1994 qui visait à contourner l'hostilité des syndicats à son plan de restructuration. Sans surprise, la CGT ne signera pas le plan de la direction.

Grosse incertitude autour du plan de restructuration d'Air France. Alors que le projet industriel finalisé (il ne le sera pas) doit être présenté demain en Comité central d'entreprise (CCE), pour une mise à signature au 6 juillet, la confusion règne au sein de certains syndicats. Notamment à l'Unsa Aérien qui demande à la direction d'organiser un référendum. Dans une lettre, que La Tribune s'est procurée, envoyée au PDG d'Air France Alexandre de Juniac, ce syndicat écrit : « avant de nous engager sur la signature éventuelle d'un accord, nous vous demandons d'organiser une consultation de tous les personnels de l'entreprise en contrepartie de laquelle nous tiendrons compte du choix qui aura été fait par les salariés ».

Les mécaniciens sont hostiles

En gros de faire comme Christian Blanc en 1994 qui avait procédé de cette façon pour appliquer son plan de redressement. A la grande différence qu'à l'époque, Christian Blanc avait cherché à contourner l'hostilité des syndicats alors qu'aujourd'hui, la demande émane d'une organisation qui renvoie la patate chaude à la direction (qui a jusqu'ici toujours écarté cette hypothèse) car elle se rend compte qu'elle est très divisée sur cette question. En effet, selon plusieurs sources syndicales, l'Unsa est confrontée (pour les personnels au sol) au refus des mécaniciens du plan de restructuration qui prévoit plus de 5000 suppressions de postes et des gains de productivité. Pour la partie PNC (hôtesses et stewards), le rejet du plan semble au contraire faire l'unanimité.

Les négociations avec la direction ne sont pas finies

A celà, s'ajoutent aussi les différents référendums organisés par certains syndicats auprès de leurs adhérents. Le SNPL, le syndicat national des pilotes de ligne en a prévu un, l'Unac, le SNPNC, chez les hôtesses et stewards aussi. Mais il est reporté « car la négociation n'est pas finie », dit-on au sein du SNPNC. Au sol, plusieurs syndicats comme la CFDT devraient aussi consulter leurs adhérents. Quant à la CGT, sans surprise elle ne signera pas le texte.


Ce qui rend forcément incertaine les signatures des accords. Pour rappel, pour qu'un accord soit valide, il faut qu'il soit signé par un ou des syndicats disposant plus de 30% des voix et qu'il ne soit pas contesté par un ou des syndicats représentant plus de 50% des suffrages.

La menace du plan B

Si la direction ne parvient pas à obtenir les signatures des syndicats, un plan B se mettra en place. Les accords collectifs seront dénoncés (sauf celui des personnels navigants commerciaux qui court jusqu'en mars 2013) et les conséquences sociales seront plus lourdes. Les suppressions de postes seront supérieures au 5000 prévues et passeront (au-delà des départs volontaires) par des départs contraints.