Le gouvernement recule face à la forte mobilisation des taxis

Par latribune.fr  |   |  596  mots
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A l'issue d'une réunion au ministère de l'intérieur, l'intersyndicale a demandé la levée de la grève des taxis, fortement suivie. Le gouvernement va organiser trois réunions avant la fin janvier afin de dissiper plusieurs points de désaccords.

La forte mobilisation des taxis aura payé. Le gouvernement a accepté d'ouvrir une large concertation et a suspendu les projets de réformes qui avaient suscité la grogne. En sortant d'une réunion au ministère de l'intérieur, les représentants des artisans-taxis ont ainsi annoncé avoir obtenu le gèle de l'article 44 de la loi de financement de la Sécurité Sociale relative au transport de malades en taxi. Ils ont également obtenu du ministère de l'artisanat, une réforme du code du tourisme concernant les véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) et les motos-taxis.

Il faut dire que jamais depuis 2008, les taxis n'ont été aussi mobilisés.Sur les 55.000 taxis, ils ont été très nombreux à répondre à l'appel à la grève lancé par l'intersyndicale (FTI 75, CFDT, CFTC, FO, Gescop, UDTP), à laquelle se sont associées les fédérations (FNTI, FNAT, FFTP et FNDT).

Les appels d'offres du transport médical

Parmi les changements initialement prévus par le gouvernement, c'est en effet la mise en place d'appels d'offres pour le transport des malades qui était dans le viseur des fédérations. Avec une telle réforme, les fédérations craignaient que les taxis indépendants ne fassent pas le poids face aux grands groupes de transports, comme Veolia par exemple. Les taxis risqueraient alors de se retrouver exclus de cette activité.  Une crainte qui existerait "surtout en province", d'après Emmanuel Seeberger, vice-président de la Chambre syndicale des artisans taxi (CSAT), selon lequel 10.000 chauffeurs pourraient ainsi "se retrouver sans emploi". Et pour cause, en zone rurale, le transport médical peut représenter jusqu'à 90% du chiffre d'affaires d'un taxi. Pour rappel, jusqu'à présent, trois acteurs se partageaient le marché : les ambulances (37%), les taxis conventionnés par l'assurance-maladie (31%) et les véhicules sanitaires (23%).

La concurrence déloyale des motos-taxis et VTC

Mais ce n'est pas tout. Les taxis redoutent également la concurrence des motards-taxis et des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC). Car bien qu'étant des concurrents directs, ceux-ci ne sont pas soumis à la même règlementation. C'est pourquoi, pour l'intersyndicale, ces motos-taxis et VTC représentent une "concurrence déloyale autorisée par les pouvoirs publics et ne respectent aucune règle". D'où la volonté de réformer de la loi de juillet 2009 qui encadre ces activités et un moratoire pour les sociétés qui auraient déjà l'autorisation d'exercer.  En effet, certaines voitures de tourisme avec chauffeur semblent ne pas jouer le jeu. Celles-ci ne sont censées répondre qu'à des réservations. Mais dans les faits, beaucoup de chauffeurs acceptent des clients "à la volée".

Déréglementation de la profession

En 2008, le très décrié rapport Attali  (voir plus bas) préconisait la déréglementation de la profession et son ouverture à la concurrence. "L'augmentation de l'offre de taxis améliorera par exemple l'attractivité de la France pour les touristes et facilitera les déplacements professionnels", pouvait-on lire à la page 158 de l'étude. Le rapport s'appuyait également sur l'exemple de Londres et New York, des villes "qui comptent le même nombre de taxis qu'à Paris", mais où les voitures de "petite remise" (VPR) "permettent de répondre à la demande".

Autre problème notoire, de nombreuses start-ups fleurissent, à l'instar de l'américaine Uber, proposant des applications de réservation de taxis. Or, certaines semblent s'affranchir des règles imparites à la profession, comme le fait de détenir une licence. Ce qui pose un sérieux souci de concurrence déloyale pour les artisans du secteur.