Air France-KLM : du mieux, mais peut mieux faire

Par Michel Cabirol  |   |  905  mots
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Les profondes mesures de restructuration mises en oeuvre depuis un an et demi chez Air France-KLM se sont traduites par des résultats en nette amélioration au deuxième trimestre 2013, le groupe affichant même un bénéfice d'exploitation.

Air France-KLM en altitude de croisière, c'est pas encore gagné. Mais le deuxième trimestre a apporté à la compagnie tricolore quelques signes prometteurs pour qu'elle espère un jour revenir à des altitudes standards. C'est le cas pour son résultat d'exploitation courant, qui est passé dans le vert au deuxième trimestre 2013. Le groupe a dégagé un bénéfice d'exploitation de 79 millions d'euros (contre une perte de 79 millions un an plus tôt), ce qui, "pour un deuxième trimestre, est une première depuis cinq ans", s'est réjoui le PDG Alexandre de Juniac.

Air France-KLM est également parvenu à réduire sa dette de 630 millions d'euros au cours du premier semestre. Elle s'établissait fin juin à 5,3 milliards d'euros. Mais la compagnie a néanmoins perdu de l'argent au premier semestre, avec un résultat net négatif de 793 millions d'euros (contre 1,2 milliard un an plus tôt), pour un chiffre d'affaires de 12,3 milliards, en hausse de 1,3 %.Des résultats encourageants mais le chemin pour redresser Air France-KLM sera encore très long. Et ils devront être confirmés sur toute l'année d'autant que le deuxième et encore plus le troisième trimestre, sont des trimestres où les compagnies engrangent le gros de leurs bénéfices annuels.

Pour autant, "l'amélioration significative de nos résultats est en très grande partie le résultat de la mise en oeuvre du plan (de restructuration) Transform", a estimé Alexandre de Juniac, qui a rappelé que "trimestre après trimestre, depuis un an, nos résultats s'améliorent en dépit d'un environnement dégradé. Ainsi, la direction a réussi à baisser de 2,2 % le coût unitaire, soit un gain de 270 million pour le résultat d'exploitation semestriel (- 451 millions).

Des mesures complémentaires

Cette réduction du coût unitaire est avant tout le fruit de la suppression de 5.122 postes dans le cadre du plan Transform 2015, dont la mise en oeuvre est "parfaitement respectée". En deux ans, entre juin 2011 et juin 2013, les effectifs du groupe sont passés de 106.300 à 100.700 (intérimaires compris), soit une réduction de 5,3 % ou 5.600 personnes. La suppression des augmentations générales de salaires au sein du groupe a également participé à la baisse des coûts unitaires. L'objectif de baisse des coûts annuels de personnels est évalué à 200 millions d'euros en 2013, afin de les ramener à 7,6 milliards d'euros (contre 7,8 milliards en 2012), et doit atteindre 400 millions en 2014 (7,4 milliards). En outre, le groupe continue de réduire au maximum ses investissements et ses capacités (- 4,2 % au deuxième trimestre, dont - 18,3 % dans le cargo). Ce qui faire dire à Alexandre de Juniac que "le plan Transform fonctionne".

Mais Air France-KLM va mettre en oeuvre au 1er janvier 2014 des mesures complémentaires pour redresser la compagnie. Alexandre de Juniac a déploré des recettes inférieures aux prévisions et un redressement des activités moyen-courrier et cargo moins rapide que prévu. Le groupe avait essuyé une perte de 800 millions l'an passé pour le seul réseau court et moyen-courrier, dont l'essentiel provient d'Air France. Le dispositif concernera "des mesures de départs volontaires, du temps partiel et des congés sans solde ainsi que des décisions industrielles et commerciales", précise le groupe qui a préparé les esprits à cette échéance automnale depuis plusieurs mois. Alexandre de Juniac a annoncé vendredi qu'un Comité central d'entreprise d'Air France se tiendrait mercredi prochain pour discuter notamment du sureffectif dont il n'a pas voulu dévoiler l'ampleur. Alexandre de Juniac annoncera l'ampleur de ces mesures comminatoires à l'automne 2013.

Les bases en province souffrent

Air France souffre de la vive concurrence des compagnies à bas coûts sur le réseau court et moyen-courriers. Pour les contrer, Air France a mis en place des bases en province à Marseille, Nice et Toulouse qui permettent de "poster" des avions et des personnels pour augmenter leur productivité. La direction a déjà réduit de 14 % les capacités des bases de province. Mais dès le printemps, la direction avait fait savoir que ces bases ne produisaient pas de résultats suffisants.

Le réseau court et moyen-courrier de KLM sera lui épargné par les nouvelles mesures. "KLM a fait de bonnes performances sur le court et le moyen-courrier dont nous tirons des enseignements importants. Ceci nous permet de dire que ce (le court et moyen-courrier) n'est pas une cause perdue", a commenté Alexandre de Juniac. Dans l'activité cargo, le groupe va encore réduire ses capacités (déjà - 4 % sur le premier semestre), abandonnant de plus en plus les avions tout cargo - deux appareils vont être retirés à l'été et un autre sera restitué à son loueur - au profit du fret en soute.

Air France étudie enfin une nouvelle répartition des vols au sein de ses marques, comme Hop! - fusion des compagnies régionales lancée en avril - et la compagnie à bas coûts Transavia, a déclaré Frédéric Gagey, qui a succédé à Alexandre de Juniac à la tête d'Air France début juillet. "L'idée que Transavia puisse devenir un des vecteurs de croissance du groupe est quelque chose que nous regardons avec pas mal d'intérêt", a-t-il dit, citant les coûts inférieurs de Transavia comparés à ceux d'Air France. Transavia France a enregistré une hausse de 27 % de son chiffre d'affaires au premier semestre, grâce à trois avions supplémentaires.