MH370, comment les enquêteurs ont conclu au crash du Boeing de Malaysia Airlines dans l’océan

Par latribune.fr  |   |  1075  mots
Le vice-président d'Inmarsat, opérateur britannique de satellites dont les données ont permis lundi de conclure au crash dans le sud de l'océan indien du B777 de Malaysia Airlines, disparu le 8 mars, a expliqué le mode opératoire utilisé.

Le vice-président d'Inmarsat, opérateur britannique de satellites dont les données ont permis lundi de conclure au crash dans le sud de l'océan indien du B777 de Malaysia Airlines, disparu le 8 mars, a expliqué lundi sur Sky News le mode opératoire utilisé.

Ce lundi Malaysia Airlines a annoncé qu'Inmarsat et le AAIB (Bureau britannique d'enquête sur les accidents aériens) "ont conclu que le MH370 a volé dans le couloir sud et que sa dernière position se trouvait au milieu de l'océan Indien".

Bips

Pour arriver à ces conclusions, "nous avons pris en compte la vitesse du pilote automatique -environ 350 noeuds- et ce que nous savions en termes de carburant et d'autonomie de l'avion pour arriver jusqu'à une série de bips que nous recevions", a expliqué le vice-président d'Inmarsat.

Bien que les systèmes de communication du vol MH370 aient été éteints, les satellites Inmarsat ont continué de capter toutes les heures des "bips" en provenance de l'avion.

Ces bips sont envoyés d'une station terrestre jusqu'au satellite puis vers l'avion qui renvoie automatiquement un « bip » en sens inverse. Inmarsat a mesuré le temps mis par ces bips entre l'avion et le satellite.

"Nous avons observé l'effet Doppler qui est le changement de fréquence dû au mouvement du satellite sur son orbite", a-t-il expliqué. "Cela nous a donné une trajectoire possible pour le couloir nord et une autre pour le couloir sud". "Nous avons réuni les données des Boeing 777 de la Malaysia Airlines, nous les avons modélisé et les avons comparé avec les données du couloir sud et du couloir nord et nous avons découvert que le couloir sud est sans aucun doute possible celui qui a été emprunté", a-t-il expliqué sur la BBC.

"Normalement, vous chercher à trianguler les données et souvent vous avez le GPS. Mais parce que les avions dans cette région n'envoient pas de signaux de leur localisation, nous avons travaillé à l'aveugle", a-t-il ajouté sur Sky News.

Un dollar de l'heure

Il a également estimé qu'il était "techniquement possible dès aujourd'hui" d'éviter ce genre de disparition en faisant envoyer par les avions toutes les 15 minutes, ce qui coûterait "un dollar de l'heure", "des messages de type SMS avec l'heure, la vitesse, la distance et la position".

Cette annonce dramatique conclut 17 jours d'angoisse pour les proches des 239 personnes présentes à bord du Boeing, dont 153 Chinois et quatre Français. Elle ne répond pour autant à aucune interrogation quant au scénario ayant précipité le Boeing dans cette région inhospitalière.

La Navy envoie un système de localisation de boîtes noires

La marine américaine a annoncé lundi matin avoir dépêché un système de localisation de boîtes noires dans la zone où se concentrent les recherches sur d'éventuels débris du vol MH370 du Boeing de Malaysia Airlines. Il s'agit d'une "mesure de précaution", a indiqué dans un courriel le commandant William Marks, porte-parole de la VIIe flotte américaine.

"Si un champ de débris est confirmé, ce système tracté TPL-25 (Towed Pinger Locator System) constituera un atout supplémentaire pour tenter de localiser les boîtes noires" du MH370, disparu le 8 mars dernier avec 239 personnes à bord, a-t-il ajouté.

Selon l'officier, le TPL-25 est capable de repérer ces boîtes noires par 6.000 mètres de fond au maximum, en captant leur signal acoustique.

L'US Navy insiste sur le fait que l'envoi sur zone du système ne constitue pas une quelconque confirmation de la découverte de l'appareil, après l'annonce durant le week-end du repérage par un satellite français de possibles débris du MH370 dans le sud de l'océan Indien. Ce lundi,

"C'est une mesure de précaution en vue de prépositionner un équipement et des personnels près de la zone, si jamais des débris sont effectivement trouvés", précise le commandant Chris Buddle dans le même message.

Un drone sous-marin de type Bluefin 21, sorte de torpille autonome équipée d'un sonar, a également été dépêché à Perth en Australie par précaution, selon le contre-amiral John Kirby, porte-parole du Pentagone. Le drone et le détecteur de boîte noire ont quitté New York par voie aérienne lundi avec 10 personnes.

Ils seront embarqués le cas échéant à bord d'un navire australien, le SeaHorse Standard, si une zone de débris suffisamment restreinte peut être délimitée. Les deux systèmes ne peuvent parcourir que des distances limitées en raison de leur lente vitesse d'évolution, comprise entre 1 et 5 noeuds.

Trop tôt pour lancer des recherches sous-marines

Le bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) français a estimé qu'il était prématuré de lancer des recherches sous-marines pour tenter de localiser l'avion, soulignant que le préalable était de définir une zone de recherches "plus restreinte".

"Il convient de noter que les informations disponibles aujourd'hui conduisent à effectuer des recherches en surface afin d'identifier des débris repérés dans le sud de l'Océan indien dans des zones extrêmement vastes qui ne permettent pas, à ce stade, d'envisager des recherches sous-marines", selon le BEA, qui avait dépêché trois enquêteurs à Kuala Lumpur.

"Une phase sous-marine pour tenter de localiser l'avion du vol MH 370 ne pourra être lancée que si les actions en cours permettent de définir une zone de recherches plus restreinte que les zones de recherche actuelles", ajoute le BEA.

Il précise par ailleurs que ses enquêteurs, qui avaient été dépêchés sur place, étaient revenus de Kuala Lumpur "ce week-end". "Au cours de leur semaine de travail aux côtés de leurs homologues américain et anglais, ils ont fait part aux autorités malaisiennes de leur expérience dans l'organisation de recherches sous-marines acquise notamment lors des recherches de l'épave de l'avion du vol AF447 Rio Paris entre 2009 et 2011", poursuit-il. "Ils ont ainsi pu conseiller leurs interlocuteurs sur les moyens à mobiliser si des phases de recherches sous-marines devaient être lancées pour retrouver le Boeing 777".

Il avait fallu 23 mois aux enquêteurs du BEA pour localiser l'épave de l'Airbus A330 d'Air France qui s'était abîmé dans l'Atlantique au large des côtés brésiliennes. Les boîtes noires avaient été repêchées à 3.900 mètres de profondeur.