Taxis contre VTC : mobilisation à travers toute l'Europe

Par latribune.fr  |   |  677  mots
En France, les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine. (Photo : Reuters)
Les taxis sont entrés en grève dans les principales villes européennes. Ils craignent la concurrence jugée déloyale des VTC. La contestation est forte en France, malgré un rapport favorable aux taxis rendu par le député Thomas Thévenoud.

Branle-bas de combat en Europe. De Londres à Rome en passant par Berlin et Paris, les taxis protestent mercredi contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeurs (VTC) et en particulier celle faite par la société américaine Uber, récemment valorisée 17 milliards de dollars.

"Uber ne respecte pas de manière délibérée les réglementations en vigueur et ils disposent en plus de moyens très importants", résume Serge Metz, PDG de la centrale française de radio-taxi Taxi G7.

Les aéroports parisiens bloqués

En France, les fédérations patronales sont à l'origine de la contestation de mercredi. Une partie de leurs adhérents doit se rassembler à partir de 6h aux abords des aéroports d'Orly et de Roissy, près de Paris, avant de converger en début de matinée vers la capitale. Le risque de pagaille routière dans la ville et sa périphérie est d'autant plus grand que la manifestation s'annonce concomitante à un autre mouvement de grève, à la SNCF. Les autres villes les plus touchées devraient être Lyon, Marseille et Nice, selon les fédérations de taxis.

La majorité des syndicats en revanche "se désolidarisent de ce mouvement et n'appellent pas à manifester", a déclaré à l'AFP Karim Asnoun de la CGT. "Nous n'appelons pas à cette grève, les centres radio veulent récupérer ce mouvement du 11 juin", fait valoir Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP taxis, pour expliquer cette décision, alors que l'intersyndicale était à l'origine d'un mouvement de manifestation au début de l'année. 

Un mouvement parti d'outre-Manche

Le mouvement de protestation est parti de Grande-Bretagne où les célèbres taxis noirs, qui travaillent pourtant à côté des VTC depuis des dizaines d'années, s'inquiètent du poids croissant pris par la société californienne. Leur crainte est partagée par leurs collègues d'autres pays, qui ont décidé de les suivre et de lancer un mouvement de grève européen, une première.

À Rome, les chauffeurs envisagent de faire une "grève à l'envers" en effectuant les courses au prix maximum de dix euros, afin de s'aligner sur les tarifs de la concurrence, alors qu'en Allemagne, des cortèges sont prévus à Berlin et à Hambourg.

Apaiser les tensions, la mission manquée du rapport Thèvenoud

Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine.

Pour Yann Ricordel, directeur général de la radio-taxi Les taxis bleus, il faut veiller à "établir un niveau de charges équivalent entre les taxis et les VTC", ces derniers en payant moins, et régler la question du stationnement des VTC sur la voie publique dans l'attente de clients, ce qu'ils n'ont en théorie pas le droit de faire. Prendre des clients à la volée relève en effet du privilège des taxis, qui disposent pour cela d'une licence, quand les VTC ne peuvent travailler que sur réservation.

Yann Ricordel s'inquiète aussi de la volonté de permettre en temps réel la géolocalisation des taxis. Pour l'auteur du rapport, le député Thomas Thévenoud, il s'agit de permettre aux clients de pouvoir localiser le taxi disponible le plus proche via son smartphone. Mais les centrales de taxis voient cette mesure comme une menace.

Une inquiétude compréhensible pour les VTC

Les VTC de leur côté s'agacent d'une nouvelle grève des taxis. "L'inquiétude des taxis est compréhensible", estime toutefois Yan Hascoet, PDG de la société Chauffeur privé, qui rejette néanmoins tout amalgame entre "les nouvelles sociétés de VTC qui opèrent dans le plus parfait respect de la loi, et celles qui s'en affranchissent librement".

Pour Dave Ashton, co-fondateur de Snapcar, elle est d'autant plus incompréhensible au niveau français que "le rapport Thévenoud est favorable aux taxis".