Air France, les billets à prix réduits des salariés dans le viseur de la direction

Par latribune.fr  |   |  1127  mots
La direction d'Air France a annoncé jeudi aux syndicats son intention de réduire les "facilités de transport" offertes à ses employés, avec pour objectif un gain de 15 à 20 millions d'euros par an, a indiqué l'AFP en citant des sources syndicales. Un sujet sensible au moment où la direction demande des efforts significatifs aux salariés.

C'est le genre de sujets qui peut mettre le feu au moment de négocier des accords d'économies significatives. La direction d'Air France a annoncé jeudi aux syndicats son intention de réduire les "facilités de transport" offertes à ses employés, avec pour objectif un gain de 15 à 20 millions d'euros par an, a indiqué l'AFP en citant des sources syndicales.

Direction et syndicats doivent négocier durant l'été la mise en application du plan "Perform 2020", lequel prévoit une réduction de la base de coûts de 650 millions d'euros sur trois ans (2015-2017). La redéfinition du temps de travail des navigants est une piste à l'étude.

Interrogée par nos confrères, la direction n'a pas fait de commentaires

Jeudi, les représentants syndicaux et la direction étaient réunis pour un point sur les "mesures d'économie complémentaires" à celles contenues dans le plan "Perform 2020", actuellement en discussion.

Grande diversité de calcul

La question des billets à prix réduits a été abordée à cette occasion, une piste choisie par Air France pour répondre à l'urgence économique.

Xavier Broseta, le directeur des ressources humaines du groupe Air France, a annoncé "une augmentation du prix des billets" pour les employés qui, jusqu'à présent, bénéficient de remises conséquentes, a indiqué à l'AFP une source syndicale.

"Ils ne sont pas entrés dans le détail, on n'arrive pas à voir le prix par billet" qui résulterait d'une telle réforme, car il y a une grande "diversité" de calcul selon les situations personnelles, a relevé cette source. Faisant valoir "une situation financière difficile", Air France a indiqué vouloir parvenir à une économie comprise entre "15 et 20 millions d'euros par an", a précisé le syndicaliste.

Des facilités créées dès les années 40

Créé dans les années 1940, le système des billets GP permet à tous les salariés du transport aérien, membres de l'association internationale du transport aérien (Iata) de voyager sur toutes les compagnies.

En 2008, la réglementation concernant Air France avait été révisée après un accord passé avec le ministère du Transport sous le gouvernement Fillon. En gros, le prix du billet GP ne peut être inférieur à 30% du prix moyen calculé sur une ligne pour ne pas être considéré par l'Ursaaf comme un avantage en nature.

La moitié des PNC habite en province et prend l'avion pour aller travailler

Le sujet est qualifié de "très sensible" par les syndicats de navigants.

Pour l'Unac, une augmentation du prix des billets aurait "un impact supplémentaire chez les PNC [personnels navigants commerciaux, Ndlr]".

En effet, "la moitié habite en province", indique Flore Arrighi, présidente du syndicat. Or, les hôtesses et stewards "prennent un avion pour venir prendre leur service", grâce aux facilités de transport actuellement offertes.

Le SNPL Air France, syndicat majoritaire chez les pilotes, tient le même raisonnement.

"Le billet que vous prenez pour les vacances de temps en temps, ça reste marginal" en matière de pouvoir d'achat, explique Emmanuel Mistrali, porte-parole du syndicat.

Mais l'augmentation "non négligeable" du prix des billets, souhaitée par Air France, posera problème "à tous les collègues qui habitent la province et viennent travailler à Paris", soit "un bon tiers" des pilotes, selon lui.

Nominations

Parallèlement au CE, le groupe Air France-KLM a annoncé une réorganisation de ses activités marketing, digital et communication, regroupées dans "une vraie machine de guerre" destinée à augmenter ses recettes, selon sa directrice adjointe Adeline Challon-Kemoun.

"Ce que nous mettons en place, c'est une vraie machine de guerre marketing pour soutenir nos ventes, pour soutenir notre recette, en particulier notre recette unitaire", a déclaré à l'AFP Mme Challon-Kemoun.

Directrice de la communication d'Air France depuis 2012, elle a été officiellement nommée jeudi directrice générale adjointe "marketing, digital et communication" du groupe franco-néerlandais, bien que le rapprochement de ces activités remonte au début de l'année.

La baisse continue de la recette unitaire (par siège ou par passager au kilomètre), accentuée au printemps, complique le retour à l'équilibre financier du groupe, qui cherche donc à développer ses ventes tout en réduisant ses coûts.

Cette nouvelle organisation marketing s'inscrit dans le cadre du plan "Perform 2020", qui prévoit par ailleurs un vaste plan d'économies, d'au moins 1,13 milliard d'euros d'ici à 2017 pour la seule partie française (Air France et ses filiales).

"Ce type de dispositif qui part du client (...) est absolument capital pour maintenir et développer ses parts de marché", a affirmé Mme Challon-Kemoun.

Augmenter les ventes directes

Un de ses premiers objectifs est d'accroître la part des ventes directes du groupe, qui réalise déjà près de 30% de son chiffre d'affaires via ses sites de vente en ligne, soit 5 milliards d'euros par an, dont 2,8 milliards d'euros pour Air France.

Avec 324 millions de visites l'an dernier sur ses portails airfrance.com et klm.com, ainsi que 19 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux, le groupe souhaite "mettre à la disposition des ventes la puissance de l'outil digital" et compte sur sa "capacité à convertir ce trafic en achats", a-t-elle expliqué.

25 millions de membres du programme de fidélité Flying Blue

La nouvelle directrice adjointe travaille également à la "simplification" du programme de fidélité Flying Blue, qui compte 25 millions de membres, avec le "double objectif de le rendre moins coûteux et plus attractif".

Les "billets primes" représentent pour le groupe l'équivalent de cinq gros-porteurs A380 par jour, tandis qu'une centaine d'entreprises partenaires (dont 35 compagnies aériennes) contribuent financièrement au programme.

D'ici à la fin de l'année, Air France-KLM entend "redéfinir les règles du programme et gérer encore plus finement et efficacement cet équilibre entre la dette automatiquement générée et les bénéfices financiers que nous faisons rentrer", a-t-elle indiqué.

Crédit revolving pour KLM

Enfin, dans le même temps, KLM a signé auprès de 10 banques internationales un contrat de crédit revolving d'un montant de 575 millions d'euros, renouvelant ainsi de manière anticipée sa ligne de crédit qui expirait en juillet 2016.

Cette nouvelle ligne de crédit est d'une durée de 5 ans et offre des conditions améliorées par rapport à la ligne existante. La transaction a été lancée sur la base de 500 millions d'euros et a été étendue à 575 millions d'euros vue la demande élevée.

Le syndicat se compose de 10 banques de premier plan. ABN Amro et ING bank se sont vues confier le rôle de coordinateurs. Citi, DBS Bank, Rabobank et Industrial and Commercial Bank of China ont tenu le rôle d'Arrangeurs Mandatés.

(Avec AFP)