BlaBlaCar rachète Ouibus et tente une alliance multimodale avec la SNCF

Par Nabil Bourassi  |   |  521  mots
Avec Ouibus, BlaBlaCar tente de récupérer une partie de son marché qui a rejoint les "cars Macron". (Crédits : DR)
La célèbre licorne française rachète la filiale de la SNCF spécialisée dans les liaisons par car, tandis que l'entreprise ferroviaire entre dans son capital. Les trois protagonistes veulent bâtir une nouvelle offre multimodale qui combinerait train, car et covoiturage.

C'est un tournant pour BlaBlaCar !  La licorne française a annoncé le rachat de Ouibus, la filiale de la SNCF spécialisée dans les liaisons interrégionales et internationales par car. Dans le détail, BlaBlaCar lève 101 millions d'euros. À travers cette levée de fonds, la SNCF entre dans le capital de BlaBlaCar qui, elle, rachète donc sa filiale Ouibus à 100%.

"Énormément de nos covoitureurs font aussi du bus et vice-versa. On se rend compte qu'il y a une complémentarité très, très forte", a indiqué à l'AFP Nicolas Brusson, cofondateur et directeur général de BlaBlaCar.

"L'évolution de BlaBlaCar, c'est en fait d'ouvrir à une mobilité partagée beaucoup plus large que le covoiturage et donc une mobilité partagée sur la route qui comprend la voiture et le bus, à une échelle européenne, voire mondiale", a-t-il expliqué.

BlaBlaCar veut construire une nouvelle offre qui permet aux covoitureurs de combiner trois modes de transports dans une démarche dite intermodale avec le train, le car et le covoiturage. BlaBlaCar et la SNCF espèrent une commercialisation pour l'été 2019.

"Il y a quelques années, BlaBlaCar pouvait être considéré comme un ennemi de TGV parce que concurrent sur la longue distance. Aujourd'hui, on a un ennemi commun, c'est la voiture individuelle", a précisé à l'AFP Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF.

Tournant stratégique pour la SNCF et BlaBlaCar

La SNCF a présenté en septembre une feuille de route qui vise à se transformer en un acteur de mobilités multimodales. Cette stratégie se focalisait sur son site oui.sncf destiné à devenir un "véritable assistant personnel de mobilité" qui serait à la fois un opérateur de mobilités, mais également un agrégateur de mobilités opérés par d'autres acteurs.

De son côté, BlaBlaCar sort de son statut de pure player du covoiturage dans lequel il est devenu le numéro un mondial. En intégrant une activité, car il reprend une partie du marché qui lui a échappé depuis l'avènement des "cars Macron", du nom de ce marché né de la loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques portée en 2015 par celui qui était ministre de l'Économie de François Hollande, et qui avait cassé le monopole de la SNCF pour toutes les liaisons interrégionales. Avec les cars Macron, le covoiturage était frappé de plein fouet en raison d'une offre beaucoup plus compétitive, et massive.

Pourtant, il n'est pas certain que Ouibus soit un cadeau pour BlaBlaCar. La filiale de la SNCF a encore perdu 35 millions d'euros en 2017 (perte nette), pour un chiffre d'affaires de 55,3 millions d'euros, soit des pertes cumulées de 165 millions d'euros depuis 2013. La perte a toutefois baissé de 10 millions d'euros par rapport à l'année précédente et la SNCF estime que l'équilibre pourrait être atteint en 2019.

Pour sa part, BlaBlaCar a annoncé fin septembre être devenu rentable sur les 8 premiers mois de l'année à la faveur d'une hausse de 40% de son chiffre d'affaires, mais sans donner plus de détails.