Ce que veut faire Air France-KLM avec ses deux Transavia

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  549  mots
Air France-KLM étudie la possibilité de rattacher Transavia France et Transavia Holland, aujourd'hui des filiales respectives d'Air France (à 60%) et de KLM (à 100%) dans une holding financière qui serait rattachée à Air France-KLM afin, notamment, de gagner en efficacité. Les Hollandais de KLM sont hostiles à l'idée de perdre la main sur Transavia Holland.

Si les efforts pour reprendre des négociations sociales avec les syndicats sont au cœur des préoccupations d'Air France-KLM, d'autres sujets sont étudiés en coulisse au sein du groupe. Notamment le développement de Transavia, aujourd'hui composée de deux compagnies aériennes, Transavia Holland, filiale à 100% de KLM, et Transavia France, filiale d'Air France (60%) et de Transavia Holland (40%).

Une organisation semblable à celle de Lufthansa et de IAG

Selon plusieurs sources internes, Air France-KLM souhaite modifier la gouvernance de son activité low-cost en rattachant les deux Transavia sous son aile comme l'a fait le groupe Lufthansa avec Eurowings et ou IAG en rachetant la low-cost Vueling.

«Ce projet est à l'étude depuis quelques mois mais il n'en est qu'à ses débuts », explique à La Tribune un connaisseur du dossier.

Concrètement, dans le plan étudié, les deux Transavia seraient détenues à 100% par une holding financière (dont la nationalité n'aurait pas été tranchée), laquelle serait rattachée à Air France-KLM aux côtés des deux filiales du groupe Air France et KLM.

Un tel schéma permettrait de gagner en efficacité en apportant plus de synergies entre les deux Transavia.

Par ailleurs, plusieurs observateurs estiment opportun sur le plan stratégique « de sortir Transavia France d'Air France » et de créer une structure qui pourra permettre de développer le pôle low-cost du groupe en intégrant par exemple un jour une autre compagnie à bas coûts (à l'occasion d'un rachat) ou en ouvrant le capital à un tiers pour financer le développement de cette activité. D'autres estiment enfin que de ce projet découlera à terme une fusion entre les deux entreprises.

Interrogé, Air France-KLM n'a pas souhaité faire de commentaires.

Les Hollandais sont hostiles

Un tel projet est complexe. Il suppose notamment une valorisation des deux Transavia. Selon plusieurs sources, les 40% que détient Transavia Holland dans Transavia France sont valorisés en interne à 150 millions d'euros.

Surtout, pour aboutir, il devra vaincre au préalable l'hostilité des Hollandais de KLM. Ce qui n'est pas gagné.

Car, si ces derniers sont partants pour regrouper les deux compagnies au sein d'une holding et vendre leurs parts dans Transavia France, ils ne veulent pas perdre la main sur Transavia Holland. De quoi donner du grain à moudre à ceux qui accusent KLM de refuser tous les projets stratégiques depuis la création du groupe. Les pilotes hollandais de KLM sont également vent debout.

Pour rappel, l'an dernier, après les 14 jours de grève des pilotes d'Air France, des révélations de presse avaient fait état de l'existence d'une telle structure (Transavia Company), basée au Portugal. Les différentes sources n'ont pas précisé si Air France-KLM avait l'intention d'utiliser cette structure ou pas.

Transavia Holland à Munich

Pour l'heure, l'autre enjeu principal de Transavia se situe dans le développement des deux compagnies hors de France et des Pays-Bas. Une voie différente du projet lancé en 2014 de création d'une filiale spécifique à ces marchés (Transavia Europe) qui fut abandonné par la direction pendant la grève des pilotes d'Air France en septembre 2014.

KLM est une nouvelle fois en avance. A l'issue d'un accord avec les syndicats, Transavia Holland ouvrira l'an prochain une base à Munich.

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