Le plan d'Easyjet pour contourner le Brexit

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  487  mots
Avec la sortie à terme du Royaume-Uni de l'UE, les compagnies britanniques risquent de perdre l'accès au marché unique du transport aérien européen.
La compagnie britannique Easyjet a demandé un certificat de transport aérien (CTA) à un pays membre de l'Union européenne dans le but de conserver son accès au marché unique du transport aérien européen, lequel pourrait être remis en cause avec le Brexit.

Aujourd'hui britannique, Easyjet va-t-elle devenir demain une compagnie roumaine, hongroise, portugaise, irlandaise ou originaire de n'importe quel autre pays de l'Union européenne pour éviter l'impact potentiel du Brexit ? Il semblerait. La compagnie a annoncé ce vendredi avoir demandé un certificat de transporteur aérien (CTA) dans un pays non spécifié de l'Union européenne, une mesure destinée à lui conserver l'accès libre au ciel européen malgré le Brexit.

Une compagnie paneuropéenne

En effet, avec la sortie à terme du Royaume-Uni de l'UE, les compagnies britanniques risquent de perdre l'accès au marché unique du transport aérien européen qui autorise depuis une vingtaine d'années les compagnies originaires d'un pays membre de l'UE à assurer des services aériens n'importe où dans l'Union européenne. Et ce de manière illimitée.

Sauf à avoir une dérogation comme l'ont notamment obtenue la Norvège et la Suisse, les compagnies britanniques sont menacées d'être exclues de cet espace commun. Auquel cas elles ne pourraient effectuer que des vols entre le Royaume-Uni et le reste de l'UE mais plus entre n'importe quel pays de l'UE ou à l'intérieur d'un pays de l'UE (Paris-Toulouse par exemple). Une catastrophe pour une compagnie paneuropéenne dont le succès repose sur cet accès au marché unique.

"Dans le cadre des plans d'urgence d'EasyJet avant le référendum, nous avons eu des discussions informelles avec un certain nombre de régulateurs européens de l'aviation sur l'établissement d'un certificat de transporteur aérien (CTA) dans un pays européen pour permettre à EasyJet de voler à travers l'Europe comme nous le faisons aujourd'hui", a indiqué la compagnie aérienne britannique dans un communiqué.

"EasyJet a désormais lancé le processus formel pour acquérir un CTA", poursuit la compagnie à bas coûts.

Le siège reste pour l'heure à Londres

Ce CTA est une autorisation décernée par les autorités en charge de réglementer l'aviation civile dans chaque pays.

EasyJet précise toutefois ne pas avoir actuellement de projet pour déménager son siège, situé à l'aéroport londonien de Luton.

"Jusqu'à ce que le résultat des négociations Royaume-Uni/UE soit plus claires, Easyjet n'a pas besoin de mettre en oeuvre d'autres changements structurels ou opérationnels", indique la compagnie.

La ficelle paraîtra un peu grosse à certains. Elle risque une nouvelle fois de faire des vagues si d'aventure la compagnie demandait un CTA dans un pays où les charges sociales sont peu élevées. Reste à savoir quel pays accepterait d'accorder un CTA à Easyjet. Il paraît peu probable qu'un pays disposant d'une ou plusieurs compagnies nationales accepte de faire le nid de la concurrence.

Si Easyjet était obligée de "s'implanter" dans l'UE, elle le ferait probablement par le biais d'une filiale, comme elle le fait déjà en Suisse ou comme le fait British Airways en France avec Openskies.