Roissy  : ADP veut en finir avec les queues interminables aux contrôles de police

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  661  mots
Le gestionnaire des aéroports parisiens va financer les nouveaux systèmes Parafe de contrôles automatiques des passeports aux frontières et va afficher les temps d'attente pour passer les postes de police. Avec le renforcement des contrôles, les temps de passage ont explosé à Roissy.

Devant l'explosion des temps d'attente aux contrôles de police aux frontières (PAF) de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, Paris Aéroport n'en peut plus et a décidé de prendre le taureau par les cornes.

« Nos taux de satisfaction en matière de qualité de services augmente. Pour autant, la vie quotidienne des clients est différente car elle est marquée par un temps d'attente à la police aux frontières insupportable. Le nombre de cas où le passager a attendu plus de 30 minutes a été augmenté par 20 depuis le début de l'année », a déploré ce mercredi le PDG du groupe ADP, Augustin de Romanet, lors d'un point presse.

Un "irritant pour les passagers" contre lequel ADP n'a pas la main.

Menaces d'attentats

Si la direction d'ADP explique cette dégradation par l'alourdissement des contrôles depuis la vague d'attentats qui a touché la France depuis deux ans, c'est un secret de polichinelle de rappeler que la situation n'a jamais été satisfaisante à Roissy, en particulier à l'arrivée, en raison de l'incapacité de mettre les effectifs en adéquation avec les arrivées des avions. Qui ne s'est jamais retrouvé à l'arrivée d'un vol long-courrier au milieu de centaines de passagers provenant de deux ou trois gros porteurs ayant atterri quasiment en même temps à Roissy avec un nombre de postes ouverts aux frontières extrêmement limité ? Une situation qui provient en partie du sous-effectif de la PAF.

Contrôles automatisés

Pour accélérer les flux, le gestionnaire des aéroports parisiens a décidé de prendre en charge l'acquisition des nouveaux systèmes de contrôles automatisés des passeports Parafe (80.000 euros pièce).

«Nous allons doubler le nombre de Parafe», a expliqué Franck Goldnadel, directeur général adjoint d'ADP en charge des opérations aéroportuaires, et directeur de l'aéroport de Roissy.

Une première vague de 80 postes est prévue d'ici à l'été 2017. Ce ne seront plus des Sas comme dans les Parafe actuels, mais ils ressembleront plus à des portes automatiques, ressemblant un peu de celles utilisées pour le « self boarding» .

Les premiers systèmes Parafe lancés il y a une dizaine d'années n'ont jamais rencontré le succès escompté. Les passagers ont souvent repoussé à leur prochain voyage l'enregistrement de leurs empreintes digitales, et la publicité faite autour de dysfonctionnements de ces matériels ne les a pas convaincus de le faire. Destinés aux passagers européens, les nouveaux Parafe seront plus rapides et plus fiables. Mais c'est surtout la technologie de reconnaissance faciale qui pourrait convaincre les passagers à les utiliser, si elle est validée par les autorités françaises. Car, contrairement aux contrôles biométriques actuels, aucun enregistrement préalable des empreintes digitales n'est nécessaire. Comme à Londres-Heathrow ou Amsterdam-Schiphol, une caméra vérifiera si les caractéristiques du visage du passager correspondent à celles de la photo du passeport. Au cas où le ministère de l'intérieur refuserait cette technologie, les équipements commandés sont compatibles avec les deux technologies.

Temps d'attente affichés

Comme il l'a fait pour les livraisons des bagages ou le passage aux postes d'inspection filtrage, ADP a par ailleurs l'intention d'afficher le temps d'attente aux postes de contrôle de la police aux frontières. « Pour donner de la prévisibilité aux passagers », a expliqué Augustin de Romanet. Pour la livraison des bagages, cette mesure a incité les compagnies à améliorer leur performance.

Mais derrière la préoccupation d'améliorer la qualité de services, se cache aussi la volonté de ne pas perdre du chiffre d'affaires. Car, pour le passager, le temps passé dans les files d'attente est autant de temps en moins pour faire du shopping ou manger un morceau avant de prendre son vol. Ceci dans un contexte de la forte chute à Paris de la clientèle japonaise ou chinoise, qui dégrade les recettes des commerces en aéroport.