Innovation : "En France aussi nous avons des atouts à faire valoir"

Par Propos recueillis par Jérémy Hébras  |   |  685  mots
Selon Ronan Pelloux, le système éducatif est trop éloigné des besoins du marché du travail (Photo: CREADS)
Cette semaine s'est achevé à Sydney le G20 YEA (Young Entrepreneur's Alliance), un sommet pour les jeunes entrepreneurs. 400 jeunes chefs d'entreprises étaient présents dont 25 Français. Parmi eux, Ronan Pelloux, co-fondateur du site de design participatif Creads.

Il fait parti des rares entrepreneurs à avoir été invité au G20 de Sydney. Ronan Pelloux, co-fondateur de Creads, une agence de communication participative sur Internet évoque, pour La Tribune, ce qui se racontait dans les couloirs de cette rencontre interntationale. Face au "french bashing", ces critiques anti-françaises auxquelles s'adonnent volontiers certains de ses partenaires anglo-saxons, la France pourrait, selon lui, faire valoir des atouts, comme le Crédit impôts recherche. 

La Tribune : Que demandez aux chefs d'Etat du G20, qui se réunissent en novembre 2014 ?

Ronan Pelloux : Nous nous sommes réunis en plusieurs groupes de travail pour remonter des problématiques communes et répondre à la question : que doivent mettre les gouvernements en place? Nous avons abouti à huit grandes thématiques, dont la réforme du système financier mondial, c'est-à-dire l'amélioration du financement des startup et des PME au niveau des banques, qui ne suivent pas assez les entreprises. Il s'agit aussi d'encourager le crowdfunding en établissant un cadre réglementaire (cela a été fait en France). Il faut aussi, grâce à des aides fiscales, permettre aux particuliers d'investir dans des PME.

Dans les pays du G20, il y a 40 millions de jeunes au chômage. Comment remédier à cela ?

Il y a un problème au niveau de l'éducation : beaucoup de formations ne sont pas en lien avec les besoins du marché, du monde du travail. Il est donc nécessaire de rediriger les jeunes, notamment vers les activités numériques via l'apprentissage du code informatique dès la primaire. Quand on jette un coup d'œil à la croissance des sociétés du "digital", on se dit que cette initiative relève du bon sens.
D'autre part, les jeunes se projettent moins dans les grandes boites. Elles deviennent de plus en plus difficiles à intégrer, et procèdent à beaucoup de plans sociaux. Puis ce ne sont plus nécessairement des entreprises où l'on peut faire toute une carrière. Il faut donc mieux accompagner les jeunes dans leurs projets.

C'est la deuxième année que vous participez au G20 YEA. Certaines des recommandations formulées en 2013 ont-elles été entendues ?

Je ne sais pas si c'est directement lié à notre action, mais en 2013, nous avions insisté sur la formation au numérique et Benoît Hamon a annoncé que le code informatique serait enseigné (en option) dès la primaire. Il y a également le PEA-PME, qui permet à des particuliers d'investir dans des entreprises.
Mais nos revendications ne s'adressent pas uniquement aux politiques. On s'attache aussi à ce que les entrepreneurs s'impliquent, par exemple en intervenant dans les écoles. Il faut donner envie aux jeunes en leur racontant de belles histoires.

A quels problèmes font face les jeunes entrepreneurs actuellement ?

Le cadre fiscal réglementaire. Pendant un temps, c'était compliqué d'avoir un gouvernement qui changeait les lois tous les 6 mois. Cela a bloqué les investisseurs, particulièrement lors du mouvement des "Pigeons" [qui luttaient contre une tentative de réforme des plus-values de cession ndlr]. Quand on est entrepreneur et que l'on veut se développer à l'étrangerl, c'est très difficile, notamment pour recruter des talents étrangers : simplifier les visas nous serait d'une grande aide.

Au G20 YEA, vous êtes 400 entrepreneurs. Cette année il y avait 25 français. Vous côtoyez donc des chefs d'entreprise de cultures différentes. De quel pays la France gagnerait-elle le plus à s'inspirer ?

Le Royaume-Uni. On y favorise les entrepreneurs, les startups et les accélérateurs de startups. A Londres, le système de financement est beaucoup plus favorable, c'est le "hub des startups".
En France on a souvent tendance à se plaindre. Pourtant, nous avons de bons atouts, comme le CIR (crédit d'impôt recherche, qui favorise les entreprises qui investissent beaucoup dans la R & D), cité en exemple au G20 YEA, au même titre que la BPI (Banque publique d'investissement) qui a permis de relancer le processus d'investissements auprès des entreprises. Enfin, nous disposons de sociétés innovantes très compétitives. En France, nous avons aussi des atouts à faire valoir.