Grande Muraille Verte (Afrique) : « C’est aux populations de faire pression sur les politiques » (Alain-Richard Donwahi, président de la COP 15)

Par Maxime Heuze  |   |  544  mots
(Crédits : DR)
RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres Economiques d'Aix, le Davos provençal. Ce dimanche, le président de la COP15 Alain-Richard Donwahi a expliqué comment l'Afrique compte lutter contre la désertification du continent.

L'Afrique est l'une des principales victimes du changement climatique avec notamment comme première conséquence une désertification contre laquelle elle veut lutter. Un sujet qui concerne désormais aussi l'Europe et le monde entier.

Pour rappel, trois Conférence des Parties existent : la COP climat dont la vingt-huitième édition se déroulera en décembre aux Emirats arabes unis, la COP biodiversité dont la quinzième édition a eu lieu en décembre à Montréal et la COP désertification dédiée à la dégradation des sols et la déforestation. Parmi les pistes évoquées, le président de la COP15, depuis l'an dernier, Alain-Richard Donwahi, ancien ministre Eaux et Forêts de la Côte d'Ivoire, interrogé par La Tribune, est revenu sur le projet de Grande Muraille verte.

7.500 kilomètres de barrière forestière

Ce projet, qui a pour objectif de limiter l'expansion du désert saharien favorisé par le réchauffement de la planète, doit créer muraille forestière de 7.500 kilomètres de long et 15 kilomètres de large qui s'étendra du Sénégal jusqu'à Djibouti.

« Il s'agit de changer la vie des gens qui habitent près du Sahara et l'économie locale », a insisté Alain-Richard Donwahi.

L'ancien ministre des Eaux et Forêts de la Côte d'Ivoire a estimé que ce projet « va donner de l'espoir aux gens, les rendre moins vulnérables et faire en sorte qu'il n'y ait pas de mouvements de population. Et ce qui va se faire en Afrique aura un impact sur le climat mondial. »

Un projet qui patine depuis 15 ans

Mais si le projet est louable, il semble très difficile à mettre en œuvre. Alors que le projet a été lancé en 2007, moins de 20 millions d'hectares ont été correctement aménagés, sur les 100 millions prévus d'ici à 2030.

Pour Alain-Richard Donwahi, cette difficile mise en place vient d'une complexité dans les mobilisation des investissements. Les dirigeants « doivent garder en tête la nécessité de lutter contre la dégradation des sols et qu'il faut engager plus d'actions concrètes dès maintenant pour avoir des résultats d'ici à 2030 ou 2050 », affirme le président de la COP15.

Pour l'ancien ministre ivoirien, « il faut mettre la pression aux hommes politiques et c'est aux populations de faire pression pour faire des politiques de long terme ».

Dans l'optique de mettre un coup d'accélérateur au projet de reforestation, les présidents des trois COP se sont réunis et « nous avons l'intention de faire une déclaration commune pour faire comprendre l'importance de la convergence entre ces trois sujets et pour amener à l'unification du combat aussi bien au niveau du financement et des actions pour qu'elles soient conjointes et plus efficaces », a annoncé Alain-Richard Donwahi.

"Je n'avais pas perdu espoir, je suis très optimiste et je pense que l'être humain est capable de se transformer et de se surpasser quand il s'agit de sa survie. Nous sommes en train de réagir maintenant et de comprendre que ces sujets sont de plus en plus importants. Lorsqu'on aura compris que la question environnementale est aussi importante que d'autres crises nous mettrons les moyens qu'il faut là où il fautnpour que les choses changent"

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