Energies renouvelables : les grands énergéticiens français aux manettes

Par Dominique Pialot  |   |  793  mots
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Le colloque annuel du syndicat des énergies renouvelables (SER) s'est tenu mardi sous l'égide des grands groupes, dont l'action s'illustre notamment dans l'éolien offshore.

Gérard Mestrallet, qui ouvrait mardi le colloque annuel du SER, a rappelé que GDF Suez, le groupe qu?il dirige, était déjà le premier producteur d?énergies renouvelables (ENR) en France (notamment grâce à l?énergie hydraulique). Il a même affirmé sa volonté de doubler cette production verte à 10.000 mégawatts (MW) d?ici à 2020. Peu après, le patron d?Areva Luc Oursel, qui lui succédait à la tribune, s?est pour sa part félicité d?un bond de 98 % de son carnet de commande dans les ENR. Si ces dernières ne représentent aujourd?hui que 4 % de son activité, il les a à plusieurs reprises qualifiées d? « incontournables », rappelant que dans les scénarios prospectifs de l?agence internationale de l?énergie (AIE) elles connaissent des croissances annuelles de 8 % jusqu?en 2035, hors hydroélectricité. Les deux champions français ont en commun de miser gros sur l?éolien offshore, et sont candidats à l?appel d?offres en cours, dont les lauréats doivent être connus en avril, juste avant les élections présidentielles. Un calendrier qui, a confirmé la ministre de l?Ecologie Nathalie Kosciusko Morizet, sera bien respecté. « C?est une question de crédibilité. »

Des énergies de complément

Les deux patrons ont profité de l?occasion pour rappeler que ces ENR ne pouvaient que venir en complément d?autres énergies, moins intermittentes et surtout moins coûteuses, à savoir, le gaz pour l?un, le nucléaire pour l?autre. Des positions confortées par les déclarations du ministre de l?industrie en personne. Eric Besson est en effet venu rappeler que la nécessaire « transition énergétique » ne signifiait en aucun cas « sortie du nucléaire », et prôner « la consolidation d?un socle de nucléaire de plus en plus sûr et transparent, accompagnée d?une croissance progressive des énergies renouvelables. » A ce sujet, il s?est félicité d?un mix énergétique « en ligne avec les objectifs du Grenelle. »

13 % du mix énergétique

Un avis quelque peu nuancé par les autres participants. Avec 12,9 % d?ENR à fin 2010, Pierre Franck Chevet, directeur général de l?énergie et du climat (DGEC) au ministère de l?écologie, estime que la France a parcouru « un tiers du chemin vers les objectifs du Grenelle, avec une trajectoire un peu en dessous de ce qui serait souhaitable. » Jean-Louis Bal, directeur du SER, partage cet avis et rappelle la piètre performance de l?éolien terrestre français en 2011. Avec seulement 875 MW installés (en baisse de 30 % par rapport à 2010) quand il en faudrait 1300 pour atteindre les objectifs, ce secteur pâtit de contraintes lourdes issues de la loi Grenelle II. Et ce, alors que pas moins de 41.000 MW supplémentaires ont été installés dans le monde, soit 20 % de plus qu?en 2010 comme le révèlent les statistiques publiées mardi. Le livre blanc du SER propose d?ailleurs plusieurs pistes pour simplifier et alléger ces contraintes.

125.000 emplois en 2020

Autre suggestion du livre blanc : porter de 23 % (objectif Grenelle) à 25 % la part des ENR dans le mix énergétique français d?ici à 2020, ce qui créerait 125.000 emplois et permettrait de réduire de 5% le déficit annuel de la balance du commerce extérieur. Une création d?emplois que NKM a d?ailleurs jugée incontournable. En effet, si elle a une nouvelle fois rappelé que « les filières vertes sont le moteur de la relance et non pas la cerise sur le gâteau quand tout va bien », elle a également mis en garde : « sans création d?emplois, les subventions accordées aux énergies renouvelables deviendraient inacceptables en période de crise. »

Les candidats à l?élection présidentielle ou leurs représentants, invités à venir débattre du sujet, soutiennent cet objectif de 25 % même si Corinne Lepage ou Eva Joly le jugent timoré. Ils ont par ailleurs multiplié les suggestions de pistes de financement pour les ENR, Corinne Lepage suggérant la création d?un plan « Soleil » soutenu par un fonds doté de 300 milliards. Ces fonds, bloqués sur 30 ans pour assurer la pérennité des investissements dédiés à la transition énergétique, proviendraient des économies réalisées grâce à l?abandon de la 4eme génération nucléaire, d?une ponction sur les « 19 milliards d?euros de subventions aux énergies fossiles », du revenu des quotas de CO2 vendus aux enchères à partir de 2013, et d?une mobilisation du livret de développement durable.

Enfin, dans un bel ensemble et comme l?avaient fait avant eux les industriels, les candidats ont plaidé pour un cadre réglementaire stable et lisible, à l?opposé du « stop & go » qui a prévalu ces dernières années.