« Les règles du jeu évoluent tous les ans. Il faut que cela s'arrête si l'on veut qu'émerge une filière industrielle française. » C'est ce que déclare Dominique Legros, le dirigeant de Céole à Longvic (Côte-d'Or), dont l'entreprise de production de mâts pour les éoliennes a été placée en redressement judiciaire le 21 février dernier.
La France ne compte aujourd'hui que deux entreprises sur ce marché. Elles couvrent 35 % des besoins. « Pour cette raison, 65 % des mâts d'éoliennes viennent de l'étranger », souligne Dominique Legros, qui précise que l'éolien pourrait générer entre 60.000 et 100.000 emplois supplémentaires en France. « Mais pour que les industriels y aillent, il faut leur donner une visibilité, que nous n'avons pas aujourd'hui. »
Difficile d'atteindre les 10 % d'éolien dans le mix énergétique
Depuis 2011, l'installation d'une éolienne passe désormais par un dossier ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement). « Cela a donné un coup de frein aux permis de construire et donc à notre activité », dit Dominique Legros. Le projet d'une nouvelle tarification de l'électricité, cette année, suscite à nouveau l'inquiétude du dirigeant. « Il faut que l'on s'en tienne aux décisions prises.
L'éolien doit représenter 10 % du mix énergétique, selon les objectifs fixés par les Grenelle de l'environnement. Ce n'est pas en nous mettant des bâtons dans les roues que nous y parviendrons. »
Céole compte aujourd'hui 60 salariés. Son dirigeant estime, par le redressement judiciaire, « avoir fait un acte de gestion » qui lui permettra de passer le cap d'une baisse d'activité. Il prépare un plan de continuation alors que, cette année, le carnet de commandes se remplit à nouveau.
En 2011, Céole a fourni 220 segments de tour d'éoliennes et elle devrait, en 2012, en fournir 250. « Nous n'avons pas licencié et nous sommes même en phase de recrutement », dit Dominique Legros. Qui en appelle à un pacte de stabilité.