Les éoliennes de Vergnet ne tournent pas rond

Le seul fabriquant français d'éoliennes publie des résultats en forte baisse, qu'il impute avant tout aux retards et aux incohérences de l'appel d'offres éolien dans les DOM. Son fondateur et président Marc Vergnet explique à la Tribune les raisons de son courroux.

Marc Vergnet ne décolère pas. Vergnet SA, l'entreprise qu'il a fondée voici 22 ans, l'unique fabricant français d'éoliennes, vient de présenter des résultats annuels en forte baisse par rapport aux années précédentes et surtout à ses premières prévisions. A 67,7 millions d'euros, le chiffre d'affaires est certes dans la fourchette révisée annoncée en octobre, mais à - 18 % de son record de 2010 (82,4 millions) et plus loin encore de son objectif initial de 120 millions pour 2011. Pour la quatrième année consécutive, le résultat est négatif, à 10 millions d'euros.
Outre une conjoncture générale morose, Marc Vergnet attribue cette contre-performance aux déboires de l'appel d'offre éolien pour les départements d'Outre-Mer (DOM). Les résultats de cet appel d'offres, publiés il y a quelques semaines, l'ont déçu. Alors qu'il espérait 45 MW de commandes, il n'en obtient que 19,5 MW, au profit d'Alizeo, un nouveau venu sur ce segment de marché du « farwind » défriché et occupé par Vergnet depuis plus de vingt ans. C'est lui en effet qui le premier a développé un modèle d'éolienne capable de se coucher pour résister aux cyclones, particulièrement adapté au marché des îles. Avec cette technologie, Vergnet a investi Cuba, Saint-Domingue, l'Australie ou les Fidji, en se servant des DOM comme tremplin. Il y a en effet installé quelque 400 machines.

Un appel d'offres qui cumule les déboires

Mais c'était avant 2006 et l'instauration d'un tarif de rachat pour l'électricité produite à partir de solaire photovoltaïque très supérieur à celui prévu pour celle d'origine éolienne. Bilan « Je n'ai pas vendu une seule éolienne dans les DOM depuis 5 ans, alors que cela représentait 80 % de mon chiffre d'affaires », se désole Marc Vergnet. Mais il fustige surtout les retards cumulés de cet appel d'offres. Un an pour son lancement, six mois pour son dépouillement, et, par-dessus le marché, l'apparition d'un blocage imprévu : la contradiction des lois Littoral et Grenelle 2, l'une imposant la continuité, l'autre une distance minimale de 500 mètres entre les éoliennes et les habitations. D'où un retard supplémentaire.
Le Conseil des Mines doit trouver une solution dans les prochains mois. Mais c'est seulement en 2013 que Vergnet S.A., qui a investi 20 millions d'euros dans une machine de 1 mégawatt dédiée à ce marché, recommencera à faire du chiffre d'affaires avec les DOM, et non pas dès 2010 comme espéré.
Globalement, le marché est tendu à l'international. En Ethiopie, Vergnet s'est allié à Alstom Wind pour la fourniture de turbines. Il n'en dit rien, mais un renforcement de ce partenariat ne serait certainement pas pour lui déplaire. Le marché éolien du « Proxwind », adapté à la production décentralisée par des agriculteurs ou autres petites structures rurales et sur lequel Vergnet a peu de concurrence, décolle plus lentement que prévu. Mais Marc Vergnet mise sur l'Italie, le Royaume-Uni, la Roumanie, l'Irlande et même les Etats-Unis. La division eau-solaire, qui fournit pompes à eau et petites installations solaires en Afrique et bientôt en Asie, « où le potentiel est nettement plus important », affiche un chiffre d'affaires en baisse de 15 à 12,7 millions d'euros, mais une marge égale à celle de 2010.

D'autres mesures d'économies à venir

Aussi, l'entreprise doit trouver le moyen « d'assurer la soudure » jusqu'en 2013. Trente personnes ont déjà quitté l'entreprise à la fin du projet Ashegoda en Ethiopie. Dix autres départs sont liés à la fermeture de l'usine ACO (Aerocomposit Occitane) qui fabriquait des pales. Celles-ci seront désormais fabriquées par Astrium (filiale d'EADS) à Blanquefort (Gironde).
D'autres mesures d'économies seront certainement nécessaires. Vergnet, qui avait levé 18 millions d'euros auprès du FSI et du bureau d'étude breton Nass&Wind il y a quelques mois, espère un prêt d'Oseo pour l'aider à passer ce cap difficile. Et parce que l'Etat doit « assumer son incohérence ». « En vingt-deux ans, on a déjà connu des phases difficiles, on va se battre ! » assure Marc Vergnet, qui continue par ailleurs de fustiger le principe même des appels d'offres « à la française ». « On connaît maintenant le prix auquel les industriels ont prêts à travailler, on peut donc fixer un tarif de rachat à 170 euros le mégawatheure », plaide-t-il. Rendez-vous après les élections parlementaires.
 

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Commentaires 4
à écrit le 02/03/2012 à 19:15
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à écrit le 02/03/2012 à 18:54
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Un pass journalier à 99 centimes. Autant acheter la presse locale.

à écrit le 02/03/2012 à 18:52
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En région Centre, on n'en veut pas des Eoliennes. Qu'on se le dise. FLC

le 04/03/2012 à 0:41
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Si si on en veut bien et de toutes les renouvelables d'ailleurs.

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