Quand le solaire allemand remplace vingt centrales nucléaires

Par Dominique Pialot  |   |  531  mots
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Le record de production d'électricité solaire atteint par l'Allemagne ces derniers jours démontre le potentiel de cette énergie renouvelable et remet sur la table la question du renforcement des réseaux électriques.

C'est un record encore jamais atteint par ce champion mondial de l'énergie solaire. Vendredi et samedi derniers à la mi-journée, ce sont pas moins de 22.000 mégawatts (MW) qui ont été produits par les panneaux solaires installés en Allemagne. Soit entre deux tiers et la moitié de la consommation, et l'équivalent de vingt centrales nucléaires.

Ces chiffres, calculés par la bourse européenne de l'Energie de Lepizig et rendus publics par l'Institut de l'industrie des énergies renouvelables basé à Münster, sont avant tout symboliques. Le seuil de 20.000 MW avait déjà été frolé à plusieurs reprises mais jamais encore franchi. Outre une météo très ensoleillée, la faible activité industrielle de fin de semaine a permis à la production d'origine solaire de peser lourd dans la consommation du pays. L'Allemagne, premier pays producteur d'énergie solaire au monde avec près de 25.000 MW de capacité installée, a encore accru son avance ces derniers mois. Après les 7.500 MW installés au cours de l'année 2011, ce sont encore 1.800 MW qui ont été ajoutés depuis le début de l'année.

De nouvelles capacités de production installées

A chaque annonce de baisse de tarifs de rachat, les opérateurs se précipitent en effet pour bénéficier des anciens tarifs. Le gouvernement affirme régulièrement son soutien à un secteur, les énergies renouvelables, qui a déjà créé quelque 370.000 emplois et doit accompagner la sortie du nucléaire programmée d'ici à 2022. Mais il tente également de limiter la facture pour le consommateur. Selon les électriciens et des associations de consommateurs, le surcoût lié au solaire s'élève à 2 centimes d'euros par kilowattheure consommé, et 4 milliards d'euros au niveau national. Le tarif de rachat est déjà passé de 30 à 15 centimes d'euros par kWh. Cette baisse, justifiée par l'effondrement des coûts des composants, affecte néanmoins dangereusement les industriels allemands, fragilisés par la concurrence asiatique.

Un coût élevé qui pourrait s'accroître avec le renforcement des réseaux

Déjà parmi les plus élevés au monde, ce coût de l'énergie pourrait s'accroître encore en raison des investissements nécessaires dans le renforcement des réseaux électriques. Si le solaire est produit pour l'essentiel dans le sud du pays qui correspond à la consommation la plus importante, en revanche l'éolien offshore, l'autre énergie renouvelable sur laquelle le gouvernement et les industriels allemands misent gros, sera concentré au large des côtes du nord ouest. Il faudrait donc la transporter du nord vers le sud du pays. En outre, l'absorption des énergies renouvelables, par nature intermittentes (à l'exception de la biomasse, également très développée en Allemagne), nécessite que le réseau soit suffisamment résistant pour rester stable.

Le débat fait rage sur le sujet, tant sur le montant de l'investissement nécessaire que sur les responsabilités en jeu. Selon les différentes sources, les estimations vont de 250 à 4.500 kilomètres supplémentaires de réseau à construire. En résumé, les écologistes reprochent aux industriels de surestimer ce coût (et donc leurs demandes de subventions) et de traîner les pieds.