Rénover un million de logements par an : le M. Bâtiment du Grenelle relève le défi

Par Dominique Pialot  |   |  515  mots
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L'avocat Philippe Pelletier, président du comité stratégique du Plan Bâtiment Grenelle de 2009 à 2012, vient de se voir confier par les ministres de l'Ecologie et du Logement la mise en musique d'une des promesses les plus ambitieuses du président de la République, réaffirmée lors de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre : la rénovation thermique d'un million de logements par an.

Son dernier chantier en tant que président du Plan Bâtiment Grenelle, un groupe de travail sur les financements innovants de l'efficacité énergétique, va sans nul doute se révéler utile à sa nouvelle mission.

Philippe Pelletier, co-fondateur et associé du cabinet d'avocats Lefèvre, Pelletier & associés et spécialiste de longue date du bâtiment (président de l'Agence nationale de l'habitat, l'Anah, de 1998 à 2008), vient en effet d'être chargé par Delphine Batho et Cécile Duflot de piloter et mettre en ?uvre le nouveau plan de performance thermique des logements.

Celui-ci s'inscrit dans le vaste programme d'efficacité énergétique annoncé par François Hollande et Jean-Marc Ayrault à l'occasion de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre. Avec en ligne de mire un objectif ambitieux conforme à l'une des promesses de campagne du candidat Hollande, la rénovation chaque année d'un million de logements, dont, en priorité, ceux des ménages les plus précaires.

Les collectivités territoriales en première ligne

Conformément à la lettre de mission qu'il a reçue ce mercredi 19 septembre, le plan concerne à la fois les logements anciens et neufs, et devra tenir compte des enjeux sociaux. S'il s'agit à terme d'abaisser la facture des ménages précaires en renforçant l'isolation de leurs logements, il importe de trouver les modes de financements autorisant les investissements de départ.

Le rôle des collectivités territoriales, et notamment des régions, est nettement affirmé dans cette lettre de mission, qu'il s'agisse d'évaluer les dispositifs existants, d'identifier les ménages les plus modestes ou d'organiser des guichets uniques à l'échelon régional. Mais c'est également dans les bonnes pratiques internationales qu'il faudra puiser l'inspiration.

Outre un objectif de baisse de la facture française et de lutte contre la précarité énergétique, le gouvernement compte sur ce plan pour créer de l'emploi non délocalisable. Un objectif qui ne pourra être atteint qu'à condition que le secteur du BTP se mette en ordre de bataille.

Créer de l'emploi dans un secteur qui en aurait détruit 35.000 en 2012

Même si les choses ont progressé dans la foulée du Grenelle, les professionnels reconnaissent encore un déficit de compétences et en tous cas des modes de travail inadaptés à cette ambition, notamment l'habitude de travailler en silos, chaque corps de métier séparément des autres.

Mais, comme cela se murmurait dans les coulisses de la Conférence environnementale la semaine dernière, le signal du million de logements à rénover est très bien accueilli par le secteur, qui annonce avoir perdu 35.000 emplois pour 2012, selon les déclarations du président de la Fédération française du bâtiment (FFB), Didier Ridoret.

Souhaitons à Philippe Pelletier de faire mentir les Cassandre sceptiques devant un objectif deux fois plus élevé que celui du Grenelle, qui visait 400.000 rénovations à compter de 2013, et semblait déjà hors d'atteinte à certains observateurs.

Pour l'heure, l'organisation et la feuille de route du "Plan Bâtiment 2012-2017" seront précisées début octobre.