EDF va louer des voitures électriques

Par Dominique Pialot  |   |  816  mots
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A l'occasion du Mondial de l'automobile, l'électricien est sur le point d'annoncer plusieurs initiatives fortes dans l'écomobilité, dont la location de voitures électriques à des flottes d'entreprises.

Pour EDF, ce Mondial 2012 marquera son entrée en fanfare sur le marché de la mobilité durable. C'est bien connu, le manque d'infrastructures de recharges constitue un frein majeur au décollage de la voiture électrique. A moins que ce soit l'inverse. C'est l'éternel problème de la poule et de l'oeuf. Qu'à cela ne tienne, l'électricien (partisan d'un déploiement modéré sur la voie publique au profit d'un équipement plus massif des particuliers et des entreprises) propose via sa filiale Sodétrel plusieurs offres de bornes destinées aux particuliers, aux collectivités ou aux entreprises. Il a signé à cet effet plusieurs partenariats avec des constructeurs, dont une exclusivité avec Nissan.
Jusque-là, rien de très surprenant de la part d'un électricien.

La location moyenne durée, un créneau stratégique

En revanche, son offre de location moyenne durée de véhicules électriques destinée aux entreprises, qui sera annoncée ce matin, constitue une initiative plus marquée dans l'écosystème de la «mobilité durable». Constatant que le créneau de la moyenne durée, qu'il estime stratégique, est déserté par les loueurs traditionnels (mais aussi par les constructeurs), il s'y engouffre grâce à un atout majeur: son offre de bornes de recharge. «Pour la courte durée, l'investissement dans une borne de recharge ne se justifie pas, mais cela représente un frein, explique Michel Couture, directeur de la mobilité électrique du groupe. Quant à une location longue durée, elle s'apparente à un achat à crédit, et suscite donc la même appréhension vis-à-vis d'un nouveau type de véhicules qui ne s'utilise pas comme un véhicule thermique.» Or Michel Couture est convaincu que c'est l'usage, via la location, moins engageante et moins onéreuse que l'achat, qui permettra de convertir massivement les automobilistes à l'électrique.

La maturité récente du marché

Pour lancer cette nouvelle offre, destinée aux flottes d'entreprises, EDF va réactiver sa filiale e-Lease. Créée en 1998 et détenue à 70% par EDF via sa filiale Sodétrel et à 30% par des loueurs, elle était dès l'origine positionnée sur le marché de la location, avec l'objectif de tester une offre de véhicules électriques sur une longue durée. «Mais dans les années 1990, le prix trop élevé, la durée de vie limitée de la batterie et finalement l'absence d'offre, se sont révélés des freins trop importants», témoigne Michel Couture.
Les temps ont changé: les batteries ont fait d'importants progrès en termes de capacité, de prix, de poids, de volume, de durée de vie; l'offre de véhicules se développe à grands pas, l'enjeu de la pollution est devenu majeur et le soutien public en faveur des véhicules décarbonés s'est nettement affirmé. EDF estime désormais le marché suffisamment mûr pour s'y implanter.

Une première flotte d'une trentaine de véhicules

L'électricien compte beaucoup avant tout sur sa capacité à proposer une offre duale comportant à la fois la voiture et (de façon facultative, mais qui devrait décider bien des entreprises, du moins l'électricien l'espère-t-il), l'infrastructure de recharge. «Cette location de durée moyenne -précisément de 1 à 23 mois- permettra de tester l'appétence des clients pour les véhicules électriques», assure Michel Couture. Dans un premier temps, la flotte sera composée d'une trentaine de véhicules, dont des iOn (développées par Mitsubishi pour Peugeot). Des discussions sont également en cours avec Renault pour des Zoé et avec Nissan pour des Leaf. Les tarifs de location ne sont pas encore définitivement arrêtés. A terme, les véhicules pourraient être revendus au grand public à des prix attractifs. «De nombreux experts pensent que le vrai marché de la voiture électrique sera celui de l'occasion», confirme Michel Couture.

Des partenariats tous azimut avec des acteurs de la mobilité durable

Plusieurs partenariats, l'un avec la start-up d'autopartage pour entreprises et collectivités Mopeasy, un autre avec Schneider Electric, un autre encore avec Axa Assistance complètent l'offensive d'EDF dans l'écomobilité.
Avec Mopeasy, détenteur d'un brevet pour un système sans radio permettant de fonctionner dans les parkings, EDF vient empiéter sur les plates-bandes d'Autolib avec une offre d'autopartage.
Avec Schneider Electric, il offrira une solution de recharge clé en main à destination des grandes surfaces, qui devraient devenir rapidement un marché important.
Avec Axa Assistance (mais aussi Europcar, Navteq et Schneider), c'est une plate-forme communautaire baptisée Plug & Move qui doit faciliter la vie des utilisateurs de véhicules électriques, grâce à des services de géolocalisation et d'information concernant les bornes de recharge.
Sur un marché de l'écomobilité tout juste émergent, où les cartes sont totalement rebattues et où la voiture n'est plus qu'un maillon parmi d'autres, EDF semble bien décidé à occuper le terrain.