CO2 : et si les chercheurs s'étaient jusqu'ici trompés...

Par Dominique Pialot  |   |  427  mots
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Une étude parue aujourd'hui dans la revue "Nature Climate Change" démontre que l'évolution des gaz à effet de serre n'est pas également proportionnelle à celle du PIB dans les périodes de crise ou au contraire d'embellie économique.

Les experts climatiques vont devoir réviser leurs modèles de prévision de l'évolution des émissions de CO2. En effet, alors qu'on les croyait jusqu'à présent directement proportionnelles à l'évolution du PIB, une étude parue dans la revue Nature Climate Change révèle que cette hypothèse n'est pas vérifiée. Le chercheur Richard York, de l'Université de l'Oregon, y révèle que le facteur est plus élevé lorsque l'économie se porte bien qu'en période de récession. Autrement dit, les émissions augmentent plus vite, proportionnellement à la croissance, qu'elles ne diminuent. Précisément, selon des calculs portant sur la période 1960-2008, les émissions de gaz à effet de serre par personne se sont accrues de 0,73 % par point de PIB supplémentaire, tandis qu'elles n'ont baissé que de 0,43 % lorsque ce dernier baissait d'un point.

Les consommateurs ne renoncent pas facilement à leurs habitudes énergétivores

Le chercheur voit plusieurs explications à ce constat : les infrastructures construites pendant les périodes fastes (routes, rails, capacités de production d'énergie, usines, etc.) continuent de fonctionner, même au ralenti, pendant les périodes de recul économique. De même, les biens fabriqués, qu'il s'agisse de bâtiments, de véhicules ou de produits électroniques consommateurs d'énergie, continuent également d'être utilisés. Les consommateurs ne renoncent pas facilement aux « mauvaises » habitudes prises au temps de l'énergie bon marché.

Le résultat diffère selon la forme et le lieu de la croissance

Le chercheur montre par ailleurs que l'évolution des émissions ne dépend pas seulement du produit national brut mais aussi de la façon dont se produit la croissance. Les émissions seront plus modérées si elle résulte d'une progression lente mais constante que si elle est le fruit d'à-coups faisant alterner crises et embellies économiques. Le rapport explique également pourquoi le chiffre qu'il indique est une moyenne, qui ne reflète aucun cas de figure précis : ainsi, un point de croissance dans un pays en développement entraîne une hausse des émissions plus importante que si la croissance intervient dans un pays développé.

Revoir les stratégies d'adaptation au changement climatique

Cette étude est d'autant plus digne d'intérêt que les stratégies d'adaptation au changement climatique élaborées par les entreprises ou les Etats sont toutes fondées sur les prévisions des émissions et de leurs conséquences (réchauffement, élévation du niveau de la mer, etc.), qui méritent apparemment d'être recalculées.