"Il faut s'assurer que les politiques budgétaires sont à la hauteur de la situation"

Par Propos recueillis par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  442  mots
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Vice-présidente de la Commission européenne, mais aussi commissaire à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté, Viviane Reding s'explique sur qui représente le gouvernement économique de l'Union, les modalités de futures euro-obligations et le rôle des investisseurs privés dans la crise de la dette souveraine de la zone euro.

Qui doit être le gouvernement économique de l'Europe : le Conseil européen, comme l'a dit la chancelière Merkel cet hiver, ou la Commission ?

La Commission européenne est le gouvernement économique de l'Europe. La Commission a été créée par les États-membres pour veiller à ce que l'intérêt général européen soit pris en compte. Elle est la seule institution européenne responsable devant le Parlement européen, lui-même directement élu par les citoyens européens.

Qui, alors, doit présider l'Eurogroupe à l'avenir ?

La Commission européenne avait déjà proposé en 2002 lors de la Convention sur l'avenir de l'Europe que l'Eurogroupe soit renforcé, avec à sa tête le commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires. Le Traité de Lisbonne a été rédigé de manière à permettre cette solution. Je suis en faveur de cette option car elle évitera la création d'une nouvelle institution, ce qui est la dernière chose dont l'Union européenne a besoin aujourd'hui.

Faut-il faire les "eurobonds" à dix-sept ou uniquement avec les six pays notés AAA ?

Avant de débattre sur la question des euro-obligations, la zone euro doit se doter de tous les instruments nécessaires à l'intégration et à la discipline budgétaire. Suite à l'accord sur un paquet de mesures pour renforcer la gouvernance économique, nous devons aller plus loin pour nous assurer que les politiques budgétaires nationales des Etats membres sont à la hauteur de la situation. La Commission fournira des détails sur cette procédure ce week-end, lors du Conseil européen. Pour cela, il faut que ces euro-obligations soient des obligations de stabilité : des obligations conçues de manière à récompenser ceux qui appliquent les règles et à dissuader les autres de s'en écarter. Il est évident que les pays de la zone euro AAA joueront un rôle clé dans ce contexte. La Commission présentera des options relatives à ces obligations de stabilité dans les semaines à venir.

La participation des banques à l'amortissement de la dette grecque est-elle une bonne ou une mauvaise idée ?

Dans un Etat de droit, le débiteur doit payer ses dettes, c'est un principe fondateur. Ce principe s'applique notamment lorsqu'un Etat est le débiteur, afin que la confiance de tous les acteurs économiques soit inébranlable. Je partage donc l'avis de Jean-Claude Trichet qu'une participation des créanciers privés à l'amortissement des dettes de la Grèce, si elle est s'avérait nécessaire, doit rester un cas exceptionnel et se faire de manière volontaire. Cependant, nous resterons fermes, tous les autres Etats de l'Union européenne rembourseront leur dette dans leur totalité.