Toyota C-HR : un beau pari gâché par la boite de vitesse

Par Nabil Bourassi  |   |  673  mots
Difficile de décrire cette silhouette tant elle est atypique. Elle ne ressemble à aucune autre carrosserie.
Le design clivant du C-HR est le bienvenu dans un segment où les carrosseries se bousculent et se ressemblent. Malheureusement, la dynamique de conduite ne reflète pas les lignes futuristes et agressives de ce SUV.

C'est un vrai pari pour Toyota. Le constructeur automobile japonais a décidé de revenir sur le segment des SUV avec une offre très audacieuse, tant sur le choix de la technologie que sur le design. Le résultat de cette stratégie a donné le C-HR, un SUV de segment C. Il faut dire que dans cette catégorie, l'offre est tellement pléthorique (Qashqai, Kadjar, Tiguan, 3008, Ateca, Duster...) que tout nouvel entrant doit désormais se démarquer.

Un concept-car? Non, le modèle de série...

Avec le C-HR, Toyota a poussé le bouchon loin, un peu trop loin selon certains. Présenté au salon de Genève 2016, des journalistes ont interrogé Toyota sur cet étrange "concept car"... Sauf qu'il s'agit du modèle de série ! Mais Toyota assume le caractère clivant du C-HR.

Difficile de décrire cette silhouette tant elle est atypique. Elle ne ressemble à aucune autre carrosserie. Le bouclier donne une impression de robustesse. Du Prius, il reprend ces lignes qui prennent source du logo pour donner naissance aux phares. De là, une autre ligne va contourner les portes arrière par le bas avant de remonter sur les feux arrières. Cela donne des flancs musclés et galbés, mais surtout de la hauteur à la silhouette. Bien vu pour un SUV ! C'est à l'arrière que le design est le plus fou. Le toit fuyant est un évident clin d'œil à la mode des SUV coupés des BMW et Mercedes. Cela donne de la sportivité. Si on ajoute à cela les feux qui se prolongent sur les flancs avant d'entourer légèrement le coffre, le C-HR verse quasiment dans l'agressivité. On aime ou on n'aime pas...

L'originalité transpire jusqu'à l'intérieur

A l'intérieur, l'ambiance est également à l'originalité... La planche de bord a été pensée par étage avec des effets matières intéressants. Une surface en cuir surplombe une baguette en chrome brossé, argent ou d'une autre couleur pour un beau contraste, puis on retombe sur du plastique classique. Là encore, c'est une question de goût, mais pas question de critiquer la prise de risque là où d'autres redoublent d'austérité. En revanche, cette planche de bord prend beaucoup de place... Un peu trop en réalité ! On se sent assez vite à l'étroit, et le passager n'a pas le confort aux jambes qu'il a pourtant dans une Prius. En revanche, on aime ces petits panneaux carbones sur les parois des portières.

Au-delà des considérations subjectives autour du style et du parti-pris de l'aménagement intérieur, il convient également de se pencher sur l'agrément de conduite de cette voiture hybride. De ce point de vue, c'est plutôt la déception. Un an après avoir essayé la Prius dont nous avons chanté les louanges, nous avons été surpris par le C-HR.

Maudite boîte CVT...

Si le moteur tient bien la distance, nous ne sommes en revanche absolument pas convaincus par sa boite CVT. Celle-ci pêche par son absence de réactivité que ce soit en côte ou en relance. Oh qu'elle n'aime pas ça ! Attendez-vous à l'entendre crier tout le long d'une côte. Vous souffrirez de la soumettre à un dépassement un peu sportif sur une bretelle d'autoroute. En clair, Toyota nous vend une voiture au design plein de testostérone, mais à condition de la conduire avec beaucoup (beaucoup bis) de douceur... Vraiment dommage puisque sur du plat, ce moteur essence hybride n'a aucun problème pour assurer sur du 130 km/h voire davantage si on ne fait pas attention...

On salue l'audace et la recherche stylistique. Le C-HR assume une vraie personnalité distinctive, un vrai plus sur un marché automobile saturé. On regrette néanmoins une boite CVT qui gâche tout ce que Toyota a pourtant l'habitude d'offrir en matière d'agrément de conduite. On fait le pari que ce défaut sera vite réparé et révélera ce que le potentiel réel du C-HR.