L'enjeu de 2017 : réduire l'Etat Providence, restaurer l'Etat !

Par Les Arvernes  |   |  926  mots
John Maynard Keynes. "En France, le lien entre le socialisme et le keynésianisme a longtemps dominé et a poussé l'État Providence à son paroxysme, justifiant l'étonnement toujours nouveau des Américains pour cette « Union soviétique qui a réussi » "
La droite doit cesser d'être tétanisée par l'hégémonie culturelle de la gauche. Elle doit restaurer la place de l'Etat, colonne vertébrale de la Nation, et pour cela réduire à sa juste mesure l'Etat Providence. Par Les Arvernes

L'Etat Providence étouffe la France. Les débats surréalistes qui ont entouré les propositions de François Fillon de réduction d'un emploi public pourtant clairement pléthorique ou de réduction de certains remboursements dans la santé l'attestent : l'Etat Providence est dans notre pays un totem, et sans soute le plus puissant pilier du conservatisme.

 Une droite tétanisée par l'hégémonie culturelle de la gauche

Certes, la France n'en est pas l'inventeur. C'est au Royaume-Uni, n'en déplaise aux prétendus libéraux français, lointain écho au « réactionnaire rouge » qu'était Bismarck, que Lord Beveridge, en 1942, en a posé les principes. Pourtant, la France, où le lien entre le socialisme et le keynésianisme a longtemps dominé, et innervé jusqu'au cœur d'une droite tétanisée par l'hégémonie culturelle de la gauche, a poussé l'État Providence à son paroxysme, justifiant l'étonnement toujours nouveau des Américains pour cette « Union soviétique qui a réussi ». Qu'on en juge. De l'ordre de 30% au début des années 1960, notre taux de prélèvements obligatoires excède 45%, soit 10% de plus que la moyenne de l'OCDE. La sur-administration enserre le citoyen, qui ne peut faire un pas sans buter sur la complexité toujours plus grande d'un corpus réglementaire et fiscal alimenté par l'Etat, les collectivités locales, la sécurité sociale, l'Europe.

Disons-le tout net : dans un monde où la conflictualité politique, économique, et sans doute militaire est le maître mot pour les décennies à venir, l'enjeu qui se présente à la France en mai 2017 est clair : restaurer la place de l'Etat, colonne vertébrale de la Nation, et pour cela réduire à sa juste mesure l'Etat Providence !

 Restaurer l'État, une urgence

Restaurer l'Etat comme seul lieu de la souveraineté, une et indivisible. Ceci ne signifie nullement penser un monde autarcique, contraire à la tradition et aux intérêts fondamentaux de la France. Ceci signifie regarder le monde tel qu'il est, et non pas tel que les euro-béats ou les néo-conservateurs le voient depuis un quart de siècle ! Ceci exige de regarder enfin la construction européenne comme ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être : un simple outil, qui n'a de sens qu'en ce qu'il sert les intérêts de la France en lui permettant de démultiplier sa puissance. Ceci implique de dissiper sans ambiguïtés les doutes entourant la modernisation de notre force de frappe nucléaire, colonne vertébrale de notre existence au monde, sans laquelle la France renoncerait définitivement au statut de puissance.

Restaurer l'État en termes d'efficacité. Daniel Halevy, en parlant de « constitution administrative de la France », a montré comment l'Etat, machine administrative, a depuis 1789 compensé, pour le bien de la France, l'instabilité de l'État comme incarnation du pouvoir politique. Les Français l'ignorent, mais cet État, qui est leur propriété, a été considérablement affaibli par quarante années de gouvernements faibles et de politiques incohérentes. De fait, cet État est de moins en moins capable de répondre à leurs exigences légitimes en matière de qualité du service public, y compris et surtout pour celles qui ne sauraient être transférées au secteur privé. Restaurer l'État, c'est-à-dire vivifier les principes de responsabilités, attirer les talents, renoncer enfin aux missions que le privé sait mieux remplir, est une urgence depuis trop longtemps différée.

Restaurer l'État en ce qu'il recouvre l'Etat de Droit. Les Français, à juste titre, sont exaspérés par ces lois votées pour n'être que trop rarement ou trop insuffisamment appliquées. Ils ne supportent plus, depuis les petits faits de délinquance des quartiers jusqu'aux turpitudes au plus haut sommet de l'Etat et de la société (récemment Christine Lagarde « coupable », mais non sanctionnable), le sentiment qu'une forme d'impunité règne. Il est temps, enfin, de se donner les moyens de repenser en profondeur l'intégralité de la chaîne pénale, et de satisfaire le besoin, si justifié, de sécurité et de justice.

 Un État restauré n'est pas liberticide

Les chiens de garde d'un libéralisme mal compris objecteront qu'un tel Etat serait nécessairement liberticide. C'est le contraire qui est vrai. La restauration d'un Etat fort impose qu'il soit capable, en retour, de rendre pleinement aux français la responsabilité de leurs comportements individuels, quand ceux-ci ne contreviennent pas au bon fonctionnement de la société et à l'intérêt de la Nation. Les exemples ne manquent pas. Dans le domaine de l'éducation, sujet absolument central, il est urgent de se souvenir que l'école ne dispense que l'instruction publique, et qu'elle n'est pas là pour éduquer, ce qui est la responsabilité des familles.

Plus généralement, alors que même l'Europe, dont le mantra a si longtemps été « je régule donc j'existe », a compris le besoin de se limiter, l'Etat doit inverser cette tendance insupportable, pour paraphraser Georges Pompidou, à sans cesse interférer dans la vie des français. L'année qui commence montre que c'est encore un objectif lointain, avec son cortège d'infantilisations, depuis le durcissement des infractions au code de la route jusqu'au paquet neutre de cigarettes !

 En définitive, la France a besoin d'un Etat fort et de citoyens responsables. Pour cela il n'est qu'un moyen : ramener l'Etat Providence aux limites raisonnables dont il n'aurait jamais dû sortir.

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, chefs d'entreprises, essayistes, professeurs d'Université.