Guy Verhofstadt, le troisième homme du Brexit

Par Florence Autret  |   |  542  mots
Le raffut parlementaire autour du CETA montre qu'il faudra compter avec le Parlement européen dans la négociation avec le Royaume-Uni. Sa nomination est passée inaperçue, mais il y a peu de chances qu'il reste longtemps à l'écart des radars médiatiques.

Le libéral belge Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre et actuel président du groupe ALDE au Parlement, sera l'homme de l'assemblée parlementaire européenne pendant les négociations du Brexit. Il en fallait un.

L'accord qui sera noué avec le Royaume-Uni requiert l'aval du Parlement... en fin de processus. Mais le récent précédent du CETA, où le manque de consultation parlementaire a failli faire capoter la signature, ne laisse pas le choix aux négociateurs en chef à la Commission et au Conseil européens : les 751 députés devront être consultés et entendus de bout en bout des discussions pour éviter une foire d'empoigne, en pleine campagne des élections européennes.

Comment ? Cela reste à voir.

« Il faudra associer Guy Verhofstadt sans qu'il ne soit autour de la table », indique une source d'une des deux autres institutions.

Le député n'a quant à lui rien dit en public sur le sujet, même s'il a déjà des entretiens réguliers avec Jean-Claude Juncker et celui qui dirige la petite équipe du Conseil, Didier Seeuws, une vieille connaissance. Seeuws fut son chef de cabinet quand lui était Premier ministre belge. Assez vite, il devra trancher, avec le président de l'Assemblée Martin Schulz, et ceux des groupes politiques, une question de calendrier : quand présenter la résolution dans laquelle le Parlement dessinera ses lignes rouges ?

Quelles seront les dispositions à prendre pour le Brexit ?

Avant ou après le Conseil européen d'avril où seront adoptées les « lignes directrices », autrement dit la méthode et les principes de la négociation ? Le faire avant lui fait courir le risque d'être démenti, après de passer pour suiviste.

Pour l'instant, il s'en tient à la consigne agréée par Michel Barnier, le négociateur en chef de la Commission, et l'équipe de Donald Tusk, au Conseil :

« Ne pas trop en dire à la presse. »

Mais dans les rangs même du Parlement, certains appréhendent les prises de position d'un homme qui a eu l'ambition de devenir président de la Commission et a longtemps siégé au Conseil européen.

« Il devra prendre garde à modérer ses propos et à ne pas jeter de l'huile sur le feu », explique l'Allemand Sven Giegold.

Fédéraliste convaincu, Verhofstadt n'a jamais aimé les multiples opt outs britanniques, peut être pas au point de se réjouir du Brexit, mais assez pour ne pas le pleurer.

« Il y a parfois un sentiment de ressentiment dans la manière d'aborder la négociation, ce n'est pas mérité. La tristesse du départ du Royaume-Uni doit être ressentie jusqu'au bout », explique le député écologiste.

En attendant, les députés font leur home work.

Commission par commission, ils listent les sujets.

« Plus on avance, plus on découvre de complications », explique une source parlementaire.

Mais d'ores et déjà, Guy Verhofstadt apparaît comme un allié naturel de la Commission européenne, qui aura la tâche difficile de défendre l'unité et l'identité de l'Union, l'indivisibilité des « 4 libertés » (libre circulation des capitaux, des biens, des services et des personnes) contre la tentation de compromis boiteux qui ne manquera pas de surgir du côté des États membres.