Hollande, un seul objectif : 2017 !

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  1049  mots
François Hollande nous prépare à manger le reste du pain noir de la crise. Lors des élections de intermédiaires, il va seulement chercher à limiter la casse. A l'automne 2015, s'ouvrira une nouvelle séquence: à gauche toute! Par Jean-Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne

François Hollande est le Président impopulaire assumé d'une « France en tranchées ». Il savait que le faible capital politique crée par la victoire de 2012 ne pouvait nourrir l'espoir d'une conversation durablement confiante avec le peuple français. Il a confirmé hier ne pas s'en émouvoir. Comme s'il digérait, dans sa stratégie politique personnelle, les géographies et les temporalités réelles de ces différentes poussées contestatrices. Il nous rappelle sans cesse depuis des mois, il l'a redit hier, à plusieurs reprises : 2017 est le rendez-vous. Le seul! C'est à ce moment là qu'il faudra tout évaluer, ses résultats et donc sa popularité.

Un fin chimiste politique

Si on peut s'interroger encore sur sa stature d'homme d'Etat, François Hollande est un fin chimiste politique. Il ne veut pas être Gerhard Schroeder. Il serait plutôt un maître des temps politiques de type Mitterrandien, un narrateur du flou qui sait où il va. Il gère un quinquennat. Le sien. Il a programmé les séquences de son premier mandat.

En 2013 s'ouvrait bien une séquence de deux ans. Une période de combat économique et social « assumée » dans son positionnement déclaré de social libéral diront certains, de social démocrate comme lui se décrit, lui qui se dit aussi patriote, européen, social et réaliste!

Une période dos rond jospinien

 C'est une séquence qu'on sent destinée nous faire manger le reste du pain noir de la crise qu'il présente comme s'éloignant progressivement de nos rivages. Période de dos rond jospinen, « L'Etat ne peut pas tout », surtout s'il veut dépenser moins pour réduire son déficit et un jour baisser les impôts…. quand ? Le temps présent est donc celui du combat économique et de la réduction des déficits. Il a débuté en 2013 et il faut accélérer. Le pari est celui d'un environnement économique qui s'améliore autour de nous. De l'Espagne aux USA en passant par l'Allemagne, tout le monde progresse ou stoppe la chute.

Hollande peut encore oublier la gauche...

C'est vrai qu'une conférence de presse programmée à 16h30 s'adresse avant tout aux corps intermédiaires, médias, syndicats, entreprises … des cibles prioritaires dont il veut regagner la confiance. Il ne s'agit pas de renouer avec le peuple, même celui des gauches. Ce sera l'objet de la séquence suivante. Nous sommes encore dans un temps où il peut oublier sa gauche. Il reste du temps avant le vrai rendez-vous politique qu'il fixe à 2017.

Perdre et limiter la casse

La séquence social-démocrate qui nous conduira à l'automne 2015 est celle qui propose pourtant des rendez-vous électoraux importants. Des élections de mi-mandat dont il sait comme nous qu'elles sont, quelle que soit la situation politique, économique et sociale du pays, des élections quasiment perdues d'avance pour le Président en place et sa majorité. En 2014 et pendant la première moitié de 2015, perdre et limiter la casse politique sera donc la ligne.

Resserrer la famille, affaiblir les alliés de gouvernement

En ce sens tout décrit le maintien, durant ce temps, de Jean Marc Ayrault, bouclier anti missile cité hier à plusieurs reprises et comme confirmé au moins jusqu'à l'été 2014 peut-être même jusqu'à la fin de cette séquence. Il gouvernera mieux le PS, sa majorité et les gauches et surtout son propre Gouvernement après les prochaines défaites annoncées aux municipales et aux européennes puis aux régionales et cantonales en 2015. C'est aussi une séquence pour nettoyer par l'élection et remettre de l'ordre par les défaites dans la féodalité socialiste pour resserrer la famille tout en affaiblissant les alliés de gouvernement.

 Un front sociétal pour la troisième séquence, à l'automne 2015?

A l'automne 2015, il le décrit aussi, arrivera la troisième séquence de son quinquennat. Une transition de combat politique avant la campagne électorale. On peut imaginer un remaniement et l'arrivée, d'un nouveau Premier ministre. Elle pourrait être marquée par l'ouverture d'un front sociétal comme certains le décrivent déjà. Le Président a déplacé à la fin de 2015, le débat sur le vote des étrangers non communautaires aux élections locales. L'UMP devra dire non en même temps que le FN.

Avec ? François Hollande sait que les frontières s'agitent beaucoup et depuis longtemps au niveau des électeurs des deux partis. Il voit aussi que les lignes bougent aussi chez les élus locaux. Il parie sur des murs qui vont tomber un jour ou l'autre et il voudra dynamiter quelques pans avec le retour dans le débat public de cet engagement de sa campagne. Il mobilisera en même temps son camp et toutes les gauches resserrées par les défaites. Même celles et ceux qui ne veulent pas de ce texte, refuseront encore davantage que les droites occupent ensemble la rue et s'allient potentiellement.

Une séquence positionnée beaucoup plus à gauche

Ce sera enfin l'introduction d'une séquence que l'on peut déjà deviner positionnée beaucoup plus à gauche, celui du gouvernement de campagne. Il parlera alors n'en doutons pas à ses véritables cibles électorales. Celles qui peuvent le faire gagner son combat, celui de l'élection de 2017. Il le dit : je reste socialiste et de gauche. Elu ainsi, réélu ainsi ? En préparant un affrontement électoral dont il aura soigneusement modelé le cadre dans la même période. François Hollande finira, en effet, le travail en introduisant la proportionnelle pour les législatives de 2017, ce qui finalisera la mise à jour de l'échiquier politique national. Elle sera l'arme principale de la recomposition politique du pays. Elle est entre les mains de François Hollande. L'UMP en sera le principal otage, même en cas de victoire parlementaire future : elle ne pourra pas gouverner seule et peut-être pas sans le FN.

Nous en doutions, mais François Hollande est bien le seul scénariste politique de son mandat. Il ne s'agit pas de narration mais bien d'action politique. François Hollande a un seul objectif : 2017 !

 

*Président de j c g a

Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals