France : la rigueur dans l'impasse

Par Olivier Passet, Xerfi  |   |  494  mots
Olivier Passet, directeur des synthèses économiques de Xerfi / DR
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la rigueur dans l'impasse en France.

Jusqu'où pourra aller la rigueur en France ? Il est toujours délicat d'interpréter le message d'une élection. Mais il est clair que le désaveu des élections municipales fédère ceux qui sanctionnent l'absence de dimension sociale de la politique gouvernementale et le ras-le-bol fiscal de toute une partie de la population.

La rigueur est bien en ligne de mire de ce vote sanction

La rigueur française peut certes sembler modérée au regard de ce qui s'est produit dans d'autres économies européennes. Mais elle est triple :

  • Elle est monétaire. Le taux de change réel de l'euro n'est pas à son sommet mais il s'apprécie alors même que les entreprises françaises continuent à perdre des parts de marché. Les taux d'intérêt sont faibles, mcais la diminution actuelle des prix de production propulse des taux d'intérêt réels à un niveau élevé pour les entreprises.
  • La rigueur est également budgétaire puisque le gouvernement, même s'il peut donner l'impression d'avancer à petit pas, a fourni l'un des plus gros efforts de consolidation des économies développées de 2009 à 2013. Et il a encore face à lui 1,5 à 2 points de prélèvement sur le PIB à accomplir.
  • Elle est fiscalo-sociale, puisque le pouvoir d'achat par unité de consommation a encore reculé de 0,3 % sur l'ensemble de l'année 2013 et rechute lourdement depuis le milieu de l'année.

Le problème est ensuite dans la perception qu'ont les agents privés de l'horizon de sortie de la rigueur

La rigueur pénalise d'autant moins l'activité réelle qu'elle est perçue comme un épisode transitoire. L'épargne peut jouer alors son rôle d'amortisseur. Or c'est précisément sur ce point que le gouvernement est véritablement en échec. Il a opté pour une stratégie graduée pour épargner l'activité réelle mais par manque de crédibilité, il a créé dans le même temps le sentiment d'un tunnel sans fin qui mine son objectif. Et le léger dérapage du déficit fin 2013 participe à nouveau à ce sentiment. Le problème n'est pas tant d'avoir fait 4,3 au lieu de 4%. Mais plutôt le fait que l'horizon de relâchement de la rigueur ne cesse d'être différé.

D'où les annonces présidentielles faisant miroiter des baisses d'impôt d'ici 2017

Avec le pacte de solidarité, il tente de faire entendre que la rigueur aura une fin. Sauf que pour l'heure la pression est bien là, sur les ménages, et que les promesses demeurent des chèques en blanc. Pour inverser les anticipations, il faudra autre chose que des annonces. Or cette chose ne peut être que la croissance, autrement dit les premiers dividendes de la politique de l'offre. Cela ressemble bien à une impasse, car il n'y aura pas de dividendes sans coopération européenne, ce mot que l'on ose à peine prononcer tant il fait partie ces voeux pieux, sans prise sur le réel.