Grand débat  : tous perdants  !

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  416  mots
Qui a gagné au grand débat d'hier ? Pour Jean Christophe Gallien, c'est l'abstention qui tire son épingle du jeu ! Par Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, Président de j c g a

Selon les chiffres de Médiamétrie, 6,3 millions de téléspectateurs en moyenne ont suivi le "Grand débat". Soit près d'un tiers des téléspectateurs de la soirée ! Une performance populaire presque incroyable tant ce long moment télévisuel fut indigeste médiatiquement et insipide politiquement. C'est la preuve du formidable appétit démocratique des français et de ce qui reste de leur espérance électorale.

Heureux ceux qui avaient choisis un autre programme ou qui avaient désertés les écrans quels qu'ils soient. Le seul parti qui a gagné hier soir est celui de l'abstention. Le débat aura encore fait grossir le nombre des hésitants voire des voire même de ceux qui ont déserté l'espace du vote.

Il ne s'agit d'accuser aucun participant en particulier sauf peut être le binôme d'animation omniprésent et beaucoup trop bavard. Le premier débat souffrait déjà de la longueur de son format. Celui-ci fut encore plus long ! Presque sans fin et finalement sans contenu réel et sans performance politique.

Finalement tout fut lissé, effacé, anesthésié

Le niveau collectif et individuel des candidats, le contenu de l'offre électorale et programmatique, les spectateurs qui se noient dans ce show en pointillé, seulement réveillé par quelques fulgurances et de trop rares échanges entres acteurs. Des candidats qui se sont tous réfugiés dans des tunnels isolés, usants, inefficaces et frustrants pour eux et pour nous. Décrochement programmé.

Les 5 du premier débat ont tous chutés. Sans exception, Benoit Hamon, Jean Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et François Fillon furent tous emportés la vague scélérate. Aucun ne put incarner une résistance réelle à ce nivellement par le bas, et je ne vise aucun autre candidat non plus, juste le format fastidieux, inaudible et au final très déstabilisant pour eux et pour nous tous. Cet échec médiatique qui vient confirmer la catastrophe électorale en cours nous interpelle au delà d'une offre politique en grande difficulté : sommes nous encore un grand pays ? Avons nous un destin ? Il y a comme une déception programmée. La certitude d'un déclin qui s'impose à chacun d'entre nous en live par les écrans. Tous perdants ?

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Par Jean Christophe Gallien

Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Président de j c g a, CEO de Zenon7
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals