La baraka électorale d'Emmanuel Macron

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  546  mots
En 2019, la loterie du calendrier électoral propose à la nouvelle scène politique française une épreuve qui semble taillée sur mesure ou presque pour Emmanuel Macron. Par Jean-Christophe Gallien, professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, président de j c g a.

Terrible constat pour ses opposants : la baraka d'Emmanuel Macron ne semble pas trouver de fin. En 2019, la loterie du calendrier électoral propose à la nouvelle scène politique française une épreuve qui semble taillée sur mesure ou presque pour Emmanuel Macron. Élections locales, municipales ou régionales et les vieux partis auraient pu espérer traduire leurs efforts de résistance en victoires de refondation, l'élection des parlementaires européens s'annonce comme un véritable tapis rouge politique pour le président Macron et ses deux meilleurs ennemis, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Incroyable agenda baraka donc qu'Emmanuel Macron va probablement customiser encore davantage en sa faveur. Exit le fiasco démocratique des improbables huit grandes régions dessinées par les auteurs de la réforme 2003. Retour à la circonscription France, au scrutin national et à sa proportionnelle photographique de l'opinion.

Valorisation politique de la marque Macron

La France, une circonscription électorale qui colle aux capacités d'action politique de la structure naissante du parti présidentiel encore peu enraciné localement malgré sa nette victoire aux dernières législatives.

La France, une circonscription nationale qui offre la simplification de l'effort de marketing électoral vers une campagne nationale, valorisation politique parfaite pour la marque Macron.

L'élection européenne impose aussi la thématique centrale, celle-là même qui a structuré la stratégie politique de campagne, puis d'installation et enfin de gouvernement d'Emmanuel Macron. La question européenne déplacera l'enjeu du match électoral très au-delà des risques politiques de la vie réelle de la France territoriale. Un véritable cadeau politique pour un Président et son Gouvernement qui pourront aisément diriger les lumières de cette élection vers un référendum pour ou contre l'Europe.

Voilà une excellente nouvelle pour les porte-voix autoproclamés de la France du NON, les deux autres marques politiques nationales encore en piste, véritables alliées objectives de la Marque Macron : Jean-Luc Mélenchon et Marine le Pen. Bad news, par contre, pour les fantômes socialistes et Laurent Wauquiez futur président des Républicains encore fracturés sur l'Europe et sur bien d'autres sujets. Quelle place leur restera-t-il dans ce contexte ?

Recomposition VS refondation

Ce sera donc une bataille entre la poursuite de la recomposition poussée par les vainqueurs et les refondations entamées par les vaincus de 2017. On sent qu'Emmanuel Macron veut frapper fort. L'addition d'une circonscription nationale, du mode de scrutin, de l'enjeu européen et de sa fracture politique binaire traversant tous les partis, lui offre l'occasion de créer une alliance à nouveau présidentielle autour de LREM avec le MoDem, l'UDI, les Radicaux et d'approfondir encore son travail d'élimination en recrutant les futurs transfuges européens Républicains et socialistes.

2019 est en fait le premier acte d'un parcours électoral... présidentiel enchaînant trois autres scrutins locaux, municipales en 2020, départementales et régionales en 2021 avec une finale prévue en 2022. Alors, recomposition finale ou refondations ? Quelque chose nous dit que les jeux sont déjà faits.

___

Par Jean Christophe Gallien

Professeur associé à l'Université de Paris 1-La Sorbonne
Directeur général de ZENON7 Public Affairs et Président de j c g a 
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals