La génération sacrifiée des “diplômés Covid”

Par Jean-Claude Puerto-Salavert  |   |  497  mots
Offre de stage, réseau d'anciens élèves, aide financière... De nombreuses pistes existent pour aider les jeunes diplômés à trouver un emploi. (Crédits : unsplash)
OPINION. La crise sanitaire liée au Covid-19 a eu un impact dévastateur sur les jeunes diplômés qui ont vu leurs perspectives d'embauche réduites à néant. Pour les aider à intégrer le marché du travail, les grandes écoles ont un rôle capital à jouer. Par Jean-Claude Puerto-Salavert, PDG d’Ucar et président des anciens élèves de l’Insee.

Une réunion a eu lieu à l'Élysée, le jeudi 4 juin, pour favoriser l'intégration des 700.000 étudiants qui parviennent sur le marché de travail. Il était grand temps !

Les secousses économiques provoquées par la crise sanitaire seront-elles dévastatrices ? Elle le sont déjà ! Et elles le sont d'abord, sans qu'on le réalise vraiment, pour les 700.000 jeunes qui sortent des écoles et arrivent avant l'été sur le marché du travail. La réalité, la voici : les portes leurs sont fermées.

Nous nous préparons à accueillir cette nouvelle génération. Mais le tsunami qui nous a pris par surprise nous oblige à éponger les déficits sans nous poser trop de questions. Il s'agit de remettre progressivement nos entreprises en ordre de marche, de remettre au travail nos collaborateurs anesthésiés par le confinement, de renouer avec un chiffre d'affaires qui puisse sauver l'emploi. Les États, les banques centrales, les institutions internationales et européennes ne ménagent pas leurs efforts pour amortir le choc. Les entreprises, grandes, moyennes, petites, démontrent que, elles aussi, jouent le jeu, s'adaptent, innovent, assument leurs responsabilités.

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Une dangereuse absence de statut

Hélas, l'embauche des jeunes diplômés est remise à plus tard. Le retour à la normale prendra des mois. C'est ce délai qui est anormal ; une génération entière est abandonnée sur le bord de la route.

Comment nos jeunes diplômés vont-ils faire ? Les plus chanceux sont aidés par leur famille, qui elle-même, parfois, est frappée par la crise ; d'autres doivent impérativement trouver un emploi précaire. Ne serait-ce que pour rembourser ce prêt étudiant qui leur aura permis de financer leurs études.

Le plus traumatisant est de gérer une absence de statut. Ces jeunes ne bénéficient plus du statut protecteur de l'étudiant et pas encore de celui du salarié. À la perspective de se retrouver sans emploi, l'anxiété grandit dans un isolement néfaste. Nous devons leur tendre la main, nous mobiliser et proposer des mesures exceptionnelles.

Réduire les frais de scolarité

 Les écoles doivent assumer leurs responsabilités et accompagner leurs étudiants conformément à leurs promesses lors des recrutements. Pourquoi ne pas prolonger le statut d'étudiant, très provisoirement ? Et leur permettre de passer ce cap difficile grâce à un stage ? Mieux vaut entrouvrir les portes du marché de l'emploi plutôt que tourner en rond dans un studio.

Pourquoi ne pas réduire les frais de scolarité ? La dernière année a été contrariée dans son déroulement, et les écoles ont fait quelques économies du fait du confinement.

La jeunesse nous parle, nous observe et attend que nous nous montrions à la hauteur des enjeux. Il y a urgence à agir.

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