Le changement climatique n'est pas la priorité majeure du monde

Par Bjorn Lomborg  |   |  571  mots
C'est seulement en Europe qu'on juge prioritaire la question du changement climatique. Par Bjorn Lomborg, directeur du Copenhagen Consensus Center et professeur adjoint au Copenhagen Business School. Bjorn Lomborg commente chaque jour l'actualité de la COP21 pour La Tribune

Il n'y a aucun activiste en vue ici au Bourget dans la Banlieue de Paris où se déroule actuellement le sommet sur le climat. La zone a été bouclée, ce qui est compréhensible, et l'on y retrouve quasiment pas de public.
Cependant, bien que les marches préalablement planifiées aient été annulées pour des raisons de sécurité, vous trouverez encore beaucoup de manifestants passionnés qui tentent de faire pression dans les médias et ailleurs sur les intervenants de ce débat climatique en faveur d'un traité plus drastique.

 Des activistes bien intentionnés, mais...

Beaucoup parmi ces manifestants disent parler aux noms des populations pauvres de la planète. Ils font clairement entendre aux participants de ce sommet - les négociateurs climatiques, les politiciens, les bureaucrates et les médias internationaux - que la priorité la plus urgente dans le monde actuellement est une action contre le réchauffement climatique.
Sauf que ce n'est pas le cas. Ces activistes sont de bonne foi et bien-intentionnés. Mais leurs passions et les intérêts des populations les plus démunies du monde sont loin d'être similaires.

Lorsque nous considérons l'évolution des pays en voie de développement, nous devons reconnaître les récents progrès qui ont été réalisés : des améliorations considérables en matière d'espérance de vie, un accroissement de l'accès à l'éducation, une baisse de la pauvreté et de la faim dans le monde. Mais il reste encore beaucoup de chemin à faire pour améliorer la qualité de vie des populations. (Voici les 19 investissements phénoménaux, approuvés par des lauréats du Prix Nobel, qui devraient être priorisés).
L'ONU a demandé à 8 millions d'individus à travers le monde quelles politiques ils choisiraient en premier lieu. Autant pour les répondants du monde entier que ceux des pays les pauvres, le climat vient à la 16e place sur 16 choix, après 15 autres priorités.



En lieu et place du climat, les populations privées de moyens d'expression nous indiquent clairement leurs priorités : la qualité de l'éducation figure au top de leur liste, suivi par un meilleur accès aux soins, un meilleur accès à l'emploi, un gouvernement intègre et proactif, et un meilleur accès à une alimentation nutritive.

Le changement climatique, une préoccupation de riches

L'expression « la plus grande problématique de monde » est devenue un moyen banal pour rejeter les jérémiades des privilégiés. Mais le changement climatique préoccupe effectivement beaucoup plus les pays développés que les plus mal lotis dans le monde.
Les activistes qui bravent le froid dans les rues de Paris peuvent argumenter que le changement climatique pourrait empirer ces autres problèmes : le paludisme va s'endémiser ; la nourriture va se raréfier ; les désastres climatiques vont s'empirer. Cela peut être vrai, néanmoins cet argument s'applique également à tous les problèmes : la malaria ne fait pas que tuer, elle réduit aussi le taux de fréquentation scolaire, affecte les systèmes de santé, érode l'économie et rend tout le monde plus vulnérable aux autres problématiques.
Les problèmes climatiques suscitent beaucoup de passion ici à Paris. Mais cette passion est loin de s'aligner aux aspirations et aux besoins des populations les plus pauvres de la planète.

Traduit par  Ninah Rahobisoa