Le jeu absurde des primaires : élection, piège à cons ?

Par Virginie Martin  |   |  520  mots
Sous couvert de démocratie et de modernité, les primaires sont un jeu absurde, qui ne résout en rien la crise de confiance envers la politique. Par Virginie martin, Kedge Business School Kedge Business School.

 Au nom de la démocratie et d'une forme de modernité, politologues, journalistes et responsables politiques dans leur grande majorité ont souvent défendu le principe des Primaires.

Pour ma part, j'ai avancé dès le début des années 2010, combien ces Primaires étaient une fausse bonne idée. Mais, comme souvent en France, les voix discordantes peinent à se faire entendre... Cette mascarade - estampillée démocratique et moderne - prête à sourire. Au delà du jeu d'ego qu'elle favorise, cette désignation d'un candidat via le principe des primaires est un voyage dans l'absurde pour trois raisons - entre autres.

 Démonétisation de la politique...

Tout d'abord, la méfiance envers la politique ne se résoudra pas à coup de primaires. Les ego, tous alignés sagement sur fond bleu, tentent de faire voir leurs différences sans trop se démarquer ni paraître trop agressifs pour ne pas être le « unfair » de l'affaire. Un jeu d'équilibriste qui confine au ridicule et donne à faire à l'électeur un travail d'orfèvre pour celui qui veut différencier untel ou untel sur la réduction des fonctionnaires ou sur l'anéantissement du chômage. Des enjeux colossaux réglés à coup de morceaux de prise de parole chronométrés au millimètre. Des problèmes qui devraient être vus de « haut », globalement, et qui sont prisonniers d'un chrono et d'un format tv policé.

Démocratie ou pas, modernité ou pas, la démonétisation de la politique est bien trop importante pour que ce ce spectacle télévisé puisse réduire le fossé entre les électeurs et le personnel politique et fasse croire que les solutions sont à portée de main.

 ...et vote de gauche à une primaire de droite

Par ailleurs les tactiques de certains électeurs de gauche comme d'extrême droite ont vu le jour ; certains votant pour A. Juppé pour ne pas voir N. Sarkozy revenir, d'autres à l'extrême droite peuvent craindre un N. Sarkozy ou un JF Copé pour ses idées mais aussi un A. Juppé plus rassembleur au second tour. Des tactiques confinant à l'absurde puisqu'obligeant des électeurs de gauche ou d'ailleurs à donner de l'argent aux Républicains et à signer un sorte d'adhésion aux valeurs de la droite.

Modernité et démocratie, disent-ils ; on voit d'ici ces deux magnifiques piliers des primaires prendre l'eau.

 Les candidatures "en solo" restent de mise

Enfin, d'autres, plus « libres », ont fait leur calcul : les candidatures uniques des républicains et du PS qu'obligent les primaires, laissent des belles places aux candidatures en « solo ». E. Macron l'aura bien compris, mais aussi R. Yade même si les médias ne semblent pas regarder de très près sa trajectoire actuelle. Si ceux là parviennent à avoir leurs 500 signatures, ils auront un beau champ libre et un potentiel « hors parti » intéressant.

 Bref, ces primaires sont un voyage politique inutile, un de plus, pour résoudre la crise de confiance entre les français et les responsables politiques, un voyage qui confine à l'absurde, à mois que ce ne soit un pur business médiatique et politique...