Le sniper Valls tue Hamon, blesse Macron et lance la campagne

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  585  mots
En ralliant Emmanuel Macron, Manuel Valls rebat les cartes d'une campagne qui s'est refusée à lui. Par Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, CEO de Zenon7

Et si Manuel Valls avait vraiment lancé la campagne présidentielle ? Cet acte de transgression politique ressemble à un terrible coup de poignard pour Benoît Hamon, un baiser de la mort à Emmanuel Macron, un incroyable booster électoral pour Jean Luc Mélenchon, une affirmation pour Marine Le Pen et enfin une bonne nouvelle pour François Fillon.

Terrible journée pour le vainqueur de la primaire des gauches, un Benoît Hamon à la dérive sur le radeau du PS et qui au surplus prends en pleine face le refus de Jean-Luc Mélenchon de s'associer. Le leader de la France Insoumise jubile. Non seulement il n'acceptera plus aucune proposition mais n'aura même pas à se baisser pour ramasser les restes électoraux de la candidature Hamon et pourrait même voir son rêve de mise à mort du PS se réaliser.

Mauvaise nouvelle pour Macron

C'est aussi une première vraie mauvaise nouvelle pour Emmanuel Macron. Les ex meilleurs ennemis réunis ! Quelle ironie quand on se rappelle le missile Macron envoyé depuis la base Elyséenne pour bloquer les velléités présidentielles de Manuel Valls ! La vengeance est aussi affaire politique. Valls affirme dans un argumentaire du risque national et républicain que Macron demeure le seul candidat de gauche susceptible de gagner. Qu'il est le seul rempart contre une finale entre Fillon et Le Pen. Macron de gauche ! Quelle nouvelle ! Manuel Valls vient tirer vers la gauche un Emmanuel Macron qui se hollandise malgré lui chaque jour davantage. Incapables de le faire seuls, François Fillon et Marine Le Pen devrait en profiter. L'offrande est presque trop belle !

Renaître de ses cendres

Manuel Valls rebat donc les cartes d'une campagne qui s'est refusée à lui. Il tente de renaître des cendres de sa défaite à la Primaire. Mais à quel prix ! Même Alain Juppé n'avait pas osé ! Comment, avant le premier tour, invoquer l'intérêt supérieur de la nation ? Manuel Valls même s'il n'acceptait pas la campagne de Benoit Hamon devait au pire faire silence radio mais pas trahir son engagement même maladroitement habillé de République. Il fallait attendre l'entre deux tours. Au delà de la signature bafouée, il y a là un acte qui trahit une démocratie républicaine en cours d'adaptation aux exigences citoyennes contemporaines. Les primaires furent ainsi célébrées comme de formidables expériences démocratiques par tous les candidats.

Dès le lendemain aucun perdant de gauche ou de droite n'a accepté les résultats. Pas plus autour de Fillon chez les Républicains que chez les Socialistes pour Hamon, les généraux vaincus ont rangé leurs armées derrière le surprenant vainqueur ! Derrière des postures politiques, médiatiques voire judiciaires de circonstances se cachaient d'incroyables dénis démocratiques en cascade avec comme point d'orgue actuel le ralliement de Manuel Valls à Emmanuel Macron. Tout cela donne raison aux candidats qui ont zappé ou trouvé dans leur parti ou leur seul acte de candidature leur légitimité électorale.

Quelle claque pour les électeurs des primaires ! Quel coup d'arrêt pour l'évolution démocratique de notre pays !

Maintenant il n'y a plus qu'à attendre l'intervention de François Hollande qui sera le véritable déterminant d'une campagne qui débute enfin !

Jean Christophe Gallien

Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne

Président de j c g a, CEO de Zenon7

Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals