Macron "superstar" contre Wauquiez "le mal aimé"

Par Jean-Christophe Gallien  |   |  541  mots
(Crédits : DR)
Pendant qu'Emmanuel Macron Superstar revenant de Davos déambulait dans les rues de Clermont-Ferrand nocturne sur les terres arvernes de Laurent Wauquiez, celui-ci passait son premier grand oral médiatique de Président des Républicains sur France 2. Les commentaires d'après match flattent peu la prestation du Président de la Région Auvergne Rhône Alpes. Par Jean-Christophe Gallien, professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, président de j c g a.

Pourtant dans la faiblesse de l'audience tous publics de son show de jeudi soir, Laurent Wauquiez doit trouver de quoi bâtir sa base de confiance et les premières briques de la narration d'installation de sa Présidence. Les mesures de sa performance réalisées en live confirment une popularité forte sur les militants et sympathisants de son parti et plus largement sur un peuple de droite, ou tout du moins celles et ceux qui s'en réclament encore dans ces temps chamboulés du macronisme dominant. Une population qui se cherche, au-delà de la figure régalienne du Président Macron, un nouveau champion autrefois trouvé en Nicolas Sarkozy battu puis espéré en un François Fillon désintégré.

Laurent Wauquiez devrait se réjouir de voir les barons de la féodalité à bout de souffle que sont devenus Les Républicains, se retrancher les uns après les autres dans leurs fiefs respectifs en menaçant de ne plus revenir. Tout comme Emmanuel Macron ne s'inquiète pas, à raison, de ne pas diriger une armée de généraux et préfère s'appuyer sur la vitalité et l'appétit collectif de la République en Marche, une organisation de terrain, ouverte et militante à la fois, et qui aiguille au quotidien sa majorité législative autonome. Comme le Président alors candidat, Laurent Wauquiez doit développer ce lien naissant avec une base désorientée mais qui malgré le vaudou politique du mage Macron n'a pas encore vraiment déserté les terres des droites, à la différence de nombreux cadres.

Macron, l'intouchable

Un Emmanuel Macron pourtant aujourd'hui en lévitation totale ! Laminant toute opposition, le Président vit la séquence la plus aboutie de ses premiers mois. Un sans-faute incroyable et une popularité qui monte entre Calais, Notre-Dame-des-Landes, Merkel, Versailles, Davos, Clermont-Ferrand, Macri,... Rien ni personne ne semble pouvoir le stopper dans cette marche en avant.

Pour saisir sa chance, Laurent Wauquiez doit s'inspirer d'Emmanuel Macron, jeune leader intransigeant d'une organisation hybride, ouverte et verticale à la fois, chef omniprésent de troupes mobilisées, gourou efficace à l'écoute des vibrations du pays.

Il doit d'abord s'opposer fermement voire brutalement à la marque Macron en cours de déploiement pour maintenir sa base et la faire croître. Multiplier et investir des contres espaces du Macronisme avant que le Président ne les occupe tous : l'expression d'une France des territoires, d'une France de la classe moyenne, d'une France aux racines chrétiennes ... d'une Europe bloc continental recentré, ... d'un Monde moins libéralisé ... Il lui faudra très vite gagner des élections, même partielles, en construisant notamment le retour progressif de l'échiquier politique classique : des droites et des gauches encadrant un centre asséché. Fin stratège dominant Emmanuel Macron pourrait goûter le retour d'un leadership de droite populaire et décomplexé, et même le favoriser. Macron superstar contre Wauquiez le mal aimé, compliqué voire très complexe, mais jouable. Le duel ne fait que commencer.

___

Par Jean Christophe Gallien

Professeur associé à l'Université de Paris 1-La Sorbonne
Directeur général de ZENON7 Public Affairs et Président de j c g a 
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals