Pourquoi Hollande doit démissionner, maintenant

Par François Vigne  |   |  1542  mots
Les propos irresponsables et insultants de François Hollande dans le livre « Un président ne devrait pas dire ça » signent sa faillite la plus totale.Il faut rétablir une véritable responsabilité des gouvernants vis-à-vis des citoyens, clef de voûte de leur légitimitéPar François Vigne, chef d'entreprise, candidat à l'élection présidentielle

La France est encore sous le choc des confessions de François Hollande dans le livre « Un président ne devrait pas dire ça ». Il faut qu'il soit tombé bien bas pour que la gauche préfère maintenant l'appeler "patron" plutôt que président ou chef de l'Etat. De fait, un président de la République doit être beaucoup plus qu'un patron ! Même un peu sonné par les réactions à ces révélations, à l'intérieur de sa propre majorité, François Hollande ne semble toujours pas décidé à renoncer.

Tout comme Emmanuel Macron, il affirme vouloir être maître des horloges, lui qui n'a rien maîtrisé depuis le début de son quinquennat. Preuve de sa volonté de continuer à se présenter, les commentaires triomphateurs qui accompagnent la publication des chiffres du chômage à fin septembre. Nous gardons pourtant un taux de chômage double de celui des grandes puissances occidentales, de l'Allemagne au Royaume-Uni, en passant par les Etats-Unis...

La mystification de l'inversion de la courbe du chômage

Stéphane Le Foll, le porte-flingue du président, a osé : "Il faut qu'on soit clair, la courbe s'est inversée." C'est une véritable mystification. Quand François Hollande s'est engagé le 9 septembre 2012 sur TF1 à "inverser la courbe du chômage d'ici un an", le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A s'établissait à 3 011 000 en France métropolitaine. Un an plus tard, au 9 septembre 2013, ce chiffre atteignait 3 235 700...

Or, même après la baisse de 66 300 chômeurs enregistrée en septembre, nous en restons aujourd'hui à 3 490 500, loin du retournement promis. Et il est mathématiquement impossible pour François Hollande de voir le chômage baisser de 254 800 chômeurs, et encore moins 484 000, d'ici le 15 décembre 2016, date limite de dépôt des candidatures à la primaire du PS... Le chef de l'Etat devrait donc en tirer toutes les conséquences et annoncer qu'il ne se présentera pas... Il n'en prend pas du tout le chemin.

Notre démocratie se meurt des promesses non tenues et de cette incapacité des dirigeants politiques français à assumer leurs responsabilités, qu'elles soient politiques, économiques ou pénales. Les Verts ont fait, cette fois, preuve de maturité en éliminant Cécile Duflot dès le premier tour de leur primaire. Mais les briscards des vieux partis, comme les observateurs habituels, ont préféré ne pas le relever...

Le vrai « coup d'état permanent »

Contrairement à ce que les courtisans veulent laisser croire, les institutions de la Vème République n'ont jamais eu pour but de permettre à un président rejeté par la quasi-totalité des Français de se maintenir contre vents et marées. Au contraire, elles ont été établies pour donner à un président légitime et disposant du soutien de la majorité de Français le pouvoir de gouverner sans risque d'être paralysé par le jeu des partis au Parlement. Le général de Gaulle en avait donné la meilleure interprétation en démissionnant immédiatement après le référendum du 27 avril 1969, bien que 47,6% des Français aient continué à lui dire oui.

Avec 4% de Français satisfaits de son action, la logique des institutions veut  que François Hollande démissionne sans attendre et appelle les Français à élire un nouveau président. Ses propos irresponsables et insultants dans « Un président ne devrait pas dire ça », pour lesquels le Premier ministre lui-même exprime sa « honte », constituent une raison supplémentaire. En se dérobant à cette responsabilité, François Hollande pratique le véritable "coup d'état permanent" que dénonçait, mal à propos, François Mitterrand en 1964... Mais cela aussi, le président l'a passé sous silence  en célébrant le centenaire de l'ancien chef de l'Etat mercredi dernier.

Appel à la démission de François Hollande

Si j'ai demandé à François Hollande de démissionner il y a dix jours, après la publication de ses confidences à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, c'est parce que je crois essentiel de rétablir une véritable responsabilité des gouvernants vis-à-vis des citoyens, clef de voûte de leur légitimité. Le corolaire des pouvoirs immenses qui leur sont confiés doit être un sens aigu de leur mission et une conception intransigeante du service de l'intérêt général qui les rendent révocables à tout moment par le peuple, s'ils sentent avoir perdu sa confiance.

En confondant emploi à vie dans la fonction publique et emploi à vie dans les fonctions politiques, nos dirigeants ont, depuis plus de 35 ans, détourné la force des institutions à leur seul profit et à celui des partis qui les soutiennent. L'heure est venue de mettre un terme à cette dérive qui alimente les légitimes réactions de colère et d'exaspération de plus en plus de Français et désespère les autres.

Tous ceux qui se réclament du gaullisme - hélas, la plupart du temps, du haut des estrades électorales - auraient dû me suivre dans mon appel à la démission de François Hollande. Mais les candidats à la primaire des Républicains préfèrent ne pas créer de précédent qui pourrait leur être opposé demain, ni perturber le cours d'une élection présidentielle qu'ils considèrent comme acquise. L'intérêt du pays passera après...

 Remettre la France et l'Europe au cœur des priorités

C'est d'abord et fondamentalement cela que je veux changer en remettant la France et l'Europe au cœur des priorités en lieu et place des plans de carrière individuelle. Cela suppose de mettre un terme à ces pratiques d'un autre âge qui consistent à pratique le clientélisme et à savonner la planche de ses successeurs prévisibles lorsque l'élection suivante paraît perdue d'avance. C'est exactement ce que sont en train de faire le pouvoir actuel et sa majorité en multipliant les mesures non financées et clientélistes. Exonérer 480 000 retraités de CSG peut payer électoralement, mais revenir en contrepartie sur le régime des actions gratuites établi il y a moins d'un an, c'est pousser les entrepreneurs à geler leurs décisions jusqu'en mai prochain au moins, au détriment de l'investissement et de la création d'emplois. Et les autres mesures non financées compliqueront et ralentiront l'action de la nouvelle majorité au détriment de tous les Français...

Cette politique de la terre brûlée à un coût considérable pour la nation. C'est pour cela que je propose d'inscrire dans la Constitution que tout projet de budget devra immédiatement intégrer l'ensemble des dépenses à effet différé, afin d'inciter gouvernants et parlementaires à plus de responsabilité.

Remettre la France et l'Europe au cœur des priorités, c'est aussi se concentrer sur les réponses aux vrais défis auxquels notre pays est confronté en oubliant les vieilles querelles stériles. Là encore, nos vieux politiciens professionnels y semblent moins disposés que jamais. Au cours des derniers jours, nous avons encore vu François Bayrou repartir en guerre contre Nicolas Sarkozy ou Arnaud Montebourg contre Jean-Luc Mélenchon. Comme vient de le noter le New York Times, "les morts-vivants hantent depuis longtemps la politique française. Certains ressuscitent après avoir frôlé la mort, alors que d'autres continuent d'exister politiquement alors qu'ils sont déjà morts"...

France - Etats-Unis : une forte similitude

Les Américains sont-ils les plus qualifiés pour se moquer de nous, eux qui auront dans une semaine à choisir entre Hillary Clinton et Donald Trump ? A bien y regarder, notre situation n'est pas si différente avec un affrontement annoncé entre Alain Juppé et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle : la candidate des petits contre celui des puissants, celle des oubliés du système contre celui de ses bénéficiaires. Parcours politiques, ennuis judiciaires, discours ou positionnement, les similitudes sont nombreuses, la candidate du FN ayant en plus l'expérience pour elle. L'incertitude qui demeure à une semaine du scrutin doit nous faire réfléchir aux risques d'une telle situation.

La réalité est que nous nous trouvons à un tournant de l'histoire. C'est le rôle de notre génération de démontrer au monde entier qui nous regarde - car nous sommes sous les projecteurs - que la France telle qu'elle est constituée, avec son histoire, avec ses valeurs, avec ses spécificités et avec son attention portée aux plus faibles, est capable de se transformer pour s'adapter aux changements du monde.

Prenons notre avenir en main

Les qualités qui ont permis à notre peuple de donner à la France sa place dans l'histoire, nous les possédons toujours. Ce qu'il faut maintenant, c'est qu'il se rassemble autour d'une vision mobilisatrice et d'un projet partagé ne laissant personne sur le bord du chemin, pour s'attaquer sérieusement à ses problèmes. Bref, il lui faut une fois de plus reprendre son avenir en main.

Mon projet pour la France n'a pas d'autre but. C'est pourquoi de nouveaux élus m'accordent chaque jour leur soutien. Les 500 signatures sont maintenant un objectif réaliste. Elles sont ma priorité immédiate.

François Vigne