Vers un monde sans armes nucléaires

Par Aloysio Nunes Ferreira  |   |  665  mots
"Nous avons pleinement conscience du fait qu'il reste un long chemin à parcourir avant l'universalisation du traité des Nations unies sur l'interdiction des armes nucléaires, qui exigera des efforts soutenus de persuasion" (Aloysio Nunes Ferreira, ministre des Affaires étrangères du Brésil)
Le traité des Nations unies sur l'interdiction des armes nucléaires représente une victoire pour les Nations unies. Le Brésil est fier de faire partie de cette coalition, qu'il intègre d'ailleurs en conformité avec les exigences de sa Constitution. Par Aloysio Nunes Ferreira, ministre des Affaires étrangères du Brésil.

Le 7 juillet dernier, la communauté internationale a franchi une étape historique en adoptant le projet de traité des Nations unies sur l'interdiction des armes nucléaires, après un processus de négociation dont la convocation n'aurait pas été possible sans le leadership d'un groupe formé par le Brésil, l'Afrique du Sud, l'Autriche, l'Irlande, le Mexique et le Nigéria.

Comprenant la dimension humanitaire de cette initiative, la majorité des États membres des Nations unies a rejoint ce groupe, et a activement participé à la conférence de négociation dans un esprit constructif et de manière responsable, afin de pouvoir combler un vide juridique inacceptable dans le domaine du désarmement.

Une victoire pour les Nations Unies

Si les autres armes de destruction massive - chimiques et biologiques - avaient déjà été interdites par des instruments juridiquement contraignants, il n'existait aucun traité d'interdiction visant les armes nucléaires, les seules qui soient capables d'anéantir la vie sur Terre. Cette lacune, désormais en passe d'être comblée, cessera finalement exister lorsque le nouveau texte aura obtenu les 50 ratifications nécessaires pour qu'il entre en vigueur.

L'accord représente une victoire pour les Nations unies et pour le multilatéralisme, qui défendent que le dialogue entre États reste la manière la plus appropriée et la plus légitime qui soit pour trouver des solutions aux problèmes mondiaux. L'instrument s'appuie sur des conférences précédentes qui ont permis de sensibiliser les gouvernements et les sociétés sur l'impact des explosions d'armes nucléaires, qui frappent sans discrimination, et dont l'utilisation est  incompatible non seulement avec les règles de droit humanitaire qui régissent la conduite des États en temps de guerre, mais aussi avec le concept même de dignité humaine.

Une volonté historique

Malgré les réticences des puissances nucléaires, il a été possible d'adopter un traité qui reflète une volonté historique et amplement majoritaire de la communauté internationale d'interdire l'existence de ces armes. De plus, le nouveau traité vient compléter de manière importante l'article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), qui prévoit une obligation de désarmement.

Cette mesure sans précédent doit être attribuée à la persévérance de ceux qui, depuis 70 ans, font vivre l'espoir d'un monde sans armes nucléaires ; ce groupe diversifié et pluriel, composé de gouvernements et d'acteurs de la société civile, ne s'est pas résigné à l'existence de ces armes. Le Brésil est fier de faire partie de cette coalition, qu'il intègre d'ailleurs en conformité avec les exigences de sa constitution. C'est pour cela que le pays a apporté sa contribution en aidant à convoquer la conférence de négociation et en œuvrant pour surmonter les obstacles qui auraient pu contrecarrer cette initiative.

Une victoire pour l'humanité

Aujourd'hui, nous pouvons fêter cette victoire de l'humanité dans sa quête d'un monde libre de l'absurdité des armes nucléaires. Il s'agit d'un événement dont nous pouvons nous réjouir, mais pas d'un moment d'autosatisfaction. Nous avons pleinement conscience du fait qu'il reste un long chemin à parcourir avant l'universalisation du traité, qui exigera des efforts soutenus de persuasion.

L'interdiction des armes nucléaires - devoir à la fois moral et éthique - contribuera également à éliminer les justifications en faveur du maintien des arsenaux actuels. Elle revêt donc une importance politique claire, dans la mesure où elle légitime la lutte pour le désarmement, notamment dans les pays dotés d'armes nucléaires.

Dans un environnement agité et marqué par de nombreux conflits, ce traité représente une bouffée d'air, qui montre que, avec du courage et de la bonne volonté, nous pouvons construire un monde meilleur, plus juste, plus rationnel, et plus sûr pour les générations actuelles comme pour les générations à venir.

Par Aloysio Nunes Ferreira, 
ministre des Affaires étrangères du Brésil