Les banques françaises lancent un système commun de paiement en ligne

Par Mathias Thépot  |   |  515  mots
Copyright Reuters
Le GIE Cartes Bancaires a enfin son e-wallet, baptisé i-CB. Une menace pour les opérateurs non bancaires déjà installés sur ce marché.

Mathias Thépot La ruée vers les « e-wallet » (portefeuilles électroniques) connaît un tournant en France. Le Groupement d'intérêt économique Cartes Bancaires (GIE CB) va lancer son portefeuille numérique de cartes bancaires pour les paiements par Internet, baptisé i-CB. Selon nos informations, le projet est vivement soutenu par BNP Paribas, le Groupe Banque Populaire Caisse d'Epargne (BPCE) et La Banque Postale.

Le GIE CB tente pour l'instant d'obtenir les lettres d'engagements du maximum d'établissements financiers hexagonaux. Il ne se fait cependant pas d'illusion sur le Crédit Agricole (30 % du marché des paiements par carte), qui a beaucoup investi dans sa propre offre de paiement par Internet nommée Kwixo, dont l'objectif est d'atteindre les 5 millions d'abonnés (moins de 100 000 aujourd'hui). Les noms des acteurs qui participeront aux projets seront connus avant la fin du mois de novembre. Le GIE se place sur le marché du paiement en ligne notamment pour anticiper la concurrence à venir d'Apple et de Google dans l'hexagone.

En tant que leader du marché des cartes de paiements en France, le GIE estime qu'il est nécessaire de suivre le développement exponentiel du marché des paiements en ligne en proposant une solution spécialisée. Les paiements en ligne ne connaissent en effet pas la crise. Selon le « rapport 2011 des paiements dans le monde » de Capgemini, Royal Bank of Scotland et de l'Efma (Association européenne de management et de marketing financier), le volume des paiements sur Internet devrait passer de 17,9 milliards de transactions en 2010 à 30,3 milliards en 2013, soit 1400 milliards d'euros, contre 824 milliards d'euros en 2010. Le rythme s'accélère, les paiements en ligne n'avait progressé que de 3 % entre 2008 en 2009.

Selon l'étude, les fournisseurs non bancaires spécialisés dans les paiements en ligne, -comme Paypal (filiale d'Ebay) ou Buyster (crée par Orange, Bouygues, SFR et Atos)- ont représenté environ 6,5 % du total des transactions en 2010 en ligne dans le monde et sont susceptibles d'en représenter près de 9 % en 2013, soit 2,7 milliards de transactions. L'objectif du GIE CB sera bien de proposer une offre de ce type qui réunirait le maximum de banques pour développer l'interopérabilité.

« Le GIE dispose d'un atout essentiel : l'interopérabilité bancaire, qui a fait son succès avec les cartes de paiement, et qui va lui redonner du pouvoir sur le marché des paiements en ligne, et», indique Eric Delannoy, vice-président du cabinet conseil en stratégie opérationnelle Weave. «I-CB devra être distribué par l'ensemble des banques pour être une solution universelle, ce qui prend du temps», estime pour sa part Buyster.

En outre, « les solutions des fournisseurs non bancaires de type Paypal et Buyster sont extrêmement chères. La multiplication des acteurs et des commerçants sur le marché fera automatiquement chuter les prix», estime Eric Delannoy.

En réponse, Paypal estime que sa présence dans 190 pays restera un avantage appréciable et se demande d'ailleurs si une « offre limitée à la France pourrait intéresser des marchands en ligne, alors que le commerce en ligne se développe beaucoup à l'étranger ».