La LGV Tours-Bordeaux, un chantier pour la réinsertion de chômeurs

Par Nicolas César, à Bordeaux, Objectif Aquitaine  |   |  467  mots
Cosea, le consortium chargé de construire la LGV Tours-Bordeaux, va embaucher encore 300 personnes d'ici le printemps prochain. Toutes les offres passent par Pôle emploi, qui fait office de « guichet unique ». © Photothèque LISEA-COSEA
C'est actuellement le plus gros chantier en Europe : 302 km de lignes, 420 ouvrages d'art, 40 km de raccordement aux voies existantes... Les travaux ont permis de créer 1.500 emplois dans les six départements traversés. Ils bénéficient notamment à des bénéficiaires de minimas sociaux.

Pour les Aquitains et l'économie bordelaise, ce sera une avancée majeure : à l'été 2017, Bordeaux ne sera plus qu'à 2h05 de Paris (3h30 aujourd'hui) grâce à la LGV (Ligne à Grande Vitesse) Tours-Bordeaux dont le chantier bat son plein. Conducteurs d'engins, coffreurs-brancheurs, canalisateurs... Cosea, le consortium chargé de construire la LGV Tours-Bordeaux a embauché à tour de bras depuis le début du chantier en 2012.

De fait, à 8 milliards d'euros, le chantier est colossal : il faut construire 302 kilomètres de lignes, 420 ouvrages d'art, 40 kilomètres de raccordement aux voies existantes. En 2012, 1.500 personnes ont déjà été recrutées dans les régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Centre. "Nous allons encore engager au moins 300 locaux d'ici au printemps", indique le directeur des ressources humaines de Cosea, Erik Leleu. Toutes les offres passent par Pôle emploi, qui fait office de "guichet unique".

Un chantier qui permet de réinsérer des chômeurs

Les collectivités, qui participent pour la plupart à hauteur de 20 % au financement, avaient demandé à bénéficier d'importantes retombées économiques pour leurs territoires. Une charte emploi/formation entre tous les acteurs, Etat, conseils généraux, régionaux, Pôle Emploi... et Cosea a été signée. Dans cette charte, il est notamment prévu d'aider à la réinsertion professionnelle d'un public très éloigné de l'emploi. 10 % du volume horaire des travaux doit être réservé à des personnes en difficulté d'insertion.

Des chômeurs ont ainsi pu trouver du travail et acquérir des compétences. La plupart sont néophytes dans ces métiers. Par exemple, pour les conducteurs d'engins, une formation à la fois théorique et pratique de 350 heures leur est offerte. Avec à la clé, un diplôme (CAP). Le succès est tel que Cosea a été bien au-delà des exigences des collectivités. "L'an dernier, 700 personnes ont suivi cette formation et 60 % relevaient de critères d'insertion", souligne Erik Leleu.

Des CDI seront proposés

Car, sur le terrain, les retours sont bons. "Ils sont très motivés. Ils ont bien compris l'opportunité qui leur est offerte", confirme Manuel De Sousa, conducteur principal de travaux sur le secteur d'Ambarès-et-Lagrave, près de Bordeaux. En effet, grâce à ce chantier, ces chômeurs peuvent décrocher un contrat pouvant aller jusqu'à trois ans. Voire plus. "Après, certains jeunes seront définitivement embauchés par Vinci dans la région", précise-t-il.

Le président de la Région Aquitaine, Alain Rousset, ne cache pas sa satisfaction. "Nous avons branché les tuyaux pour fluidifier ce qui ne marche pas bien en France. En mettant en réseau chômeurs, entreprises et formations, chacun s'y retrouve". Pour Erik Leleu, ce chantier est aussi une manière de "donner une autre vision du partenariat public-privé et de montrer que ce n'est pas juste un cofinancement".