Nuit de la Solidarité : la ville de Paris compte au moins 3.000 sans-abris

Par A.F.  |   |  589  mots
En comptant les personnes qui sont hébergées dans le cadre du plan hiver, on arrive à presque "5.000 personnes à la rue à Paris sans solution durable". (Crédits : Jacky Naegelen)
Dans la nuit du 15 au 16 février, 2.000 personnes (professionnels aidants et volontaires) ont recensé dans les rues de la capitale, le nombre de personnes sans-abris. L'objectif de l'initiative ? Mieux connaître "les conditions pour mieux adapter les réponses proposées".

L'initiative, menée par la Ville de Paris, une quarantaine d'associations, l'AP-HP, la RATP et la SNCF, avait rassemblé 1.700 volontaires parisiens. Lors de la "Nuit de la Solidarité", le 15 février dernier, un recensement a eu lieu dans la capitale afin de mesurer le nombre de personnes à la rue. Sur son site Internet, la Ville de Paris allouait à l'initiative la volonté "d'améliorer [sa] connaissance sur leurs profils et leurs besoins pour adapter les réponses proposées".

Le résultat a été annoncé ce mercredi 21 février : 3.624 personnes dormiraient dans les rues de Paris intra-muros (2.952 personnes ont été comptabilisées dehors et 672 personnes hébergées de façon très provisoire).

En comptant les personnes qui sont hébergées dans le cadre du plan hiver, on arrive à presque "5.000 personnes à la rue à Paris sans solution durable", a ajouté le groupement d'intérêt public qui rassemble associations et autorités locales ayant mené l'opération.

Un chiffre sans doute encore sous-évalué

Ce chiffre peut être considéré comme un minimum puisqu'un nombre important de lits avaient été mis à disposition en raison du plan hivernal. Mais, parmi ces installations ponctuelles à disposition des sans-abris, 1.600 places devraient être fermées le 31 mars.

En outre, il faut rappeler que le recensement n'a sans doute pas permis d'explorer l'ensemble des espaces où dormaient des sans-abris. Selon la carte, rendue publique ce mercredi 21 février, c'est dans le Nord de Paris que les maraudeurs ont comptabilisé le plus grand nombre de sans-abris.

Pour réaliser cette initiative inédite, 350 équipes se sont réparties dans l'ensemble de la ville parisienne, se rendant des gares aux rues en passant par les parkings ou encore par les parcs.

Suite à cette initiative, la préfecture d'Île-de-France, a annoncé la réactivation du plan grand froid dès le mercredi 21 février. L'opération "Nuit de la Solidarité" devrait être réitérée en 2019 et "chaque année", a annoncé Dominique Versini, adjointe à la maire de Paris chargée des solidarités et de la lutte contre l'exclusion, afin "d'adapter nos dispositifs d'urgence sociale et d'insertion". C'est dit.

Une réponse aux polémiques

La "Nuit de la solidarité" , qui s'inspire d'opérations similaires menées à Bruxelles, New York ou Athènes, avait été organisée quelques semaines après la polémique soulevée par le député La République en marche de Paris, Sylvain Maillard, qui a affirmé que "même dans les cas de grand froid, certains SDF ne souhait pas être mis à l'abri".

Ces propos avaient déclenché l'ire des associations, déjà échaudées par la confusion née des déclaration du secrétaire d'État à la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, laissant penser que seule une cinquantaine d'hommes isolés dormaient dans la rue en Île-de-France.

Pour rappel, en 2017, plus de deux milliards d'euros ont été consacrés à l'hébergement d'urgence, dont 276 millions d'euros pour assurer la continuité de l'accueil y compris en période hivernale.

(A.F. avec Reuters)