Lyon se rêve en capitale mondiale de la gastronomie

Par Françoise Sigot, à Lyon, Acteurs de l'économie  |   |  610  mots
Les chefs autour du maire de Lyon, Gérard Collomb©Muriel Chaulet/Ville de Lyon
La ville est en lice pour décrocher le titre de «Cité Internationale de la Gastronomie», décerné d'ici à la fin de l'année par la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires. Si le dossier lyonnais est retenu, c'est le site de l'Hôtel Dieu qui accueillera la future cité.

Après quelques atermoiements et une pression amicale - mais ferme, semble-t-il - des chefs lyonnais, le maire de Lyon a finalement décidé de lancer la ville à la conquête du titre de « Cité Internationale de la Gastronomie ». Le Graal devrait être attribué d?ici à la fin de l?année par la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires, dans le cadre de l?inscription du repas gastronomique au patrimoine culturel immatériel de l?UNESCO. Gérard Collomb n?affiche aucun doute sur l?issue de sa candidature : « La Cité Internationale de la Gastronomie à Lyon, c?est une évidence. Nous porterons ce projet jusqu?au bout, d?ailleurs il n?y a pas de plan B pour l?Hôtel Dieu», assure t-il.
C?est donc au sein de cet ancien hôpital (fondé au 12e siècle), désaffecté depuis 2012, que sera installée la future Cité. Pas moins de 15.000m2 dédiés au goût, aux traditions et aux innovations culinaires de A à Z puisque le projet lyonnais associe producteurs, commerçants et restaurateurs. Par le menu, ce projet se décline en une multitude d?espaces ayant chacun vocation à mettre en lumière les trésors de la gastronomie lyonnaise. Le musée, jadis voué à la santé, se réoriente désormais vers l?axe santé-nutrition. Les boutiques servent à commercialiser des produits alimentaires, de la restauration, mais aussi des arts de la table et les espaces de bureaux et conférences sont eux aussi placés sous le signe de la gastronomie.

18 millions d?euros d?investissements

La Cité se présente aussi comme un laboratoire d?idées où l?on invente la gastronomie du 21e siècle. L?innovation, la recherche, la formation et les conférences tiennent donc une place de choix dans le projet implanté au sein de l?Hôtel Dieu, sous la houlette du chef Régis Marcon, qui bien qu?originaire de Haute-Loire, a rejoint l?équipe lyonnaise. « Nous ne voulons pas d?un Louvre de la gastronomie, mais bien d?un espace ouvert où tout type de public aura sa place », insiste le chef de Saint-Bonnet-le-Froid qui, depuis qu?il a transmis le flambeau à son fils, se consacre principalement à la formation.
Cerise sur le gâteau, la ville a même trouvé de quoi financer ce projet ambitieux auprès d?Eiffage Construction, le promoteur retenu fin 2010 par les HCL (Hospices Civils de Lyon) pour prendre en charge la reconversion du site. « Cette opération est un enjeu hors norme pour notre groupe, puisqu?il s?agit de la plus grosse opération de reconversion d?un bâtiment classé monument historique. Nous sommes donc naturellement membre fondateur de ce projet de Cité Internationale de la Gastronomie et quoi qu?il arrive nous assurerons l?équilibre financier de cette opération », promet Bernard Vitiello, directeur du projet Grand Hôtel-Dieu chez Eiffage Construction. L?investissement annoncé s?élève à 18 millions d?euros dont 2 seront assumés par la ville pour aménager la scénographie et la muséographie. Eiffage devrait prendre en charge les 16 millions d?euros restant, mais le groupe immobilier, qui table sur 150.000 visiteurs par an, s?est déjà mis en quête de partenaires avec qui partager son effort financier. L?exploitation devrait être confiée à une société extérieure.
Reste à décrocher le précieux titre disputé par Tours, Beaune, Chevilly-Larue et Dijon. Peut-être pas si difficile, puisque il se murmure désormais que le jury préfèrerait accorder une sorte de label à plusieurs territoires, au lieu de choisir un récipiendaire unique.