Santé : L'hospitalisation privée se dit plus inquiète que jamais

Par Marie-Annick Depagneux, à Lyon, Acteurs de l'Economie  |   |  418  mots
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Coopération avec le public, blocage des tarifs et menace de compensation pour le futur crédit d'impôt sont au cœur des 12èmes rencontres, ce jeudi à Lyon. Elles devaient être clôturées par Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, qui a annulé sa venue.

La Fédération de l'hospitalisation privée qui tient ses 12èmes rencontres, à Lyon, ce jeudi, a vu dans l'annulation de la venue de Marisol Touraine, ministre Affaires sociales et de la Santé, devant clôturer cette journée consacrée au dialogue hospitalier, un signe de plus « confortant nos inquiétudes ». Selon Jean-Loup Durousset, président de la FHP, les motifs de préoccupation ne manquent pas, à commencer par la tournure que prennent certaines coopérations avec le secteur hospitalier public.
« Le perdant est toujours la clinique. Nous sommes chaque fois la variable d'ajustement quand l'hôpital voisin se retrouve en difficultés financières et qu'il faut l'aider en lui transférant de l'activité supplémentaire », observe le président. Il en veut pour prendre deux exemples récents : celui de Paray-le-Monial, en Saône-et-Loire - la clinique de La Roseraie a fermé suite à la décision de l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne de ne pas renouveler ses autorisations chirurgicales, en octobre dernier - et celui de Limoges où la clinique du Colombier s'est vu retirer, elle aussi, des autorisations en chirurgie cardiologique. De quoi nourrir ses craintes concernant trois dossiers de partenariat public/privé en négociations en Rhône-Alpes : la clinique Convert à Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, et sa collaboration avec le centre hospitalier dans le domaine de la cardiologie interventionnelle, la clinique Saint-Vincent-de-Paul à Bourgoin-Jallieu, en Isère, et enfin celle d'Aubenas, en Ardèche.


Les menaces


Autre souci, les tarifs : « ils n'ont pas augmenté depuis quatre ans », se lamente le président de la FHP. « Nous demandons pour 2013 une revalorisation de 1 % ». En Rhône-Alpes, comme dans le reste de la France, Jean-Loup Durousset rappelle que 30 % des établissements sont en situation délicate. Sans revalorisation tarifaire, de « nouvelles restructurations s'imposeront », assure-t-il.
L'autre question sensible touche au crédit d'impôt, auquel auront droit les cliniques en 2014, à l'instar de toutes les entreprises privées, dans le cadre du pacte de compétitivité et de l'emploi. Mais les déclarations, mardi dernier à l'Assemblée nationale, de Pierre Moscovici ont suscité également des remous dans les rangs de l'hospitalisation privée. Le ministre de l'Economie et des Finances a estimé que cet allègement fiscal est de nature à créer une distorsion avec le secteur public et qu'il devra être compensé par un coup de rabot sur les tarifs. Si tel était le cas, Jean-Loup Durousset brandit la menace de verser, sur des comptes bloqués, les taxes et impôts dont est redevable l'hospitalisation privée.