Première implantation réussie du coeur artificiel de Carmat

Par latribune.fr  |   |  570  mots
Avec la première implantation réussie sur un malade mercredi à Paris, c'est une première et un succès mondial pour le chirurgien Alain Carpentier, inventeur de la prothèse de coeur artificiel autonome développé par sa société Carmat. Un souflle d'espoir pour la chirugie cardiaque.

A une semaine de Noël, le miracle de la technologie a soufflé à l'hôpital Georges Pompidou de Paris où la première implantation du coeur artificiel autonome conçu par la société française Carmat a été réalisée, mercredi 18 décembre sur un patient souffrant d'insuffisance cardiaque terminale par une équipe de l'hôpital Georges Pompidou à Paris.

"Cette première implantation s'est déroulée de façon satisfaisante (...). Le patient est actuellement sous surveillance en réanimation, réveillé et dialoguant avec sa famille", a expliqué ce vendredi Carmat, en qualifiant cette opération de première mondiale. Le cofondateur de Carmat, l'entreprise qui a conçu le coeur artificiel autonome implanté mercredi, s'est montré "prudent" après l'annonce de cette opération soulignant qu'il s'agissait d'une première et que le recul était "encore bref". "L'intervention chirurgicale s'est très bien passée", a expliqué Philippe Pouletty interrogé sur BFM Business. "Il faut rester prudent, c'est un premier malade. Le recul est encore bref", a-t-il tempéré.

D'autres implantations devraient avoir lieu dans "les prochaines semaines", soit à l'Hôpital Européen Georges Pompidou, où la première s'est déroulée, soit au centre chirurgical Marie-Lannelongue, "peut-être à Nantes" ou à l'étranger.

Près de trois mois après avoir reçu l'autorisation d'implantation de son coeur artificiel bioprothétique par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la société Carmat a finalement opté pour la France pour cette innovation majeure. La société cotée en bourse ouvre de nouvelles perspectives à des malades condamnés par la rareté des greffons disponibles. "Nous nous réjouissons de cette première implantation, mais il serait bien entendu prématuré d'en tirer des conclusions car il s'agit d'une seule implantation et d'un délai post-chirurgical encore très court", a commenté le directeur général de Carmat, Marcello Conviti, dans un communiqué.

L'entreprise, fondée par le chirurgien Alain Carpentier, mondialement connu pour avoir inventé les valves cardiaques Carpentier-Edwards, veut pallier le manque notoire de greffons dont sont victimes des dizaines de milliers de personnes souffrant d'insuffisance cardiaque avancée.

Sa prothèse, fondée sur des bases scientifiques "solides", vise, selon Carmat, "une fonctionnalité et une durabilité exemplaires". "Elle mime totalement un coeur humain normal avec deux ventricules qui mobilisent le sang comme le ferait le muscle cardiaque, avec des capteurs qui permettent d'accélérer le coeur, de décélérer, d'augmenter le débit, de diminuer le débit. Le malade dort, ça diminue. Il monte les escaliers, ça accélère, donc ça n'a rien à voir avec une pompe mécanique", avait expliqué en septembre Philippe Pouletty, le co-fondateur du groupe.

Le patient implanté, dont l'identité n'a pas été rendue publique, devait souffrir d'une insuffisance cardiaque terminale, avec un pronostic vital engagé et ne bénéficiant d'aucune alternative thérapeutique, selon les conditions posées par les autorités sanitaires françaises.

Carmat assure que son coeur artificiel pourrait sauver chaque année la vie de dizaines de milliers de patients sans risque de rejet et en leur assurant une qualité de vie sans précédent.

Carmat, qui s'est introduite sur le marché Alternext de la Bourse de Paris en 2010, a procédé à deux levées de fonds pour financer le développement de sa prothèse. Elle vaut aujourd'hui environ 440 millions d'euros en Bourse.