Demain, les salariés seront remplacés par leurs avatars

Par latribune.fr  |   |  692  mots
Des robots dits "de téléprésence" voire des avatars des salariés pourront notamment participer à desconférences ou à d'autres échanges. (Photo: Reuters)
Pour pallier le manque de communications de visu que la généralisation du télétravail risque d'engendrer, des start-up et des laboratoires californiens proposent désormais des robots et des avatars, destinés à remplacer au bureau les salariés en chair et en os.

Le télétravail est déjà une réalité outre-Atlantique. 90% des employeurs américains autorisent des modes de travail "mobiles", selon un sondage réalisé en 2012 par la société de logiciels Citrix. Et ces pratiques sont aussi courantes en Chine (85%), au Brésil (81%), en Inde (77%), au Royaume-Uni (72%), en France et en Allemagne (71%).

Dans l'avenir, tout endroit connecté à l'internet pourra même faire fonction de lieu de travail. Afin de combler le manque de communications de visu ou interpersonnelles qui risque de s'installer, le véritable bureau pourrait aussi assumer un aspect futuriste.

Des automates au lieu de salariés en chair et en os

Des robots, dits "de téléprésence", pourront notamment participer à des vidéo-conférences ou à d'autres échanges. Ainsi, un produit conçu par la start-up californienne Double Robotics utilise par exemple un iPad sur une tige munie de roues, qui se déplace dans les bureaux et interagit avec les collègues. Représentée par ce robot, la personne qui travaille à distance pourra donc participer au travail d'équipe, en passant "voir" un collègue pour lui poser une question voire en bavardant près de la machine à café.

Le porte-parole de Double Robotics, Jay Liew, assure que les entreprises commencent à apprécier de telles technologies:

"Nous avons des clients qui nous disent ne plus se souvenir si la personne était vraiment là ou si c'était le robot", affirme-t-il.

Il explique: "Plus les gens voient (le robot), plus ça devient normal. Une fois l'enthousiasme du début envolé, ce n'est pas seulement un robot. C'est John. C'est Connie, du bureau de Seattle".

Des avatars pour mettre en avant un "moi amélioré"

Alternative encore plus futuriste: les personnages virtuels. Chaque salarié pourra créer son "avatar" et interagir avec les images des autres.

Selon le directeur du Virtual Human Interaction Lab de l'université de Stanford en Californie, Jeremy Bailenson, les rencontres de ce type présentent un avantage inédit: chacun peut modifier son avatar pour lui donner des traits et un comportement spécifiques.

"Je peux faire des choses dans une réunion virtuelle qui peuvent faire de moi un vendeur plus efficace ou un meilleur chef", explique-t-il.

La technologie a en outre désormais atteint un niveau important de réalisme:

"Les gens disent que rien ne peut remplacer la poignée de main et le contact visuel. Moi, je conçois des systèmes qui vous permettent d'avoir cette poignée de main et ce contact visuel", se félicite-t-il.

Ford précurseur

Quelques entreprises l'expérimentent d'ailleurs déjà. Le constructeur automobile Ford a commencé à utiliser des personnages virtuels dans son laboratoire Immersion. Elizabeth Baron, spécialiste de réalité virtuelle dans l'entreprise, a expliqué:

"Nous avons maintenant des ingénieurs de Ford du monde entier qui travaillent ensemble virtuellement sur le même produit".

Le constructeur a reconnu: "C'est comme un jeu Second Life".

Des casques et capteurs encore trop encombrants

Seul obstacle qui s'oppose encore à la généralisation de la technologie, selon Jeremy Bailenson: les gros casques et capteurs qu'il faut actuellement porter pour utiliser les avatars.

L'achat récent par Facebook de la société de représentation virtuelle Oculus Rift à prix d'or suggèrerait toutefois que l'on est sur la bonne voie. Visitant récemment le Virtual Human Interaction Lab de Stanford, le patron du réseau social Mark Zuckerberg "a dit qu'il était temps de sortir tout ça du laboratoire et de le mettre dans le salon", rapporte son directeur.

Davantage de stress au rendez-vous?

Mais l'encombrement est-il le seul obstacle? Pas tout à fait, selon Kori Inkpen Quinn, du centre de recherche Microsoft, qui pointe une autre difficulté, plus psychologique:

"Même si je veux bien ressembler à un chat, je ne suis peut-être pas à l'aise pour avoir un rendez-vous d'affaires avec un chat", note-t-elle.

Le stress risque d'ailleurs d'augmenter, avec la difficulté de se déconnecter du travail. Selon un tiers des salariés, les employeurs s'attendent déjà à ce qu'ils vérifient leurs courriels et restent joignables bien après leur journée, révèle un récent sondage Gallup.