TF1 menace à nouveau de supprimer LCI, colère des syndicats contre le CSA

Par latribune.fr  |   |  759  mots
Prié de dire si LCI pourrait arrêter d'émettre après le 31 décembre 2014, le PDG de TF1 a répondu: "En l'état du dossier, c'est probable." (Photo : Reuters)
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a refusé mardi d'accorder le droit à LCI, Planète+ et Paris Première de passer à la TNT gratuite pour des raisons de concurrence. Une annonce que le PDG de TF1, propriétaire de LCI, a vivement condamné.

LCI et Paris Première bientôt supprimées ? La décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel, mardi de refuser la gratuité à plusieurs chaînes, dont LCI et Paris Première remettrait en cause leur avenir. TF1 et M6, leurs maisons-mères respectives ayant signifié qu'elles ne leur voyaient pas d'avenir si elles restaient payantes.

Lors d'une conférence téléphonique organisée mardi soir après la décision du CSA, Nonce Paolini n'a pas voulu dire si TF1 envisageait de fermer LCI. Il a en revanche indiqué que la chaîne d'informations en continu pourrait cesser d'émettre après le 31 décembre 2014 à la suite de la décision du CSA. Prié de dire si LCI pourrait arrêter d'émettre après le 31 décembre 2014, le PDG de TF1 a répondu: "En l'état du dossier, c'est probable."

Nonce Paolini a aussi indiqué que le groupe allait étudier toutes les voies de recours contre la décision du CSA.

"Ghetto sans avenir"

Début mai déjà, lors de son audition devant le CSA, Nonce Paolini, le PDG de TF1, avait clairement menacé de fermer la chaîne LCI, déficitaire et qui emploie 247 personnes, si elle devait rester dans le "ghetto sans avenir" du payant.

"La question, c'est celle de la pérennité de la chaîne", a pour sa part dit à Reuters Jérôme Bureau, le président de Paris Première. "On va tout faire, on va se battre pour que cette chaîne puisse donc vivre en 'payant' dans un univers qui va devenir certes compliqué mais où on essaiera de trouver notre place."

Sa maison-mère, le groupe M6, qui va reprendre les discussions avec les distributeurs de Paris Première, étudie parallèlement les recours possibles contre la décision du CSA, a fait savoir le groupe dans un communiqué.

Les syndicats pointent la "lourde responsabilité" du CSA

De son côté, l'intersyndicale du groupe TF1 a dénoncé mercredi dans un communiqué "la lourde responsabilité" du CSA dans cette décision aux "conséquences sociales catastrophiques".

"Le CSA a montré, par cette décision prise au cœur de l'été, qu'il était capable de sacrifier 250 personnes et leurs familles pour protéger les intérêts économiques de quelques groupes capitalistiques ligués contre LCI afin de préserver leurs parts de marché et leurs marges bénéficiaires"

Une réaction partagée par la Société des journalistes (SDJ) de TF1 qui refuse "qu'une autorité administrative indépendante fonde des choix aussi lourds de conséquence sur le droit à l'information en se basant uniquement sur des critères économiques".

"Tous les clignotants sont orange"

En dépit des pressions,  le CSA, qui était appelé à prendre sa première décision majeure sous la présidence d'Olivier Schrameck, a finalement décidé d'opposer une fin de non recevoir à un nouvel agrandissement de l'offre de télévision gratuite, déjà élargie à 25 chaînes fin 2012. La proposition du trio Bergé-Niel-Pigasse, actionnaires du Monde et du Nouvel Observateur, de racheter  LCI et celle de BFM et i-Télé d'engager chacun un tiers des journalistes de la chaîne d'information payante a également dû peser dans la balance.

Olivier Schrameck, dans une interview accordée au Monde (lien abonné), justifie sa décision par le fait que "tous les clignotants sont orange pour la télévision gratuite" et note "des signes de fragilité et de fléchissement".

"Dans ces conditions, le régulateur [...] ne  pouvait pas, sans risque de répercussion grave sur les autres acteurs de l'audiovisuel, donner satisfaction aux demandeurs."

Par ailleurs, le CSA ne ferme pas la porte à une révision ultérieure de sa décision en faisant valoir que des "conditions de marché plus favorables" pourraient justifier un réexamen.

Consolidation du secteur?

"La décision du CSA est selon nous positive pour l'ensemble du paysage audiovisuel français", estiment les analystes d'Exane BNP Paribas dans une note, en soulignant notamment que TF1 et M6, qui auraient dû consentir des investissements importants en cas de passage en gratuit, vont probablement être amenés à fermer leurs chaînes déficitaires ou tout juste à l'équilibre.

Selon les données de l'Irep et France Pub, les investissements publicitaires à la télévision en France se sont contractés de 3,5% l'an dernier. L'agence ZenithOptimedia table quant à elle table sur une baisse de 1% pour cette année.

Article publié à 10h45, mis à jour à 12h30.