Beaucoup de travail de la part de Eric Vivier, des investissements de la part de l'Etat - et des résultats ! Le directeur scientifique d'Innate Pharma et professeur à l'AP-HM, AMU et au Centre d'Immunologie de Marseille Luminy (Inserm/CNRS/AMU) a d'abord su profiter de la loi Allègre de 1999, offrant aux chercheurs la possibilité de créer des sociétés innovantes et de déposer des brevets, qui lui a permis de co-fonder Innate Pharma, la même année. Puis, le premier concours i-Lab, toujours en 1999, l'a récompensé, lui donnant, avec d'autres prix et subventions, l'élan nécessaire pour prendre son envol.
Et aujourd'hui, la biotech vient de recevoir 6,8 millions d'euros dans le cadre de l'appel à projet PSCP-COVID lancé par le gouvernement dès le début de la pandémie, piloté par plusieurs ministères, dont celui de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, et opéré par Bpifrance. « Je ne peux qu'être reconnaissant à la France d'avoir mis en place tous ces dispositifs, visant à financer la science et à dynamiser l'écosystème », dit-il. Aussi, lorsque les chercheurs d'Innate Pharma ont vu qu'un anticorps thérapeutique, l'avdoralimab, pourrait potentiellement, chez les malades souffrant d'une pneumonie sévère due à la Covid-19, bloquer le fameux « orage de cytokine », cette réponse de défense immunitaire disproportionnée face à une attaque, ils se sont mis en ordre de marche. Ils pourraient apporter leur contribution dans la lutte contre la pandémie grâce à cet anticorps, en développement dans le cancer, la spécialité d'Innate Pharma.
Financer la recherche translationnelle
L'analyse des cellules immunitaires des patients, dans le but de mieux comprendre la réponse immunitaire et d'identifier de nouveaux moyens potentiels de combattre l'infection virale a été publiée dans la revue Nature à la fin juillet. « La publication dans Nature prouve le sérieux de nos recherches », poursuit le professeur Vivier. L'enveloppe de 6,8 millions d'euros sert à financer l'étude de recherche translationnelle EXPLORE COVID-19 (visant à faire le lien entre recherche fondamentale et recherche clinique), ainsi que les deux essais cliniques de Phase II, FORCE et ImmunONCOVID-20. L'objectif de l'essai FORCE est de réduire le besoin et la durée de ventilation mécanique chez les patients atteints d'une pneumonie sévère et d'accroître la proportion de ceux qui n'auront pas besoin d'être hospitalisés.
« C'est une voie originale que nous avons choisie, et elle a été adoptée par une entreprise française », souligne le directeur scientifique d'Innate Pharma, qui met en avant l'agilité des sociétés de biotech comme Innate Pharma (250 salariés). « Mais nous n'avons pas les moyens financiers dont disposent les grands laboratoires pharmaceutiques », dit-il, en réitérant sa gratitude pour le financement dont Innate Pharma bénéficie pour lutter contre la pandémie.