Procès Samsung : comment Apple défend l'originalité de son design

Par Marina Torre  |   |  614  mots
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Apple veut prouver que son rival a copié son design. Au troisième jour du procès qui l'oppose à Samsung, plusieurs témoins appelés par la marque à la pomme tenteront de le démontrer. Parmi eux, Peter Bressler, un expert reconnu en la matière outre-Atlantique, dont une déclaration officielle est disponible en ligne.

Au c?ur du procès qui oppose Samsung à Apple jusqu?au 24 août : le design. Ce lundi, la forme épurée, aux bords légèrement arrondis des iPhone et iPad se retrouvera au centre des débats au tribunal de San José en Californie. Et, pour tenter de prouver qu?elle a été éhontément copiée par son adversaire sud-coréen, l?entreprise de Cupertino a demandé à l?un des papes du design industriel de témoigner en sa faveur.

Peter Bressler, ancien président de l?association des designers industriels américains et expert désigné lors de plusieurs procès relatifs à des brevets. Dans un témoignage officiel rédigé avant son audience de ce lundi et signé le 26 juin, le designer explique avoir été appelé par Apple pour détailler à la barre comment Samsung aurait violé trois brevets relatifs au design.

Or, pour déposer un brevet dans cette catégorie selon la loi américaine, il faut prouver que les spécificités du design répondent à des impératifs esthétiques qui ne sont pas dictés par la seule fonction de l?objet. Autrement dit, lorsque la forme d?un objet est nécessaire à son utilisation, elle ne peut pas être brevetée.

Pour Apple, son design n?a rien d?"évident"

Aussi, l?argumentation qu?il doit défendre se fonde sur l?idée que la forme caractéristique des iPhone et iPad ne résulte en rien des impératifs techniques des appareils. Il ne s?agirait pas d?une évolution "naturelle" des téléphones et des tablettes, contrairement à ce que Samsung affirme. Si le design épuré qui fait la marque d?Apple, est devenu une "évidence", ce serait ni plus ni moins parce que designers d?Apple sont tellement doués qu?ils seraient parvenus à en faire une évidence.

Pour tenter de le prouver, Peter Bressler déclare notamment dans son témoignage qu?Apple a imaginé d?autres formes possibles pour sa tablette iPad. Il présente en outre des modèles développés par d?autres concurrents comme Acer, ou Sony, qui, eux, ne violeraient pas ses brevets. La partie adverse elle-même aurait proposé des tablettes aux designs bien différents de ceux d?Apple avant les Galaxy aujourd?hui accusés. "Le fait que Samsung et d?autre industriels ont lancé dans le commerce des tablettes au design différent prouve que Samsung avait accès à plusieurs options de design qui aurait pu offrir des fonctionnalités similaires ou équivalentes à l?usager final", affirme ainsi Paul Bessler dans son témoignage.

"Ils n?ont pas le droit de clamer le monopole des coins arrondis"

Dans le détail, ce dernier évoque par exemple la forme arrondie des bords tablettes qui correspondraient à un "choix" et n?est en rien nécessaires au fonctionnement des appareils. Même raisonnement pour les smartphones: d?après ce témoignage, les appareils fabriqués par Samsung avant la sortie de l?iPhone en 2007 avaient des formes différentes, moins épurées.

Mardi, Charles Verhoeven, l?avocat du groupe sud-coréen a en effet tenté de démontrer que la forme de ses produits avait en effet suivi une "mode" mais qu?elle répondait à une demande des consommateurs. "Ils n?ont pas le droit de clamer le monopole des coins arrondis", avait alors lancé le juriste.

Après le témoignage de Peter Bressler, Apple compte également sur celui de Susan Kare, ancienne employée d?Apple dans les années 1980, créatrice pour Mac OS de symboles devenus incontournables comme la petite montre signifiant un temps d?attente.