"Être un bon développeur implique bien plus que de la rapidité"

Par Propos recueillis par Jean-Yves Paillé  |   |  646  mots
Antoine Leblanc, au début du concours du meilleur développeur de France 2015.
Antoine Leblanc, développeur logiciel chez Criteo, l'entreprise de "reciblage" publicitaire a remporté jeudi le concours du meilleur développeur de France, organisé dans l'école 42 fondée par Xavier Niel. Il raconte son parcours, sa passion et sa vision du code. Interview.

La Tribune - Comment devient-on le meilleur développeur de France ?

Antoine Leblanc - Je ne pense pas être un si bon développeur. Il n'y avait que 1.000 participants à ce concours alors qu'il y a bien plus de développeurs en France. En outre, même s'il est de très bonne facture, ce concours ne mesurait qu'un aspect précis du code : la rapidité. Il fallait finir les exercices proposés le plus vite possible. Etre un bon développeur implique bien plus que cela.

Ainsi, dans ce concours, je n'ai pas eu besoin d'écrire du code qui soit lisible, maintenable (facile à modifier, que l'on peut continuer à développer, ndlr), réutilisable et documenté (accompagné d'un commentaire pour savoir à quoi il sert ou comment il fonctionne, ndlr). Même si les derniers exercices, plus durs, demandaient une certaine réflexion.

Par ailleurs, je me suis formé sur mon temps libre à des mini-concours de programmation sous forme de jeux, comme CheckiO. Je me suis ainsi habitué par goût à des aspects que l'on retrouvait dans les épreuves du concours du meilleur développeur de France.

Comment se sont déroulées les épreuves ?

Il y avait sept exercices à finir le plus vite possible. Il fallait écrire du code et soumettre des réponses, en espérant que le code rentré produise l'effet désiré. Chaque exercice était accompagné d'une consigne qui décrivait le type de problème à résoudre. Nous recevions des données détaillées de façon très précise, ainsi que les types de données que l'on devait obtenir à la fin de l'exercice. À chaque exercice réussi, on passait à la question suivante.

Les problèmes à résoudre étaient simples au départ : le premier, par exemple, consistait à faire une somme de nombres entiers en écrivant un programme.

Mon épreuve préférée était l'avant-dernière. On récupérait une carte en 2D d'un désert avec une symbolique indiquant quelles parties étaient composées de sable et lesquelles étaient constituées de sables mouvants. On devait écrire un programme qui déterminait quel était le plus grand nombre de pas à faire dans le pire des cas sur les sables mouvants pour rejoindre la terre ferme. C'était bien plus complexe à coder.

En parallèle, nous pouvions savoir à chaque exercice terminé à quelle place nous étions et combien de secondes nous séparaient du premier.

Au final, personne n'a terminé le dernier exercice, et j'étais le premier à finir l'avant-dernier d'où ma première place. L'année dernière j'avais fini 5e. Cette année, j'ai eu de la chance: j'ai pu choisir un langage informatique que je maîtrisais: le Python.

Qu'est-ce qui dans votre parcours vous a poussé à développer cette passion pour le code ?

Cela a commencé en terminale. Sur ma calculatrice, j'ai découvert qu'il y avait une option qui permettait de créer des programmes. J'ai appris le langage de programmation et réalisé des choses simples.

Après le bac j'ai fait l'Epita, une école d'ingénieurs, jusqu'au master. J'ai travaillé sur la théorie des jeux. Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai créé une entreprise avec des amis dans laquelle on voulait développer des jeux vidéo de grande envergure. Mon rôle était de réaliser le code du jeu (comment les personnes et objets interagissent entre eux et avec l'environnement). Mais la société n'a pas marché. En 2012, nous avons mis la clé sous la porte. J'ai rejoint Criteo la même année.

Aujourd'hui, en fonction de l'envie et du moment, je développe pendant mon temps libre des petits jeux vidéo, des logiciels de bases de données, des bibliothèques de traitement de couleurs. Je ne pense pas être le seul, beaucoup de développeurs cultivent cette passion pendant leur temps libre.