France Télévisions : les journalistes vent debout contre les mesures d’économies

Par latribune.fr  |   |  692  mots
Mardi, les journalistes du groupe public ont adressé un coup de semonce à leur présidente, Delphine Ernotte, en adoptant à une majorité écrasante (84% des votants, avec un taux de participation de 69%) une motion de défiance à son encontre.
Au lendemain d'un vote cinglant des journalistes de France Télévisions contre leur patronne Delphine Ernotte, une grève de vingt-quatre heures est organisée ce mercredi au sein du groupe pour protester contre les importantes mesures d'économies projetées en 2018 et contre la vaste réforme préparée par le gouvernement.

La grogne monte d'un cran. Au lendemain d'un vote cinglant des journalistes de France Télévisions contre leur patronne Delphine Ernotte, une grève de vingt-quatre heures est organisée ce mercredi au sein du groupe, pour protester contre les importantes mesures d'économies projetées en 2018 et une vaste réforme préparée par le gouvernement.

Trois organisations - CGT, FO et Syndicat national des journalistes (SNJ) - appellent les salariés à cesser le travail "pour l'honneur du service public": à l'occasion d'un comité central d'entreprise (CCE), ils souhaitent mobiliser les salariés face à ce qu'ils considèrent comme une tentative de "démolition" du groupe.

Motion de défiance des journalistes contre Delphine Ernotte

Une grève, également pour protester contre les coupes budgétaires, avait déjà perturbé les antennes du groupe le 17 octobre, à l'appel des syndicats CGT, FO mais aussi CFDT qui cette fois ne participe pas au mouvement. Mardi, les journalistes du groupe public ont adressé un coup de semonce à leur présidente, Delphine Ernotte, en adoptant à une majorité écrasante (84% des votants, avec un taux de participation de 69%) une motion de défiance à son encontre.

Sommée par le gouvernement de réduire de 50 millions les dépenses du groupe en 2018, à 2,57 milliards d'euros, la direction du groupe veut supprimer 180 postes équivalent temps plein (ETP) l'an prochain via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l'information. Ces mesures doivent être adoptées lors d'un conseil d'administration prévu le 21 décembre. Delphine Ernotte, dans un message envoyé aux salariés lundi, avait dit prendre "au sérieux" cette motion de défiance mais avait défendu les économies projetées, y compris dans les programmes d'information, soulignant que "certains chantiers peuvent être difficiles, mais ils sont nécessaires".

Propos sévères de Macron sur la gouvernance de France Télévisions

Outre les mesures d'économies, les organisateurs de la grève s'inquiètent d'une réforme en profondeur de l'audiovisuel public, que le gouvernement veut lancer l'an prochain. Cet automne, la révélation de "pistes de travail" radicales émanant du ministère de la Culture, évoquant un "rapprochement" entre France Télévisions et Radio France, ainsi qu'entre les réseaux régionaux de France 3 et France Bleu, mais aussi la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique, a déclenché la colère des syndicats qui y voient le risque d'une destruction du service public.

Et des propos très sévères du président Emmanuel Macron envers l'audiovisuel public, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont encore accru la tension.

"L'audiovisuel public, c'est une honte pour nos concitoyens, c'est une honte en termes de gouvernance, c'est une honte en ce que j'ai pu voir ces dernières semaines de l'attitude des dirigeants", aurait fustigé le chef de l'Etat, selon Télérama.

"L'audiovisuel public est la honte de la République", aurait-il dit selon L'Express, des propos toutefois démentis par l'Elysée. Pour Force Ouvrière, qui appelle les salariés à envoyer "un message fort" mercredi, ces signaux procèdent "d'une volonté d'instituer un climat anxiogène dans l'entreprise". Le gouvernement veut aller vite. Les patrons de l'audiovisuel public doivent présenter des propositions communes à la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, le 21 décembre. Cette dernière remettra ensuite ses recommandations à l'exécutif, en vue d'une décision en février ou mars.

"Réfléchir à des synergies et des coopérations"

Il ne s'agit pas "de supprimer, de fusionner" mais de "réfléchir" à "des synergies et des coopérations", s'est défendue la ministre lundi soir. Delphine Ernotte, dans son message aux salariés, a de son côté insisté sur la nécessité pour le groupe de "ne pas attendre que la loi soit écrite pour avancer", car "nous savons tous que nous pouvons faire mieux", et "que dans un univers qui change face à l'évolution des usages, il nous faut nous transformer". "C'est à cette tâche que je suis engagée et c'est tous ensemble que nous allons la réussir", a-t-elle plaidé.

(avec AFP)