« Cloud » à la française : l'Etat investit 75 millions dans le projet Orange- Thalès

Par Delphine Cuny  |   |  639  mots
Le "cloud computing", ou informatique dématérialisée, un marché en très forte croissance. Copyright Jean Claude MOSCHETTI/REA.
Dans le cadre du Grand emprunt, la Caisse des dépôts apportera ce financement à la société d'Orange et Thalès qui offrira une solution de stockage sécurisée pour les données sensibles. La porte reste ouverte à un financement d'un deuxième projet piloté par SFR.

Andromède, l'Arlésienne du « cloud computing » à la française, prend enfin forme. Après moult rebondissement, la Caisse des dépôts vient d'annoncer qu'elle va investir, dans le cadre du Grand emprunt, 75 millions d'euros dans le projet d'Orange et Thalès de « centrale numérique de confiance », en clair une société française qui proposera une solution informatique sécurisée de traitement et de stockage de données pour les entreprises et les administrations, des « data centers » situés en France pour les données sensibles notamment. C'est un investissement en fonds propres sur un total de 225 millions d'euros, réalisé au travers du Fonds national pour la société numérique (FSN), qui permettra de « créer un nouvel acteur majeur de l'économie numérique », une société française « à vocation européenne » se félicite le commissaire à l'investissement René Ricol et le ministre de l'Industrie Eric Besson, dans leur communiqué commun.

Selon Orange, le projet créera près de 1.000 emplois
« Le projet est prêt à démarrer et devrait créer 1.000 emplois en France » s'est réjoui Pierre Louette, le secrétaire général de France Télécom Orange, sur son compte Twitter, en soulignant qu'il s'agit d'un « un marché mondial en très forte croissance, aujourd'hui dominé par les grands acteurs US », les Google, Amazon, Microsoft, etc. « Les entreprise françaises et les administrations européennes vont bénéficier d'un « cloud » compétitif avec des garanties de sécurité, de confidentialité et de traçabilité » poursuit-il. La société sera détenue à 33,3% par la Caisse et à 66,6% par les  deux partenaires (44,4% pour Orange et 22,2% pour Thalès) au début tout en étant «ouverte à l'entrée de nouveaux partenaires» selon le communiqué commun des deux entreprises: l'opérateur a donc investi 100 millions d'euros et le groupe de défense 50 millions. Elle « commercialisera une gamme d'offre dites d'infrastructure à la demande », à l'abonnement, elle « fournira à la demande des capacités de traitement, de stockage, de bande passante » et développera « une suite logicielle à base de logiciels libres » qui « bénéficiera d'un haut niveau de sécurité » souligne le communiqué de Bercy. Dans le projet initial à trois, avec Dassault, le business plan d'Andromède prévoyait un chiffre d'affaires cumulé de 597 millions d'euros en 2015. «Andromède apporte à Orange une infrastructure industrielle et à grande échelle qui contribuera à nos offres cloud» a déclaré Vivek Bradinath, le patron de la branche Entreprises de l'opérateur. «Le cloud computing français est de plus en plus au coeur des systèmes d'information critiques de nos clients civils et militaires» a relevé de son côté Pascale Sourisse, de Thalès.

Un deuxième « cloud » piloté par SFR toujours dans les cartes
La Caisse précise qu'il s'agit de son « premier investissement » dans le domaine : l'enveloppe initiale de l'appel à manifestation d'intérêts publié en mars 2011 était de 135 millions d'euros et pouvait être ajustée (à la hausse). La porte reste donc ouverte à SFR, qui est aussi candidat et demande un financement public équivalent, de 75 millions d'euros, pour son projet, dont Dassault Systèmes s'est retiré avec fracas début avril, après avoir claqué la porte du projet Orange-Thalès en fin d'année : l'opérateur « travaille avec un consortium de partenaires » et se considère « bien placé » a indiqué jeudi Jean-Bernard Lévy, le PDG de SFR et président du directoire de Vivendi, espérant avoir des nouvelles « dans les jours ou semaines qui viennent. » Bernard Charlès, le directeur général de Dassault Systèmes, estimait que les conditions de réussite du projet imposaient « la concentration stratégique » et donc que l'Etat n'en finance qu'un seul. Le Commissariat général à l'investissement était prêt à financer deux projets. Il y aura donc sans doute bien deux « clouds à la française. »