Informatique : tempête dans le "cloud à la française"

Dassault Systèmes, associé à SFR, menace de se retirer du projet si le Grand Emprunt finance également celui d'Orange. Le Premier ministre prendra sa décision cette semaine. Dassault Systèmes avait déjà provoqué un "clash" en décembre dernier.
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Le "cloud computing à la française", le projet baptisé Andromède qui doit être financé par le Grand Emprunt, vit un nouveau psychodrame. Deux projets sont toujours en lice pour obtenir l'enveloppe initiale de 135 million d'euros qui pourrait d'ailleurs être augmentée: l'un regroupant Orange et Thalès, l'autre, Dassault Systèmes et SFR.  Vendredi, le comité d'investissement du Fonds pour la société numérique (FSN) s'est réuni pour examiner les deux copies. Il rendra ses conclusions lundi au commissaire général à l'investissement (CGI), René Ricol, qui a ensuite la possibilité de choisir zéro, un, ou deux projets. Ce dernier présentera ensuite ses recommandations au Premier ministre, François Fillon, qui rendra une décision finale en fin de semaine.

L'instransigeance de Dassault Systèmes a rendu furieux son partenaire SFR

L'idée, à priori exclue, de financer deux projets a fait son chemin ces dernières semaines. Ainsi, selon nos informations, c'est la principale recommandation qui va ressortir du comité d'investissement. Cette éventualité ne réjouit pas Dassault Systèmes qui milite depuis le départ - y compris à l'Elysée - pour que le Grand Emprunt ne fasse éclore qu'un seul «cloud à la française», en l'occurrence le sien. Son directeur général, Bernard Charlès, a brandi la menace d'un retrait si Orange recevait également un financement. De sources concordantes, ces derniers jours, apprenant que l'on s'acheminait vers une double sélection, où chacun des projets seraient financés à égalité par l'Etat, il est remonté au créneau et a fait part aux uns et autres de sa décision de claquer une nouvelle fois la porte du "cloud à la française". Ce week-end, cette position a rendu furieux son partenaire, Jean-Bernard Lévy, président du directoire de Vivendi et nouveau patron de SFR, qui avait compris que Dassault Systèmes resterait dans l'aventure, quelle que soit le choix fait par l'Etat.

Orange-Thalès tiendrait la corde

Que va-t-il se passer? Ce lundi, René Ricol et ses équipes prendront connaissance des conclusions détaillées du comité d'investissement, et sauront comment chaque projet a été évalué. Première hypothèse: les deux tandems sont notés à égalité, et dans ce cas là, le CGI recommandera un double financement, quitte à ce que l'ou au l'autre y renonce. Seconde hypothèse: le comité donne une priorité à l'un des deux projets. René Ricol peut bien sûr suivre cet avis mais aussi choisir de soutenir les deux. De bonne source, le scénario qui circulait ce week-end plaçait le tandem Orange-Thales devant Dassault Systèmes-SFR. Bernard Charlès ira-t-il jusqu'au bout de ses menaces, ou reviendra à de meilleures dispositions? Interrogés, Dassault Systèmes ne nous a pas répondu, tandis que SFR ne faisait pas de commentaires.

500 millions de chiffre d'affaires en 2016

Il y a quelques semaines, Dassault Systèmes avait fait la démonstration chiffrée devant les responsables du Grand Emprunt et son bras armé la Caisse des dépôts et consignations (CDC) que deux "cloud à la française" créeraient une pression sur les prix et retarderaient de deux ans la rentabilité de la structure. Ainsi, s'il était choisi tout seul, Andromède, version Dassault Systèmes/SFR, pourrait  générer 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016 et un résultat opérationnel d'une soixantaine de millions d'euros. Les revenus atteindraient quasiment un milliard en 2021, avec un retour sur investissement dès 2020.
S'il se retrouvait en concurrence avec Orange/Thales, le chiffre d'affaires ne serait plus que de 400 millions d'euros en 2016, le résultat opérationnel d'une trentaine de millions d'euros, tandis que le retour sur investissement serait retardé de deux ans. En effet, Dassault Systèmes prenait pour hypothèse que l'Etat privilégierait les services de cloud d'Orange, dans laquelle il a encore une participation de 27%.

Une première alliance a déjà échoué

A l'origine pourtant, il ne devait y avoir qu'un seul projet de "cloud computing" financé par l'Etat, et au sein duquel Dassault Systèmes était associé à Orange et à Thales. Mais en décembre, en raison de mésententes sur les modalités et la gouvernance du consortium, l'éditeur de logiciels a rompu l'accord avec l'opérateur télécoms. Pour justifier la pertinence d'un dispositif prévoyant deux projets de cloud sur le territoire, ses défenseurs assurent qu'une concurrence serait saine pour faire décoller le marché des solutions tricolores.

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Commentaires 45
à écrit le 05/04/2012 à 13:16
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'tain, c'est quoi ce concept fumeux de CLAOUI à la FRANCAISE ?? peuvent pas s'empêcher de faire le coq dans le business. L'informatique distribuée n'a pas besoin de ces pachydermes: pleins de "petites" structures le font déjà et très bien dans ce bl...

à écrit le 03/04/2012 à 8:48
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Le changement : ça doit être fait pour cela aussi !!!

à écrit le 02/04/2012 à 21:41
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"Heureux" d'apprendre que lla dette publique sert a payer les emoluments des groupes prives qui font des milliards d'euros de profit et ne payent pas d'impots. Bananarchie.

à écrit le 02/04/2012 à 21:24
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Le grand bazar à la française ^^

à écrit le 02/04/2012 à 20:06
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on se croirait dans une monarchie tenue par tous ces acteurs nationaux qui veulent piloter des grands projets, les entreprises au gré des relations, préférences, sans avoir la moindre compétence opérationnelle j'attends des résultats dans une vraie c...

le 02/04/2012 à 21:24
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Tout a fait d'accord Solene. On est en plein délire, aucune transparence, copinage à tout va, bref bienvenue en république bananière. Très choquant tout ça.

à écrit le 02/04/2012 à 19:58
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ahurissant, inqualifiable, toujours le grand gâchis de l'argent public là où il n'est pas utile, au détriment de là il le serait, aucune logique économique d'ensemble ni politique industrielle du grand n'importe quoi, on devient de plus en plus vulné...

à écrit le 02/04/2012 à 18:48
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Pas de problème au niveau financier. Par contre ce qui me gène le plus c'est le cloud lui même. Le cloud permet un gain considérable en matière de ressource logiciel. Néanmoins il est directement soumis a deux facteurs de risque. 1- au niveau de la t...

le 02/04/2012 à 21:47
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Pas d'accord. Il y a un gros problème financier. Un projet majeur attribué à une clique vivant sur les deniers publics c'est un échec annoncé, un minitel2. Pas de concurrence = pas d'émulation = solution à minima et marges à maxima. Nos dirigeants so...

le 01/05/2012 à 9:14
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Rodrigue, vous avez oubliez une autre hypothèse concernant nos hommes politiques : l'incompétence.

à écrit le 02/04/2012 à 18:37
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Dassault qui critique l'etat providence....sauf quand il peut mettre la main dans le pot(voir le bras) Pour rappel ce cher dassault(pere) a finit maire de corbeil et senateur.La connivence entre politique et industriels est nefaste et nous amene droi...

à écrit le 02/04/2012 à 18:09
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L'argument de Dassault n'est pas absurde et c'est bien pour cela qu'il ne faut rien donner, ni aux uns, ni aux autres. Le favoritisme à 2 ou à 4 pénalisera les acteurs écartés qui ont su développer une offre viable, c'est-à-dire les acteurs les plus ...

à écrit le 02/04/2012 à 17:27
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savent ils qu'on a déjà 1700 milliards de dette ? 100 milliards de déficit budgétaire..en quoi faut il de l'argent public payés avec nos deniers pour développer une offre de cloud ? pourquoi pas pour produire des voitures, des machines à laver ?... q...

le 02/04/2012 à 18:26
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Marion, le peuple doit payer. C'est simplement de la socialisation de pertes alors que la dette privée, qui nous étouffe, fait de la privatisation de profits. Une fois que vous aurez compris ce principe, vous aurez tout compris.

le 02/04/2012 à 19:53
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pas tout compris : c'est le privé qui créé la richesse et la dette publique est le fruit d'un niveau de vie artificiel créé par la dépense publique, c'est à dire en dépensant bien plus qu'on ne rassemble de recettes - n'importe quel ménage, n'importe...

à écrit le 02/04/2012 à 15:47
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Si ma compréhension du sujet est bonne, ce cloud français a pour objectif de garantir aux opérateurs critiques tant privés que publics, que leurs données sont garanties contre toute interception, intrusion, falsification etc. C'est ce qui le distin...

le 02/04/2012 à 18:23
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Votre pseudo fut mal tapé, très "cher". Soit, VRP...

à écrit le 02/04/2012 à 12:58
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Mais bon sang arrêtons ce délire, in l'y a aucun besoin d'argent public pour développer du cloud computing français, avec des serveurs en France, des données en France et le tout géré par des entreprises et des informaticiens français ! Orange, SFR,...

à écrit le 02/04/2012 à 12:30
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Attention, un projet a été retenu par le FSN, mi décembre 2012. Le projet nuage. 7 PME Françaises, un labo de recherche (et pas des moindre, le LIP6)... pour un effirt de R&D de 10Million d'euros (aider par l'etat à hauteur de 50 %, et sur cette avan...

à écrit le 02/04/2012 à 11:52
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Dassault a déjà pas mal profité de l'argent public pour les Rafales par exemple. De plus il y a deux jours l'entreprise figurait , sur ce même media, à la liste des 7 amis du Président qui avaient augmenté leur valeur boursière de 7milliards (articl...

à écrit le 02/04/2012 à 11:44
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Dassault est un accro à l'assistanat (c.f.le Rafale) et en plus il veut le monopole des aides

le 02/04/2012 à 14:04
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Il serait opportun que l'ancien ministre du travail - en échec de plus 1 million de chômeur - qualifiant les chomeurs de cancer de la France, devenu le piètre ministre de la recherche nous explique en quoi Dassault n'est pas un super super profiteur,...

à écrit le 02/04/2012 à 11:08
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Il y a quelques années La Tribune avait écrit dans un article que le montant des subventions aux entreprises s'élevait à 65 milliard d'euros. A comparer aux 45 milliard que rapportait l'impot sur les sociétés. On est dans un exemple typique d'aide a...

à écrit le 02/04/2012 à 11:00
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Dassault,toujours a l'affut pour toucher des subventions publics(apres le rafale) pour ensuite que son ancien pdg dise que l'assistanat est le cancer de la france....

à écrit le 02/04/2012 à 10:56
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J'ai vaguement l'impression que les commentateurs de cet article ont parfaitement détecté que Dassault n'aimait pas "trop" la concurrence sur les deniers publics... Peut-être que le Rafale et Catia disent quelque chose à quelques-uns... ;-) D'autant ...

à écrit le 02/04/2012 à 10:54
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Le cloud à le Française s'appelait déja le Minitel, dommage qu'il n'ai pas su évoluer

à écrit le 02/04/2012 à 10:42
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Si le projet Andromède a besoin du grand emprunt, c'est qu'il n'est pas viable financièrement. Halte au gaspillage de l'argent public! De plus, le cloud n'est techniquement pas une nouveauté et des offres concurrentes, y compris françaises, existent ...

à écrit le 02/04/2012 à 10:39
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le groupe dassault a déjà été largement "subventionné par détournement" en vendant à l'armée française ses avions invendables dans le monde.... Il pourrait être bon joueur. Par ailleurs, pourquoi l'Etat de prendrait-il pas une participation au capi...

à écrit le 02/04/2012 à 10:05
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quel Grand Emprunt, on est déja surrendetté !

à écrit le 02/04/2012 à 10:02
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Bien entendu, c'est cela la libre concurrence: je suis aidé mais pas l'autre. Il est vrai que Dassault nous a habitué à ce genre de comportement: Moi et moi ou Je et je....

à écrit le 02/04/2012 à 10:01
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Que de gaspillage d'argent public ! On se souvient du grand moteur de recherche européen... Ces grandes entreprises n'ont-elles pas de capitaux en propre pour financer leurs développements ? A quoi sert l'impôt crédit recherche ? Dégoûté !!

à écrit le 02/04/2012 à 9:57
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C'est pas comme si le leader de l'hébergement en Europe (OVH pour ne pas le nommer) ne proposait pas déjà une offre de Cloud, utilisée par de nombreuses entreprises pour leurs offres SaaS... D'ailleurs, il y a d'autres acteurs du cloud en France. L...

à écrit le 02/04/2012 à 9:50
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Le cloud est à la fois incontournable et non viable financièrement seul. Le cloud à part pour mettre la main plus facilement sur des données personnelles ou d'entreprises n'apporte pas grand chose tout seul (à moins qu'on l'envisage à la Google!). ...

le 02/04/2012 à 11:02
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Le cloud est une fumisterie qui aboutira à engloutir des sommes faramineuses de deniers publics dans un nuage INCONTROLABLE ... enfin sauf pour les amis des politicards qui vont accepter de ponctionner le contribuable pour cette escroquerie numérique...

à écrit le 02/04/2012 à 9:24
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Heureusement qu'il y a des PME flexibles dans le SaaS (software dans le Cloud) qui taillent des croupières aux SII comme EasyVista (ex Staff&Line) en France comme aux Etats-Unis !

à écrit le 02/04/2012 à 9:19
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Kek c'est kça, le "cloud"??? Vous pouvez pas écrire en français?

le 02/04/2012 à 9:44
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En clair et en Français, "cloud" peut être traduit par "Nuage de divulgation planétaire des informations stratégiques des entreprises pour les bénéfices des prédateurs planétaires" ... celà vous éclairera peut être.

à écrit le 02/04/2012 à 8:43
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Le cloud, encore un des ces buzz words dont l'informatique a besoin à rythme régulier. Mais pour que cela se mettre vraiment en place, déjà peut-être faudrait-t-il peut-être qu'elle, l'informatique, sorte de son paroxysme niaiseux du cordonnier touj...

à écrit le 02/04/2012 à 6:41
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Les Dassault et Cie sont tellement habituer aux subventions de l'Etat ! Pourquoi ne vont elles pas chercher du capital risque surtout pour de l'IT! Toujours l'économie administrée dont certains profitent Le marché étant immense ce genre de projet ne...

le 02/04/2012 à 8:54
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Entièrement d'accord avec vous sur le famille Dassault. C'est devenu un lobby qui ne cherche que son propre intérêt. Sur la partie politique, qu'il y ai un fond d'amorcage ne me choque pas, après tout c'est comme ça que l'aventure Airbus a commencée....

à écrit le 02/04/2012 à 6:18
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Ces Français sont incorrigibles, qu'est qu'un financement public vient faire dans du business standard? Ces gens se croient encore au temps de l'économie collectiviste bien fermée dans les frontières.

le 02/04/2012 à 6:29
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+1

le 02/04/2012 à 7:47
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+ 1 - Mais chauqe fois que Fillon touche, effleure un dossier, c'est l'approximatif et les actions brouillonnes qui prédominent. Une véritable calamité ce collaborateur de sarkozy.

à écrit le 02/04/2012 à 6:14
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ehhhh oui, encore une fois, on va louper le coche, comme on est passé à côté de la révolution des microprocesseurs, des tablettes, des moteurs de recherche, de la robotique, de la gestion des noms de domaines (www), et tout cela à cause des petites q...

à écrit le 01/04/2012 à 23:18
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Qu'est-ce que c'est encore ses magouilles "le cloud"?.. Ces gens là Monsieur, n'adoptent pas un langage abordable par n'importe qui, ce serait trop simple. Quelle belle démonstration "de n'importe quoi" et qui "n'apporte rien" dans la gamelle de ceux...

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